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Racisme : 30 ans après, la France ne marche plus
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Publié dans El Watan le 29 - 11 - 2013

Le 3 décembre 1983, plus de 100 000 personnes défilent dans les rues de Paris pour défendre l'égalité et contre le racisme. Parmis elles, 17 marcheurs partis six semaines plus tôt de Marseille. La «Marche des Beurs» a trente ans, mais aujourd'hui, les revendications de l'époque ne sont toujours pas satisfaites.
«Est-ce qu'on va se réunir tous les trente ans pour se rendre compte que rien n'a changé ?»lance Jimmy, un jeune métis aux cheveux tressés. Dans une salle de Belleville, au nord de Paris, une cinquantaine de personnes se sont réunies pour parler de la «Marche des Beurs». A l'origine, la Marche pour l'égalité et contre le racisme avait rassemblé des jeunes, enfants d'immigrés maghrébins, et des militants associatifs. Partis de Marseille le 15 octobre 1983, ils réunirent 100 000 personnes dans les rues de Paris le 3 décembre. Trente ans plus tard, devant les reportages d'archives projetés par des associations et en écoutant d'anciens participants à cette manifestation, des jeunes découvrent l'histoire de ceux qui ont l'âge et les origines de leurs parents. Trente ans après, moins d'un Français sur cinq se souvient de la Marche pour l'égalité et contre le racisme. Trente ans après, les revendications des «marcheurs» n'ont presque pas trouvé de réponse. Trente ans après, les jeunes revendiquent toujours plus d'égalité entre Français. «En 1980, on considérait les personnes qui habitaient dans certaines zones comme des sous-Français et la police avait le droit de les mépriser. Aujourd'hui, on voit chez certains policiers un excès de zèle très raciste», raconte Mohamed Gareche, 24 ans, étudiant en relations internationales.
Brimades
«Il m'est arrivé de me faire contrôler trois fois en rentrant chez moi à pied sans explication, ajoute Malik Boudaoud, un jeune musicien originaire de Sartrouville, dans la banlieue nord de Paris. Mais depuis quelques années, je connais mes droits.» Le droit de refuser, par exemple, ce qu'il est convenu d'appeler le «délit de faciès» car une personne perçue comme d'origine arabe a 7,8 fois plus de risques d'être contrôlée, selon une étude du CNRS. «Desormais je demande aux policiers : qu'est-ce qui justifie ce contrôle ? Si je représente un danger imminent, ils peuvent me fouiller, sinon, ils doivent se limiter à un contrôle d'identité», explique Malik. Des brimades dénoncées par l'association Stop le contrôle au faciès qui milite pour l 'instauration d'un récepissé de contrôle. «L'idée de l'attestation est de donner au citoyen le sentiment qu'il a le pouvoir d'agir, le pouvoir d'avoir une réponse contre les contrôles abusifs», avance Mohamed Gareche. Cette proposition avait été soutenue par François Hollande, alors candidat à l'élection présidentielle, comme son 30e «engagement pour la France» avant que Manuel Valls, devenu ministre de l'Intérieur, n'enterre cette promesse en septembre 2012. En 1983, les violences policières contre les jeunes d'origine maghrébine faisaient partie des revendications des «marcheurs». Ils réclamaient aussi un accès égal à l'emploi. Les dénonciations de 1983 font écho aux difficultés des jeunes de 2013. «Les questions que l'on m'a posées lors d'un entretien en France, on ne me les a jamais posées en Angleterre.
Par exemple : où avez-vous grandi et quel impact cela a-t-il eu sur votre parcours ?» Pour ces jeunes, que l'on renvoie toujours à l'origine de leurs parents voire de leurs grands-parents, l'inégalité de traitement débute dès l'école. «L'école républicaine ne prend pas en compte les différences de capital culturel dans les familles», explique Mohamed Garèche. Les quartiers défavorisés n'ont pas toujours les moyens d'offrir à leurs élèves des sorties scolaires, des visites et des voyages qui offrent une ouverture culturelle. Or, une majorité de jeunes dont les parents ou les grands-parents sont issus de l'immigration viennent de ces quartiers. «Le chemin est caillouteux pour tout le monde, mais on n'a pas tous les mêmes semelles»,conclut Mohamed Garèche. Le contexte politique de la Marche est, lui aussi, familier. En 1986, le Front national, emmené par Jean-Marie Le Pen, obtient 35 sièges à l'Assemblée nationale, mais le score réel du parti au niveau national dépasse rarement les 10%. Trente ans plus tard, 42% des Français n'excluent pas de voter pour une liste du Front national aux élections municipales. «Cette montée du FN me met hyper mal à l'aise. Quand je vois tout ce qu'on dit sur les Roms, j'ai l'impression de revoir ma grand-mère quand elle est arrivée dans le bidonville avec mon père. Ca recommence», s'inquiète Anissa Kaki, comédienne en devenir et fille de marcheur. «C'est à cause de cette crise économique dans laquelle on vit, analyse Anissa. Il faut trouver des gens à montrer du doigt pour dire : c'est de leur faute...»
