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«Il ne faut pas s'attendre à un changement de cap salutaire»
L'économie algérienne plus que jamais dépendante des hydrocarbures
Publié dans El Watan le 21 - 04 - 2014

La problématique de la construction d'une économie de marché efficiente en termes d'emplois productifs et de valeur ajoutée, déconnectée de la rente tirée de ce capital non reproductible que sont les hydrocarbures, assurant le devenir des générations futures, relève plus que jamais de la sécurité nationale du pays qui conditionne sa pérennité. Quelques chiffres seulement permettent de mesurer l'urgence d'un changement de perspectives.
Considérons d'abord le taux et la structure de la croissance économique.
Le taux de croissance stagne depuis 2006 autour de 3% selon toutes les données disponibles. Et cette croissance a été générée essentiellement par les hydrocarbures et les services marchands tout au long de la période considérée. La part revenant aux hydrocarbures qui était de 28,6%, en 1985 n'a cessé d'augmenter pour atteindre près de 45% en 2004 et dépasser les 53% en 2008. C'est dire le poids que représente le secteur des hydrocarbures dans l'économie nationale, surtout si on considère par ailleurs qu'ils constituent 97% des recettes d'exportations du pays. Alors que l'industrie manufacturière ne dépasse pas 6%.
La part du secteur manufacturier ne cesse de baisser, exprimant le phénomène de désindustrialisation accéléré que connaît l'économie nationale depuis plus d'une décennie.
En 1994, l'industrie représentait 11,5% ; 10 ans après, elle représente moins de 6%. C'est là une structure complètement inverse de tous les pays émergents. A titre d'exemple, en 2002, la structure du PIB de la Corée du Sud se répartit comme suit : 55,1% pour les services, 40,9% pour l'industrie et 4% pour l'agriculture.
Considérons maintenant les exportations hors hydrocarbures et les importations
Selon le Centre national sur l'information statistiques des douanes (CNISD), la facture des importations depuis l'année 2000 correspondant au premier plan de relance économique s'est chiffrée à 9173 milliards de dollars, en 2005 à 20. 048, en 2013 à 54. 852 milliards de dollars. Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles étaient évaluées à 1.099 milliards en 2005 de dollars et à 2.165 en 2013.
Ces chiffres parlent d'eux-mêmes. Jamais le pays n'a été aussi dépendant de la rente des hydrocarbures. Or, les hydrocarbures s'épuisent quand bien même on annonce la découverte de nouveaux champs pétrolifères, nonobstant l'évolution de la consommation intérieure qui ne pourra guère être assurée à terme qu'au détriment des volumes exportés et par conséquent de la baisse des revenus d'exportation.
C'est dire l'urgence d'un changement de perspectives, des réformes institutionnelles profondes induisant une bonne gouvernance fondée sur la transparence, la reddition des comptes et la participation citoyenne… C'est ce qui est désormais admis suite notamment aux travaux des économistes «institutionnalistes». «Le degré de développement institutionnel est la seule variable qui permet de prévoir de manière fiable le niveau de développement du pays et de la capacité à mener un changement économique pour accroître la solidité du système d'incitation...». La diversification des sources de croissance économique ne peut être appréhendée qu'à travers ces réformes de fond indispensables pour un fonctionnement efficient d'une authentique économie de marché.
On peut certes évoquer les nombreuses réformes engagées depuis la promulgation de la Constitution de 1989 pour asseoir une économie de marché performante et son corollaire une démocratie parlementaire assurant les contre-pouvoirs nécessaires au fonctionnement d'un Etat de droit. Ces réformes ont été cependant purement formelles n'induisant aucun changement notable dans le fonctionnement des institutions politiques, économiques et administratives, dans le sens d'une plus grande efficience en termes socioéconomiques et moraux (voir l'état de la corruption qui sévit dans le pays) comme l'attestent toutes les évaluations des agrégats
économiques.
L'élite au pouvoir s'oppose au changement
Avec la réélection du président Abdelaziz Bouteflika, faut-il s'attendre à un changement de cap salutaire, à une révision des conceptions qui ont prévalu à ce jour, à des réformes de fond en matière institutionnelle et de gouvernance (institutions de la transparence de la reddition des comptes et de la participation citoyenne) pour asseoir les fondements d'une économie de marché efficiente. Notre réponse est négative et nous avons déjà avancé l'argumentaire académique pour l'étayer dans une contribution récente (notre article intitulé «Les élites au pouvoir : le temps des reconsidérations…), nonobstant les nombreux commentaires que nous avons publiés dans ce même quotidien. Tant que l'«élite» inamovible au pouvoir demeure accrochée aux anciennes méthodes de gouvernances qui sont devenues totalement obsolètes dans un monde qui a totalement changé, un tel changement n'est guère envisageable. Nombreux sont les auteurs qui soutiennent en effet que les élites au pouvoir sont celles qui risquent de perdre à la transition démocratique, elles sont par conséquent naturellement incitées à s'y opposer.
