La demande globale en énergie devrait augmenter de 33% d'ici à 2035, selon les chiffres compilés par l'Apicorp (Arab Petroleum Corporation). Les consultants de la société d'investissement dépendant de l'OPEP qui sont intervenus sur le thème des perspectives énergétiques mondiales et leurs implications pour la région MENA au cours d'un forum organisé par l'Institut international de la finance (IIF), estime dans ce sens que pour couvrir la demande à venir les investissements dans le secteur devront être multipliés. A ce titre, Ali Aïssaoui, consultant senior à l'Apicorp, estime que pas moins de 37 billions (mille milliards) de dollars d'investissements seront nécessaires afin d'équilibrer, à l'horizon 2035, l'offre et la demande. 19 billions de dollars devront être investis dans le pétrole et le gaz. Des investissements induits par les bouleversements du marché, du moins sur le plan de la répartition géographique de l'offre et de la demande. Ainsi, les centres d'augmentation de la demande en produits énergétiques sortent du giron de la zone OCDE, la Chine, l'Inde et la région MENA étant responsables de plus de 65% de la hausse de la demande. Or, en contrepartie les centres de production d'hydrocarbures s'élargissent, à tel point que ce sont les pays non OPEP qui pèsent le plus sur la hausse de la production de pétrole et de gaz par l'entremise des ressources non conventionnelles. Cela a induit une baisse de la contribution des pays de la zone MENA dans l'offre globale d'hydrocarbures. Aussi et pour maintenir leurs capacités de production et leur position sur le marché, ces pays ne devront compter que sur l'investissement. A eux seuls les pays de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient devront investir, 3,9 billions de dollars soit en moyenne 160 milliards de dollars par an. Cependant, ces pays feront face à de nombreux défis. En plus d'être en concurrence avec de nouveaux centres de production et d'approvisionnement énergétique, les producteurs d'hydrocarbures de la région MENA devront faire avec l'inflation des coûts de production. Une inflation liée aux coûts de technologies nouvelles, notamment celles liées à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels. Dans ce sens, le consultant de l'Apicorp estime que les investissements à venir dépendent d'un prix minimum de pétrole à 105 dollars le baril. Des difficultés risquent aussi de perturber les plans d'investissement dans le secteur à l'image de la détérioration du climat d'investissement à l'orée de l'instabilité politique dans la région induisant des menaces sur la sécurité des infrastructures. Des craintes pèsent également sur les conditions de financement des projets futurs en raison d'une contribution toujours négligeable des marchés de capitaux, ainsi que de la contraction du crédit. Ali Aïssaoui estime par ailleurs que les plans financement sur fonds propres pourraient également subir la pression induite par la hausse exponentielle des dépenses budgétaires dans les pays de la région. Les projets à venir pourraient ainsi être compromis si le baril de pétrole descend en dessous du prix d'équilibre fiscal dans les pays OPEP.