Sans suite
Si les problématiques sont les mêmes, aujourd'hui, la jeunesse semble se mobiliser différemment. «A l'époque, ils ont dû marcher des milliers de kilomètres pour se faire entendre. Ça a été un coup d'éclat sans suite. Mais l‘instruction, la connaissance des rouages du système permettent d'agir différemment. Nous sommes venus avec des propositions, on travaille avec l'Etat, avec la police, avec la justice, on a été voir les syndicats de policiers pour travailler ensemble», déclare Nassim Lachelache, étudiant en sociologie et membre de l'association Stop le contrôle au faciès. «Il faut que les jeunes des quartiers populaires prennent conscience qu'ils ont le pouvoir. La démocratie et la politique ce n'est pas que le vote, c'est une lutte perpétuelle, c'est surveiller ce que font nos élus», renchérit Mohamed Gareche. En 1983, le mouvement est global, il réunit immigrés et nationaux, laïcs et religieux, quelle que soit la paroisse ou la mosquée. Mais en 2013, un tel mouvement est-il possible ? «Avant d'avoir des revendications, il faut s'identifier en tant que groupe homogène. Est-ce que mes revendications sont les mêmes que tous les jeunes immigrés de la même génération que moi ? s'interroge Malik. Il y a tellement de questions sur lesquelles il faut se battre que c'est dur de lutter concrètement.» Les acteurs associatifs et politiques ont déçu. Pour de nombreux militants, l'initiative des jeunes des Minguettes a été récupérée par le Parti socialiste, qui n'a pas tenu ses engagements, et par l'association SOS Racisme.
Récupérés
Ils sont nombreux à reprocher à cette dernière d'avoir scindé la population française, d'avoir mis en avant une séparation raciale, alors que l'idéal des marcheurs était de réunir les Français. «SOS Racisme, aujourd'hui, à part organiser des concerts pour danser et dire que le racisme c'est pas bien, ne fait pas grand-chose, juge Mohamed. Trente ans après et au vu des scores du FN, je me dis qu'ils ont failli.» Nassim, lui, a décidé de s'engager malgré tout. Son nom figurera sur la liste Fontenay citoyen, un groupe indépendant, aux prochaines municipales. «Aujourd'hui le contexte me paraît plus grave mais il y a des choses positives. Le fait que l'on parle de la Marche signifie que quelque chose s'est passé. Il y a beaucoup d'aigris parmi les participants à la Marche, mais nous, on sait où ils ont fait des erreurs et on va faire autrement.» Faire autrement, en se servant des nouveaux médias, par exemple. Plus de visibilité, plus de mobilité grâce aux réseaux sociaux. A l'occasion du trentième anniversaire, plusieurs films, documentaires, événements culturels sont organisés autour de la Marche. «L'intérêt de ces manifestations est de montrer à des jeunes que d'autres jeunes comme eux ont pu se bouger. Cela peut les mobiliser», estime Baya, 59 ans, responsable de la lutte contre la délinquance dans une commune du sud de la France. «Mais il faut s'attendre à des formes de mobilisation plus dures. Cela fait trente ans qu'on les balade. Ils ont des conditions de vie difficiles, pas de travail, des écoles de seconde zone. Les quartiers sont ghettoïsés et les Maghrébins stigmatisés.» Mais pour Anissa, la jeune comédienne, il faut avancer, faire son propre chemin et ne pas prêter l'oreille aux discours racistes. «Autour de moi on crée, on avance, on n'écoute pas les discours extrêmes. Mon père a participé à la marche et ça, personne ne pourra l'effacer.»


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