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Alger III (Bouzareah) : dans le fief des SHS (sciences humaines et sociales)
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Publié dans El Watan le 02 - 10 - 2013

On parle du poids écrasant du nombre d'étudiants en sciences humaines et sociales sur plus d'un million d'étudiants dans l'université algérienne. Ils représentent soixante cinq pour cent. Est-ce un choix délibéré ou un problème d'orientation ? El Watan étudiant donne la parole aux affiliés des « humanités ». Incursion dans le fief des SHS.
Devant le portail de la faculté des sciences humaines et sociales de Bouzareah, règne une atmosphère chaleureuse. Des fous rires fusent par-ci, des éclats de voix amicales s'élèvent par-là, exit l'image stéréotype de la galère estudiantine. Dans l'effervescence naissante de ce début d'année, les étudiants d'Alger 2 renouent avec leur quotidien estudiantin dans une bonhomie toute juvénile. «Des fois, on se trouve acculés par l'agitation de tout ce beau monde. On se croit dans un grand lycée», nous dit, dépité, un enseignant du département d'histoire. Il se fraie un chemin entre de jeunes étudiants pour passer le portillon de la faculté et nous invite à le suivre. «Regardez-moi cette foule, et dire que ce n'est pas encore la rentrée ! L'université algérienne croule sous le poids du nombre des étudiants en sciences humaines, et leur niveau de formation laisse à désirer. Personnellement, je suis démissionnaire, je n'ai rien à vous apprendre.»
«Le Premier ministre a tort !»
Au centre de la faculté trône un espace vert. Les étudiants, par petits groupes, se disputent les places sur les quelques bancs publics, histoire de causer entres copains. A défaut, ce sera un tronc d'arbre allongé sur le sol‚ des grands eucalyptus qui peuplent l'endroit. Peu importe le confort, pourvu que le clan tienne sa séance.
Les étudiants des SHS (Sciences humaines et sociales) nous semblent, de premier abord, très communicatifs, car à peine «infiltré» dans un petit groupe que l'on se trouve assailli par les questions curieuses des uns et les confessions intimes des autres. Les adeptes des «humanités» ont le verbe facile, mais l'esprit quelque peu distrait et ça discourt : études, débouchés... mais aussi politique ! «Le Premier ministre à tort», assène, tout de go Rayan, étudiant en langue française.
«Il a tort de dévaloriser les sciences humaines, car dans sciences humaines il y a le mot ‘‘science'' ! On veut bien développer la technologie dans ce pays, c'est bien ! Mais nous humilier et nous obliger à raser les murs, moi je trouve ça vexant, surtout de la part de grands responsables», tonne-t-il. Pour rappel, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait froissé les adeptes des sciences humaines et sociales lors de son discours prononcé à l'occasion de la rentrée scolaire 2013/2014 au lycée de mathématiques de Kouba, à Alger. Il avait fait la part belle aux sciences «dures», les qualifiant comme seules à pouvoir relever le défi du développement du pays.
La maladresse du Premier ministre avait fait les choux gras de la presse et provoqué un tollé sur internet. Mais il semble que l'indélicatesse portée aux étudiants des SHS va hanter les discussions du campus pour un bon bout de temps. «Ces gens-là, ce sont des technocrates, leur seule obsession ce sont les enjeux économiques, quitte à sacrifier l'apport des lettres et de la culture dans le développement», soutient de son côté Tarek, étudiant de français. Rayan revient à la charge et dira : «Sellal technocrate ? Ça ne vas pas ? Il a fait l'ENA (Ecole nationale d'administration), il est loin d'être un scientifique !»
Du coup, ça parle de partout et en même temps ! Impossible de tenir le fil d'une discussion avec ce groupe de loquaces. Les étudiants en sciences humaines et sociales représentent 65% de la population estudiantine. Question d'orientation ou choix personnel ? Meriem est étudiante en licence de langue arabe à Alger 3, elle accompagne Aziza, son amie, qui fait anglais à Bouzaréah. «C'est sous l'influence de ma mère que je me suis orientée vers les sciences humaines», confie-t-elle. «Même si j'avais eu la moyenne pour faire médecine, ma mère n'aurait jamais accepté, je suis issue d'une famille conservatrice et il y a une nomenclature de débouchés professionnels interdits aux femmes dans ma famille !
Pas de travail le soir, pas de chantiers ; euh, pas de journalisme aussi…», explique Meriem. Son amie Aziza appuie : «C'est vrai, beaucoup de mes copines se sont orientées vers la psychologie, la sociologie et la science de l'éducation. Il paraît que les garçons réussissent mieux dans les matières scientifiques.» Meriem réfute : «Moi, j'avais de bons résultats dans toutes les matières, mais le jour du bac c'est le sujet de philo qui m'a le plus inspirée. Ma copie d'anglais était aussi ‘‘perfect'', j'ai eu 15 et j'aurais aimé faire anglais comme toi ! Hélas, ‘‘ils'' m'ont orientée vers l'arabe.»
«SHS, c'est mon choix !»
