En attente d'instructions et de décisions de leur direction, les états-majors politiques locaux restent en panne d'initiatives, n'étaient les quelques lapidaires communiqués dilués au compte-gouttes, sans espoir de pouvoir déborder la rue et venir au-devant d'une aspiration au demeurant tout à fait légitime. Outre les palabres de cafés et de rues, les Constantinois semblent avoir défriché, à l'expression de leur solidarité, d'autres espaces, lieux bien en marge des circuits habituels. Point de marche ni de meeting. Les partis et les associations ne s'ébranlent sur ce territoire que pour « circonvoisiner » les urnes lors des échéances électorales. Ainsi, et pour se faire agissante, la solidarité avec les peuples libanais et palestinien aura saisi l'occasion des fêtes de mariage pour prendre la métrique fort soutenue des tzaghritate, des youyous lancés à la mesure d'un fikhater qui, pour le moins qu'on puisse dire, reste bien de mise. Le rachk se fait alors tabriha d'honneur, il garde haut la cote pour condamner, jusqu'à l'aube, le génocide, Israël, l'Amérique et le silence des Arabes. Au ton des billets, non ceux des chroniqueurs, plutôt ceux de la banque d'Algérie, les convives bien chauffés par la voix du berrah-DJ, en remettent à souhait. Fusent alors les tirades qui viennent à contresens des fetwas wahhabites et autres sorties de raïs en mal de fierté qui reste, depuis belle lurette, étalée au pied de ces pyramides de liasses américaines. Constantine condamne le massacre de ses frères et expurge, le temps d'un mariage, ces liens de fraternité du bricolage politique local.