La ville de Mostaganem a vécu, du 16 décembre jusqu'à hier, au rythme de la poésie melhoun et de la mémoire collective à l'occasion de la douzième édition du Festival culturel national dédié à Sidi Lakhdar Benkhlouf.Accueillie au Théâtre régional Djilali-Ben-Abdelhalim, la manifestation a réuni des poètes, chercheurs et acteurs culturels venus de quatorze wilayas, en présence de responsables du secteur de la culture. Tout au long de ces derniers jours, le festival s'est affirmé comme un espace de réflexion et de valorisation du patrimoine culturel et social lié à cette figure majeure de la poésie populaire algérienne. Placée sous le thème « Sidi Lakhdar Benkhlouf, le patrimoine culturel et social », cette édition a cherché à dépasser la simple célébration artistique. 2Les organisateurs ont voulu proposer une lecture plus large de l'héritage du poète, en mettant en lumière les dimensions spirituelles, culturelles et sociales qui traversent son œuvre et son parcours. À travers rencontres, communications et activités culturelles, le festival a mis en exergue les traditions, les pratiques sociales et les valeurs profondément enracinées dans la région de Sidi Lakhdar et dans l'ensemble de la wilaya de Mostaganem. Selon Mohamed Merouani, commissaire du festival, cette orientation répondait à une volonté de replacer la poésie melhoun dans son contexte naturel, indissociable de la vie sociale. Il a expliqué que l'accent a été mis sur le patrimoine immatériel, souvent invisible mais toujours présent, qui continue de structurer le quotidien des populations locales. Le mausolée de Sidi Lakhdar Benkhlouf a ainsi été présenté comme un espace révélateur de cette dynamique. Autour de ce lieu symbolique, des pratiques commerciales et sociales anciennes perdurent, organisées selon des modes hérités du passé et témoignant d'une continuité historique profondément ancrée. Au-delà de ces aspects, le festival a également mis en valeur des rituels sociaux spécifiques, transmis de génération en génération. Générosité, hospitalité, solidarité et culture du « jah » ont été évoquées comme des composantes essentielles d'un patrimoine social vivant. Ces valeurs, toujours présentes dans la société locale, ont constitué l'un des axes majeurs de cette édition. Sidi Lakhdar Benkhlouf a été rappelé non seulement comme poète, mais aussi comme résistant, figure liée à la tradition équestre, aux coutumes locales et à un riche patrimoine oral et matériel. Cette pluralité s'est reflétée jusque dans la conception de la cérémonie d'ouverture, inspirée des dimensions historiques, nationales, culturelles et religieuses de sa personnalité. A noter que le riche programme de ce Festival a été marqué par l'organisation d'une journée d'étude à la Maison de la culture Ould Abderrahmane-Kaki. Spécialistes, chercheurs et professionnels du secteur culturel y ont débattu des enjeux liés à la préservation du patrimoine historique et spirituel associé à Sidi Lakhdar Benkhlouf. La restauration de son mausolée, situé dans la commune de Sidi Lakhdar à l'est du chef-lieu de wilaya, a occupé une place centrale dans les échanges. À cette occasion, l'architecte des monuments et sites protégés Samir Nedjar a présenté l'état d'avancement du projet de restauration. Il a souligné l'importance symbolique et patrimoniale de ce monument, actuellement en voie de classement, en insistant sur sa vocation multiple, à la fois spirituelle, culturelle, touristique et économique. Une richesse qui impose, selon lui, une approche globale et respectueuse de l'identité du site. L'étude engagée a visé à préserver la quiétude des visiteurs à vocation spirituelle tout en permettant une valorisation maîtrisée du monument. Le projet prévoit notamment une mise en valeur architecturale, de jour comme de nuit, à travers un travail spécifique sur l'éclairage et la lecture des formes. Parallèlement, l'exploitation touristique et économique du site devra être encadrée, grâce à une organisation rationnelle des espaces et des accès, afin d'assurer une utilisation durable et cohérente avec son environnement. Enfin, les activités du rassemblement annuel « El Jemaâ » se sont poursuivies dans la commune de Sidi Lakhdar, proposant un programme riche mêlant spiritualité, culture et patrimoine, en hommage à la mémoire de Sidi Lakhdar Benkhlouf, dont l'héritage a continué, tout au long du festival, de fédérer et d'inspirer.