Il a à peine 10 ans, L. Mohamed, descend chaque après-midi depuis le début des vacances scolaires, au centre-ville de Tidjelabine pour vendre des galettes. Il en ramène une quinzaine dans un clapier et parcours 1,5 km du village Lemrayel en compagnie de son père, un maçon d'une quarantaine d'années, et son frère cadet. Il existe des centaines d'autres enfants qui prennent en charge leur famille dès leur jeune âge. A quelques semaines de la rentrée sociale, ces vendeurs de galettes se sont installés à travers les axes routiers des localités de Boumerdès, au péril de leur vie en contrepartie d'une modeste somme d'argent leur permettant de faire face aux dépenses de la rentrée scolaire. Leur présence sur les routes à grande circulation n'est pas sans danger sur la vie de ces gosses aux frêles silhouettes. L'été dernier, l'un d'eux a été fauché par un véhicule. Effrayés par ce drame, ces copains reviennent quand-même s'installer sur ces routes. Ils n'ont pas d'autres alternatives. Depuis le début de la saison estivale, des dizaines d'enfants campent sur les bordures de la route nationale (RN 12), autoroute reliant Bordj Ménaïel-Boumerdès, étalant des galettes (matlou), des figues et des figues de barbarie. Ce décor est partout à travers les axes routiers de la wilaya. La RN 24 qui traverse les villes côtières de la région l'illustre parfaitement. Les enfants, souvent en bas âge, empochent chacun d'eux une somme d'argent selon le produit vendu. Walid, à peine 13 ans, habitant une ex-firme coloniale située à quelques mètres de la RN 12 à hauteur de Si Mustapha vend des figues qu'il cueille d'un champ à proximité de son domicile familial. «Je gagne près de 1000 DA quotidiennement en vendant des figues», a-t-il confié. Il étale moyennement 8 à 10 bidons de figues par jour cédés à 150 DA l'unité. «J'aide mon père à subvenir à nos besoins et faire face aux dépenses de la rentrée scolaire», affirme Walid. Ce rituel se répète chez d'autres enfants de son âge dont certains ont quitté les bancs de l'école depuis plusieurs années. Ces derniers occupent les routes à longueur d'année. Les plages de Boumerdès sont également une aubaine pour ses enfants. La vente des beignets, des cacahouètes et du thé demeurent «l'activité la plus demandée par les estivants», témoigne un adolescent qui se trouve sur la plage depuis le mois de juin et qui n'a toujours pas le droit à une simple baignade. Ses amisvendent des M'hadjeb tandis que d'autres proposent des cigarettes avec tout les risques d'addiction qu'ils encourent. «Leur place n'est pas ici», regrette un estivant venu en famille à la plage de Boumerdès avant d'enchainer: «Mais bien au contraire, dans des colonies de vacances ou en compagnie de leurs parents et loin de tous les dangers». Les statistiques officielles sur le travail saisonnier des enfants sont indisponibles mais le phénomène tend à se généraliser ces dernières années partout dans les communes de la wilaya.