«Je passe plus de temps dans mon boulot (pizzaiolo) que sur les bancs des amphis», nous avoue Akram, étudiant en deuxième année de psychologie. «C'est comme si je suivais une formation à distance. Je sais qu'un comportement pareil ne serait pas possible dans une filière scientifique. Mais pour moi, cela ne compromet pas la valeur de ma formation. Je décroche de bonnes notes et je cumule les semestres haut la main !» Il paraît que la main-d'œuvre estudiantine se recrute chez les SHS. Comme Akram, beaucoup d'étudiants en sciences sociales travaillent en parallèle de leurs études. Plusieurs d'entre eux disent que c'est l'opportunité d'avoir «plus de temps libre» qui a influencé leur choix.
Un grand nombre travaille à temps partiel, mais exercer une l'activité lucrative pendant l'université mène d'autres étudiants des SHS à travailler à temps plein et abuser de la permissivité qui règne dans leur département pour passer et réussir, vaille que vaille, leurs contrôles.
Paradoxalement, aucun des étudiants avec lesquels on s'est entretenu n'a évoqué une idée précise quant à son emploi futur désiré. Beaucoup sont pessimistes et évoquent déjà le chômage : «L'essentiel c'est un diplôme, après il reste un large éventail de possibilités pour gagner sa vie, quitte à faire du commerce», nous a dit Wanis.
Ce dernier est un ex- de Polythèque (Ecole polytechnique), actuellement en deuxième année de licence en économie. «J'ai passé mon bac trois fois avant de pouvoir rejoindre l'Ecole polythèque. C'était sous l'influence de mes parents, particulièrement mon père. Il est médecin et ma mère pharmacienne. La vérité, bien que je sois bien calé en math, je n'ai pas pu suivre le rythme des cours. J'étais recalé et je me suis retrouvé réorienté vers les SHS. Bon, Sciences éco, c'est pas si nul que ça», ironise-t-il sans conviction. D'autres exemples nous ont été cités par des enseignants, dressant les portraits d'étudiants démotivés par des filières qu'ils n'ont pas choisies.
La faute à l'ordinateur !
«Le système d'orientation est informatisé, les étudiants qui ont les plus hautes moyennes sont systématiquement orientés vers les sciences médicales et les sciences de l'ingénieur, le reste est aléatoirement renvoyé à la science humaines», nous explique Moncef un enseignant du département des langues étrangères. «Nous parlons souvent entre collègues de ces problématiques d'orientation, car nous avons affaire à des étudiants démotivés, ils suivent un cursus qui n'ont pas choisi», assure-t-il.
Pour cette rentrée, l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur avait annoncé que 3,79% seulement des inscrits ont été orientés selon des choix qui ne figurent pas sur leur fiche de vœux. Et pour les plus de 2500 étudiants qui ne se sont pas encore inscrits, le ministre précise qu'ils ont soit choisi d'autres voies de la vie professionnelle, soit ils se représentent à l'examen du baccalauréat pour la seconde fois en quête d'une meilleure moyenne.
Le choix fait par un grand nombre d'étudiants de s'orienter vers les sciences humains et sociales confirme qu'il est fortement lié à leur parcours scolaire. C'est le cas de Saïd, nouvel inscrit en première année psycho, il est originaire d'une commune enclavée de Bordj Bou Arréridj et a suivi ses études dans un lycée de la périphérie de la ville de Sétif. «J'aurais aimé être ingénieur, mais désolé, ‘‘riadyate sifr'' (les maths zéro : je suis nul en math !)». Il enchaîne comme pour se disculper : «C'est la faute au directeur (du lycée), j'étais en sciences de la nature et on n'avait pas de prof de maths la première année ; ensuite, des vacataires arrivaient à la fin de l'année avec un programme chargé ! J'ai eu mon bac grâce aux coefficients des matières littéraires, Dieu merci !»
Pour d'autres, faire des études dans les sciences humaines n'est pas une partie de plaisir non plus, l'obstacle des langues étrangères peut freiner leur cursus.
«Je ne parle pas français»
Saïd, que nous avons rencontré dans le café en face de la fac, était accompagné de trois amis, deux de Béjaïa et un autre de la région de M'sila. Ce dernier confirme : «Ana francissa walou !» (Je ne lis pas en français). C'était le prof d'arabe qui nous donnait le cours de français une heure par semaine, j'avoue que je n'ai rien appris», se désole-t-il. Selon Rahma Khaled, enseignante en bibliothéconomie à Bouzareah, «le niveau des étudiants en graduation est faible, cela est dû à la qualité d'enseignement dans les établissements du secondaire qui ne semble pas remplir sa mission d'apprentissage convenablement», explique-t-elle.
Sa collègue, Hassiba Jaknouni, confirme : «Nous déplorons le fait que la majorité de nos étudiants ne maîtrisent pas les langues étrangères. Il est vrai que les SHS sont arabisés, mais la maîtrise d'une langue de référence internationale reste un atout majeur dans un cursus académique», soutient-elle. Madame Khaled réaffirme : «Il existe actuellement une grande quantité de ressources bibliographiques en langues étrangères disponibles dans les bibliothèques numériques et il est dommage que nos étudiants ne puissent pas en profiter.» En effet, les ressources bibliographiques les plus récentes, notamment celles accessibles sur internet, sont en langues étrangères et pour y remédier certains professeurs tentent justement de leur venir en aide, «notamment lors des travaux dirigés, à condition que les classes ne soient pas trop chargées. Nous tentons d'outrepasser les limites de nos modules respectifs pour améliorer le niveau culturel de nos étudiants afin qu'ils progressent, c'est aussi notre mission», conclut l'enseignante Hassiba S. Jaknouni.


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