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L'après-Bouteflika enflamme le sérail
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Publié dans El Watan le 19 - 09 - 2014

La rentrée politique est-elle une fiction fabriquée par le pouvoir, ou pas ? En tout cas, la question de la succession de Abdelaziz Bouteflika, mise entre parenthèses après le 17 avril 2014, revient sur le tapis et anime un sérail paniqué en l'absence de «plan B».
«Pas de plan B». B, comme Bouteflika, ou, plus précisément, l'après-Bouteflika. L'affirmation de ce cadre du Palais présidentiel laisse s'esquisser l'incroyable incertitude dans les hautes sphères : «Le pire est qu'il semble qu'il n'y ait aucune solution d'urgence si le Président venait à disparaître demain ou dans deux ans, s'inquiète un ancien chef de gouvernement. Cette situation d'incertitude est très dangereuse.» Car à peine la rentrée entamée, le sérail a bruissé de mille rumeurs avant que ne se réenclenche la fièvre politico-médiatique qui avait déjà marqué la présidentielle d'avril 2014.
D'abord, il y eut cette rumeur qui envahit rapidement les salles de rédaction répercutée par les journalistes rentrés de vacances : la détérioration brutale de la santé du président Bouteflika. «C'est vrai qu'il fait de courts séjours en Suisse pour se requinquer, et chaque absence est interprétée comme une plongée dans le coma ou un état léthargique fatidique, mais il n'en est rien», soutient une source à la présidence de la République qui, comme d'habitude, accuse «l'autre, là», le général de corps d'armée Mohamed Lamine Mediène, patron du DRS depuis 24 ans à ce mois de septembre, de distiller ces «rumeurs». «Et pas seulement à la presse, mais aussi parmi les hautes sphères afin de susciter des ambitions présidentielles chez certains hommes-clés du système, encouragés à sortir de la maison d'obéissance à Bouteflika pour se tailler le costard du prochain président», maugrée un cadre du FLN.
Pourquoi Mediène s'amuserait-il à jouer le colporteur de rumeurs et serait tenté de monter une écurie de candidats potentiels à l'après-Bouteflika ? «Il est affaibli, il ne contrôle plus l'organigramme des services. Le général Lakhdar tient la DCSA et ne rend compte qu'à l'état-major. On lui a aussi amputé son bras armé, le général Hassan de l'antiterrorisme. On lui interdit d'émettre des interdictions de sortie de territoire sans l'aval de la justice. On lui enlèvera prochainement les écoutes pour les rattacher à la Présidence, énumère un conseiller à la Présidence. Il se venge donc, à sa manière, il ne supporte pas de perdre l'extraordinaire étendue de ses pouvoirs.»
Souterraines
«Archi-faux, s'emporte un ancien officier du DRS qui dit avoir gardé des liens forts avec son ancienne structure. D'abord, la structure du DRS n'est pas celle qu'on décrit sur les sites d'information, elle est plus souterraine, et Mediène garde un large contrôle du “vrai'' DRS. Deuxièmement, le “major'' est soutenu indirectement par son rôle central de coopération (et d'action) antiterroriste internationale, surtout avec Washington et Langley. Et en dernier, Bouteflika et son système ne sont rien sans Toufik, ils ont besoin de le garder pour contrecarrer l'ambition de puissance de Gaïd Salah (le chef d'état-major). Ainsi, les deux généraux de corps d'armée se neutralisent et Bouteflika garde la main sur cet équilibre de la terreur. Mais surtout, Bouteflika n'est rien sans un DRS puissant, alors que les relais du pouvoir dans la société sont laminés.»
Retour donc à la case guéguerre entre vieux chefs, où les bouderies et les coups bas sont légion. «Et pourtant, reconnaît un conseiller de la Présidence, en cas de disparition du Président, c'est Gaïd Salah et Mediène qui décideront de la succession, c'est la réalité des rapports de force actuels.» «Sauf que l'homme au cigare (Mediène) a commencé la course avant le funeste coup de départ, lui reproche le conseiller de la Présidence. Et même sans son coup de pouce, des personnalités proches de Bouteflika (du moins, elles le croient) sont vite tombées dans le piège en se croyant habilitées à remplacer Bouteflika. Ce dernier n'est pas aussi naïf, et de très loin, pour ne pas être au courant de ce qui se trame derrière son dos, d'autant que pour lui la loyauté est sacrée, comme la famille. Benflis en connaît un bout. Car, malin, Bouteflika joue sur ses absences pour débusquer les Brutus qui projettent de le trahir : quand il est à Genève (comme durant ces premiers dix jours de septembre), il fait traîner ses oreilles dans les couloirs du palais et ailleurs pour démasquer les traîtres.» Les «traîtres» ?
