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La guerre ne peut s'oublier, ne doit s'oublier
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Publié dans El Watan le 07 - 12 - 2013

En cette période anniversaire de la fin de la Grande guerre, différents événements viennent appeler la mémoire des Sahraouis, leur mémoire de la guerre d'invasion que le Maroc a menée dans leur pays il y a 38 ans, et engager la nôtre.
Une découverte
En septembre dernier a été publié un rapport d'une équipe de médecins légistes, anthropologues et archéologues de l'université du Pays basque (Espagne), de la Fondation Aranzadi et de l'Institut Hegoa de la même université, intitulé «Meheris, l'espoir possible», et sous-titré «Les fosses communes et premiers Sahraouis disparus identifiés».
C'est en effet la première fois qu'une équipe de chercheurs, constituée selon les règles internationales pour ce type d'investigation exhume des restes humains et apporte la preuve que ce sont les dépouilles de 8 civils sahraouis portés disparus depuis le 12 février 1976, dans la région d'Amgala et Meheris à l'est du Sahara occidental, 8 personnes en vérité exécutées par l'armée marocaine.
Le crime ainsi révélé s'appelle «disparition forcée de personnes»
Il est précisément défini à l'article 7 du Statut de Rome (Cour pénale internationale) : «Par “disparitions forcées de personnes”, on entend les cas où des personnes sont arrêtées, détenues ou enlevées par un Etat ou une organisation politique ou avec l'autorisation, l'appui ou l'assentiment de cet Etat ou de cette organisation, qui refuse ensuite d'admettre que ces personnes sont privées de liberté ou de révéler le sort qui leur est réservé ou l'endroit où elles se trouvent, dans l'intention de les soustraire à la protection de la loi pendant une période prolongée».
En effet, le Maroc a commencé d'envahir militairement le Sahara occidental, encore sous colonisation espagnole, dès le 31 octobre 1975, poursuivant au long des premiers mois de 1976 les Sahraouis qui tentaient de fuir, exécutant des nomades, n'hésitant pas à bombarder au napalm et au phosphore les populations civiles. Le dernier soldat espagnol est parti en février 1976. Au cours des années 1976 et 1977, plusieurs centaines de disparitions de civils sahraouis ont été relevées au Sahara occidental et au sud du Maroc. Parmi ces «disparus», 310 ont été libérés en juin 1991 des bagnes secrets d'Agdez, de Skoura, de Kalaat M'Gouna, d'El Ayoun. La plupart d'entre eux avaient passé 15 à 16 ans dans ces bagnes sans que leurs proches aient jamais su ce qu'ils étaient devenus. Ils les croyaient morts. Heureusement, ils sont sortis vivants. Mais combien y ont laissé leur peau ?
La disparition forcée de personnes est un crime contre l'humanité
A ce titre, il est imprescriptible, quel que soit le temps de paix ou de guerre intérieure ou extérieure où il a été commis, tant que les faits n'ont pas été investigués, tant que n'ont pas été réalisées des actions de recherche effective, des fouilles ou des exhumations, tant que les restes des morts n'ont pas été restitués aux familles pour répondre à leur demande et respecter leur droit à la vérité, au deuil, à la justice et à la réparation.
Aujourd'hui, 400 personnes sahraouies sont toujours portées disparues des suites de l'invasion marocaine. Parmi elles étaient, jusqu'en juin dernier, les 8 personnes exhumées par les spécialistes de l'université du Pays basque, six adultes – Salma Daf Sidi Salec, Sidahmed Segri Yumani, Salama Mohamed Ali Sidahmed Elkarcha, Salma Mohamed Sidahmed, Mohamed Abdalahe Ramdan et Mohamed Mulud Mohamed Lamin – et deux enfants /adolescents – Bachir Salma Daf et Sidi Salec Salma.
Pendant des décennies, les autorités marocaines avaient refusé de donner la moindre information sur les disparus. Puis, l'Instance équité et réconciliation (IER), créée par Mohammed VI en 2004 pour enquêter sur les violations des droits de l'homme, dont les disparitions forcées, n'a pas été en mesure de dire ce qu'il était advenu de ces 8 personnes. Le Conseil consultatif des droits de l'homme (CCDH) marocain, qui effectue le suivi des conclusions de l'IER, a bien mené des recherches sur 4 de ces 8 personnes. Mais il a conclu qu'elles avaient été arrêtées par les forces armées marocaines près d'Amgala en 1976 (en février, juin et juillet) et emmenées à la caserne militaire de Smara où elles étaient ensuite décédées (ce que l'enquête de l'université basque a démenti). Les 4 autres Sahraouis exhumés à Meheris ne figuraient ni sur les listes de personnes disparues de l'IER, ni sur celles du CCDH…
D'une manière générale, pour 207 victimes de disparition forcée identifiées (rapport publié en décembre 2010), le CCDH signale que les disparus sahraouis seraient «morts à cause des conditions» ou «durant la détention», sans aucun autre détail ni information sur leur sort final.