En effet, d'authentiques institutions de marché ont pour rôle de favoriser la concurrence, de produire de l'information, de protéger les droits de propriété de l'arbitraire, autrement dit de limiter la prégnance de la bureaucratie d'Etat. «Elles ouvrent ainsi l'accès aux ressources économiques à un plus grand nombre et réduisent considérablement les opportunités de création de rente via l'appareil étatique.» La logique de recherche de rente se trouverait ainsi limitée sinon éliminée. Ce qui, naturellement, pousserait les élites au pouvoir à s'opposer à cette transition à une authentique économie de marché qui remettrait en cause la source de leurs privilèges. Ceci dit, ce n'est donc pas tant la personne du Président Abdelaziz Bouteflika qui est en cause, même si nous éprouvons un sentiment mêlé face à un personnage qui ne représente plus l'incontestable orateur et tribun qu'il a toujours été.
La scène internationale et africaine en particulier a perdu avec la maladie du Président algérien une voix que personne ne peut remplacer et c'est la raison pour laquelle nombreux sont les Algériens qui n'admettent pas la réélection d'un homme malade qui ne pourra gouverner qu'avec procuration. C'est en fait tout un système socio-économique et politique qui est en cause. Depuis le défunt président H. Boumediene qui affirmait vouloir construite un Etat et des institutions qui survivront aux hommes et aux événements (sans avoir pu le réaliser) jusqu'à l'actuel président A. Bouteflika qui a constitué une commission nationale de réflexion sur la réforme de l'Etat dès son investiture en 1999 devant le constat sans complaisance qu'il a lui-même dressé lors de sa première campagne électorale et qui depuis lors n'a pas pu mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires au changement du système de pouvoir rentier qui fonctionne à ce jour.
Si on ne peut mettre en doute la sincérité d'hommes d'Etat de cette envergure, de vouloir bâtir un Etat fort, efficace, capable de «piloter le développement», on peut donc affirmer qu'au-delà des hommes dont tous ne sont pas corrompus, des systèmes se sont constitués autour de privilèges et de rentes que nulle réforme ne peut remettre en cause si leur essence-même n'est pas touchée. Autrement dit, toute réforme est vouée à l'échec si la question du pouvoir constitutif du politique est niée, ce qui a été apparemment le cas.
C'est ce qui expliquerait fondamentalement, au-delà des controverses qui l'entourent, l'intérêt croissant qui est désormais consacré à la question de la gouvernance notamment politique qui surdétermine l'efficacité des institutions administratives nécessaire au bon fonctionnement d'une économie de marché dont l'option est partout consacrée ; laquelle question est intimement liée à la réforme de l'Etat et de l'exercice du pouvoir politique. Cela signifie que tant que les institutions qui forment l'Etat et le pouvoir politique qui surdétermine leur fonctionnement ne sont pas profondément réformées, l'économie demeurera soumise aux aléas et aux comportements prédateurs des hommes qui en ont la charge.
Ainsi, si la qualité de la gouvernance est déterminante dans la promotion du développement socio-économique et par conséquent traduit l'efficacité du rôle de l'Etat dans la conduite du développement, alors l'ouverture démocratique doit être la pierre angulaire des réformes. Une authentique réforme qui ne peut être appréhendée qu'à travers la remise en cause du monopole du pouvoir politique qui est une réalité incontestable, et dont est inhérent le fonctionnement bureaucratique des administrations centrales, locales et autres institutions administratives (impôts, douanes, domaines...), source de gaspillage et de corruption et générateur de frustrations qui s'expriment de plus en plus par l'émeute compte tenu de l'absence d'autres voies réelles de concertation et de recours (en dépit de l'existence de textes de lois) .
Ainsi, comme nous l'avons souligné dans une autre contribution, les conditions de fonctionnement des Etats et les conditions de leurs transformations constituent aujourd'hui une préoccupation majeure. La transition démocratique est incontournable si on considère que la démocratie avec ses systèmes de contrôle politique et budgétaire sous le regard de la presse semble offrir les meilleures garanties de transparence et de bonne gouvernance.
Espérons que les élites au pouvoir puissent entreprendre une révision de leur conception du pouvoir en considérant l'intérêt supérieur du pays et procéder aux réformes indispensables au fonctionnement efficient d'une économie productrice de richesse, à l'instar de tous les pays qui ont pu édifier des économies prospères à l'exemple de la Turquie, de la Malaisie et de bien d'autres dont il faudrait sans doute méditer les expériences.


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