Belaïz
«Ceux qui se préparent discrètement, ou beaucoup moins comme l'a fait Belkhadem, pour se poser en alternative après Bouteflika», précise notre source à la Présidence. Justement, selon cet habitué des arcanes d'El Mouradia, c'est ce qui a coûté à Belkhadem sa tête : «Il claironnait partout que le Président l'avait adoubé pour reprendre le FLN et, surtout, qu'il était le dauphin de Bouteflika, confie un cadre de l'ex-parti unique. Il est allé baver partout, chez des anciens militaires comme Nezzar (pas très aimé du clan présidentiel) et même chez quelques ambassadeurs occidentaux. Bouteflika a laissé faire un moment, pour voir jusqu'où Belkhadem pouvait aller, avant de lui couper la tête.» «Belkhadem étant liquidé, une liste de prétendants reste ouverte, et parmi les têtes d'affiche, on retrouve même des fils de famille insoupçonnables, ironise le fonctionnaire de la Présidence. Tayeb Belaïz notamment ou même Tayeb Louh…»
Belaïz, le «prince d'Oujda», le protecteur de la famille présidentielle ? «Il se voit apte justement à reprendre les affaires de la famille. Il est ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur dans un pays policier, ancien ministre de la justice qui a protégé la famille contre les enquêtes poussées d'un DRS offensif, fidèle parmi les fidèles du clan, il se dit donc pourquoi pas, d'autant que des calibres moins importants que lui, à ses yeux, se sont mis dans la course, tels que Louh ou Belkhadem», explique un proche d'El Mourdia. Ce dernier énumère les dernières sorties de Belaïz, alors qu'il ne quittait plus son bureau depuis des lustres : «Son discours anti-hogra à Oran, ses apparitions aux côtés de Sellal — à qui il n'adressait pas la parole il y a quelques mois — lors de la dernière réunion sur Alger, etc., et un de vos confrères qui écrit “Belaïz séduit les Algériens''! Il est très actif le Belaïz, trop même».
Le malin
«Bouteflika est au courant, il laisse faire comme il a laissé faire Belkhadem, il soupçonne Mediène d'injecter de l'ambition chez ce fidèle qu'est Belaïz, confie le cadre de la Présidence. Mais Belaïz est déjà, et depuis des mois, sur la liste des départs que réclame, sans succès jusqu'à présent, Sellal, et ses ennuis de santé peuvent aussi être un gros handicap.» Et qu'en est-il de Sellal justement ? «Sellal est malin. Abdelmalek est un sage, il ne trahit personne, il sait que tout naturellement il est dans les starting-blocks, mais il n'en fait pas une obsession comme certains, relève un ancien officier du DRS. Seul Gaïd Salah ne l'aime pas, ce qui n'est pas une tare en soi, au contraire.»
Voilà où nous en sommes, nous sommes retombés dans les «chamailleries de vieux» pour reprendre les termes d'un ancien ministre, où la logique des décisions, des limogeages, des nominations, etc., n'obéit qu'à des lubies personnelles, coléreuses, humiliantes, «même pas à une tactique». «Cette fin de règne sera terrifiante et on sacrifie le peu de culture de l'Etat qu'on a difficilement accumulée depuis cinquante ans», souligne l'ancien ministre. C'est dire que les mécanismes d'arbitrage ont été complétement cassés par plus de quinze ans de pouvoir de Bouteflika, trop jaloux de la puissance des autres pôles du système.
«Du temps de Chadli ou de Boumediène, ce genre de guéguerre interne était arbitré par une armée disciplinée et surtout disponible, regrette un haut cadre de l'Etat. Mais là, on technocratise négativement et on tente de corrompre l'ANP, les généraux les plus patriotes sont menacés de retraite anticipée ou de placard doré, le reste des forces est éparpillé le long de nos frontières pour des missions indéfinies, des missions non intégrées dans un schéma national de défense qui fait défaut».
Dans ce contexte explosif, les nouvelles puissances de l'argent ne sont pas en reste pour déteriorer encore ce qui reste de la culture de l'Etat. «En plus, des pseudo-oligarques intérfèrent pour réguler le flux des tensions à leur propre avantage conjoncturel, s'alarme l'ancien ministre. Et le plus grave est qu'on a entériné l'amalgame entre Etat et pouvoir, c'est un drame et on va le payer très cher. Car Bouteflika voulait devenir le chef absolu, il l'est devenu, mais il est le chef de quoi maintenant que l'Etat est en pièces ?»


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