Face à ces informations très parcellaires, et sujettes à caution, faute notamment des témoignages des familles qui se trouvent dans les camps de réfugiés près de Tindouf, la seule voie d'investigation efficace est celle d'équipes d'experts indépendants placées sous l'autorité de la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso) et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), comme l'a demandé l'Association des familles de disparus et prisonniers sahraouis (Afapredesa). Ces instances sont habilitées à se rendre dans les territoires occupés par le Maroc comme dans les camps de réfugiés de Tindouf, pour recueillir les différents témoignages et demandes des familles, et pour faire exécuter les fouilles qui seraient nécessaires, dans des conditions de sécurité suffisantes et dans le respect des proches.
Les fosses 1 et 2 où ont été retrouvés les restes des 8 personnes, sur indication d'un berger qui a aperçu des vêtements et des ossements éparpillés en surface par le vent, sont situées dans la partie du Sahara occidental sous contrôle du Front Polisario, dans une zone proche du mur construit par le Maroc, là où l'accès est difficile et dangereux.
Bien d'autres endroits ont été signalés comme contenant des fosses communes où sont ensevelies des personnes identifiées par leurs familles, ou par les survivants des exécutions perpétrées à proximité. La plupart de ces possibles fosses communes se trouvent dans les territoires du Sahara occidental occupés par le Maroc ou autour des bagnes secrets au Maroc même.
Il est nécessaire, comme y invite le Comité consultatif du Conseil des droits de l'Homme (rapport de mars 2010), de rechercher et protéger les restes humains, d'entretenir la relation avec les familles, de respecter les droits des victimes et d'assurer la qualité et l'indépendance des expertises médico-légales. C'est ce que demande avec force l'Association des familles de disparus et prisonniers sahraouis (Afapredesa). Et c'est ce que soutient le Parlement européen, à travers le rapport Tannock qu'il a adopté le 22 octobre dernier, se déclarant favorable à la création d'une mission officielle Minurso-CICR (Comité international de la Croix-Rouge) dans la zone de Fadret Leguiaa (Meheris), afin de procéder à l'exhumation et à la restitution des dépouilles aux familles.
On apprenait d'ailleurs par la bouche du président de l'Afapredesa que les fosses 1 et 2 seraient exhumées le 21 novembre par l'équipe d'experts espagnols et leur contenu solennellement remis aux familles des 8 victimes, en présence de membres de la Minurso et du CICR. Le droit à la vérité et au deuil est d'une importance capitale pour les familles des disparus. Le travail effectué par l'équipe de l'université du Pays basque montre qu'il est possible d'y répondre.
Le Maroc doit se soumettre à ce travail d'investigation. S'il vient de ratifier, le 14 mai 2013, la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées (qui l'oblige pour l'avenir), gageons qu'il faudra bien, au minimum, l'autorité d'une mission officielle internationale pour qu'il assume l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité qu'il a commis par le passé contre le peuple sahraoui.
Un événement artistique et mémoriel
Dans une autre perspective, le travail effectué par un collectif international d'artistes, d'intellectuels et d'activistes intitulé Necessita dei volti («La nécessité des visages») vient d'être présenté au public du séminaire «La persistance des images», organisé les 21 et 22 octobre 2013 à l'Ecole des Hautes études en sciences sociales à Paris, à l'initiative du BAL, «un lieu indépendant dédié à la représentation du réel par l'image, sous toutes ses formes» présidé par Raymond Depardon. Necessita dei volti est un livre singulier, de fabrication manuelle, résultat d'une réflexion sur les photographies, archives involontaires constituées durant les années de conflit au Sahara occidental et conservées au Musée de la guerre dans la région de Tindouf en Algérie.
Voici ce qu'en dit Yasmine Eid-Sabbagh, photographe, doctorante à l'académie des beaux-arts de Vienne, membre de la Fondation arabe pour l'image, l'un des membres du collectif qui a réalisé ce livre : «A la fin de l'année 1975, lorsque le Maroc envahit le Sahara occidental, la résistance sahraouie commence à recueillir des photographies que les soldats marocains tombés au combat ou faits prisonniers portent sur eux. En voulant apporter des preuves de l'existence du conflit, les Sahraouis sont ainsi devenus les gardiens involontaires de la mémoire d'un autre peuple et ces images d'autrui sont devenues partie intégrante de leur histoire.
En 1997, 483 photographies ont été choisies parmi l'ensemble beaucoup plus vaste de cette collection, afin d'engager une réflexion sur la relation entre l'image et la complexité du geste sahraoui de “garder” celles-ci en attendant le moment où elles pourront retourner vers ceux qu'elles représentent.» Il s'agit en effet d'une démarche de témoignage tournée vers la paix – La nécessité des visages –, et non d'une exposition voyeuriste, ce qui explique le caractère confidentiel du livre. Necessita dei volti a été déposé à la bibliothèque Kandinsky du Centre Pompidou à Paris, où il sera consultable à la demande au début de 2014.


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