La journée a été longue mais comme elle était globalement égale à la précédente, personne n'a vu le décalage. Mais bref, pas de chorba, un frites-omelette direct sans échauffement et bien morveux. Puis du foie mchermel, accompagné de deux baguettes de pain. Deux, oui. On a attaqué le Hamoud au jerrican, les bouteilles finissaient trop rapidement. Bref, après le f'tour, café dans un café où j'ai rencontré Ramdane, qui a bu un thé mais pas dans un thé. Au programme, un duo de jongleurs de Tlemcen. Mon amie Nesrine s'est jointe à nous, son fiancé l'ayant quitté la veille vers midi en proie à une colère liée au jeûne. Nesrine est inconsolable et pleure tout le temps, ce qui n'est pas bon pour l'hydratation, lui a dit Ramdane. A moins que ce ne soit pas bon pour la déshydratation, j'ai un doute. Bref, on s'est dit que sortir ça fera du bien à Nesrine. On a vu le spectacle et les deux jongleurs étaient à la hauteur, si l'on peut dire, bien synchronisés. Ramdane, toujours politisé, a fait allusion aux frères Bouteflika et à leur capacité à jongler avec les lois, les institutions et l'histoire, l'un faisant fonction de l'autre. Ramdane a d'ailleurs trouvé décevant que le Président se mêle de football, laissant tous les autres secteurs à l'abandon. Il m'a même dit que le Président n'est même pas capable d'imposer un entraîneur de football, comment va-t-il imposer un wali ou un chef de cabinet à la Présidence ? Bref, les jongleurs ont jonglé et ont tenu à remercier à la fin du spectacle le Président et son frère, grâce à qui ils ont eu un logement. En hommage, ils ont jonglé avec des barils de pétrole tout en fumant du gaz de schiste. Nesrine s'est remise à pleurer. On n'a pas su si c'était à cause de son chagrin d'amour ou du spectacle. Bref, on est rentrés et on a raccompagné Nesrine. Ramdane l'a encore dit, le temps n'est pas le même quand on le regarde de derrière ou de devant.