L'entretien accordé dernièrement par Mahi Khelil à un quotidien algérien vient nous rappeler qu'il existe un «ministère» – de plein exercice, cela s'entend – des Relations avec le Parlement ! C'est sûr, le citoyen aura vite fait d'oublier et le ministre et son département tant il ne voit de prime abord son utilité. Dans la réalité par contre, cela se traduit par un siège situé à El Biar, sur les hauteurs d'Alger, des personnels, des départements différenciés, un parc automobile imposant… bref, des frais et des dépenses de fonctionnement pour une utilité des moins évidentes. Pas sûr, en effet, que les relations entre l'Etat, le gouvernement et le Parlement se soient pour autant améliorées et aient gagner en efficacité. Les parlementaires, quant à eux, sont plus occupés à se doter d'un statut en or massif qu'autre chose. Malheureusement, chaque jour nous dévoile que l'Etat, les institutions et les entreprises publiques mènent un train de vie dispendieux et que rien, pour l'instant, pas même la baisse des ressources pétrolières attendue pour l'année qui s'achève et sans doute pour celle qui vient, ne semblent ralentir. Si l'avenir immédiat promet d'être dur pour les Algériens, il ne le sera peut-être pas pour tout le monde tant les habitudes rentières ont la vie dure chez nous. Dans cette course aux privilèges, aucune retenue, aucun scrupule ne sont de mise tant que cela se fait sur les deniers de la collectivité nationale, alors qu'une bonne partie de nos concitoyens vivent dans un état de précarité aiguë, notamment ceux à faibles revenus et à pension fixes, souvent en deçà du minimum décent. De telles pratiques ne font qu'accentuer les différences sociales entre Algériens. En effet, il n'est pas rare aujourd'hui de voir le directeur central d'un ministère ou d'une entreprise publique disposer de cinq ou six véhicules de service pour son usage personnel et celui de sa famille. Que dire alors de cette délégation en mission en Chine, voyageant en classe Premium, disposant d'un espace personnalisé – écran plat et douche à bord pour la modique somme de 15 000 dollars le billet sur une compagnie des pays du Golfe ? Ce qui est valable pour le ministère des Relations avec le Parlement l'est également pour d'autres départements ou ministères délégués dont la création sur mesure répond plus à des exigences partisanes, notamment de la part des partis proches du pouvoir, qu'à un souci d'efficacité et de bonne gouvernance. Il en est de même de cette multitude d'observatoires, agences et autres structures mis en place par les autorités, comme jadis on créait des commissions pour oublier des dossiers «brûlants» et les «enterrer» définitivement. Si la raréfaction des ressources sous-entend, pour l'avenir, austérité, celle-ci doit commencer par une réduction du train de vie de l'Etat et des institutions et non par une plus grande misère pour les plus démunis.