Pour les gens d'une certaine génération, l'automne est synonyme de la période de maturité de certains fruits du terroir. Figues et figues de barbarie en sont les produits les plus connus et les plus appréciés. «On ne les vendait pas, ils étaient disponibles et à profusion et celui qui veut les goutter ou les manger, il n'avait qu'à les cueillir», affirme ammi Ahmed, un quinquagénaire qui se dit désappointé de voir le kilo de figue proposé à 200 DA. Il nous rappelle que les figuiers étaient des arbres qu'on trouvait partout. «Leur fruit était pour tous !», nous dit-il. De nos jours, il n'est plus étonnant de voir un habitant venu d'une région rurale s'offrir des figues ou de la figue de barbarie en ville. «Il n'y a plus rien, les gens donnent l'air d'avoir tout abandonné dans leurs villages», déplore un résident d'une localité rurale, à l'est de Jijel. Une virée dans la campagne renseigne, on ne peut mieux, que la cherté de ces produits est la conséquence logique de leur quasi disparition des bourgades rurales. La pièce de la figue de barbarie s'est vendue d'ailleurs à…10 DA, pendant que le kilo de figue n'est pas descendu au dessous de 120 DA. Peu disponibles en quantité suffisante, ces produits sont comparés, non sans ironie, aux fruits exotiques qu'on importe d'Afrique ou d'Amérique Latine. L'humoriste Abdelkader Secteur a d'ailleurs consacré dans l'une de ses pièces à succès une bien risible histoire de la figue de barbarie qui pousse d'elle-même dans les rochers, mais qui a son prix ! Pour beaucoup de campagnards, l'exode massif des populations n'a guère encouragé le renouvellement du patrimoine existant pour pouvoir rendre disponible ces fruits.