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«La derja est minée par la politique linguistique qui l'infériorise et la combat»
Abderrazak Dourari. Linguiste
Publié dans El Watan le 25 - 12 - 2014

-L'Algérien slalome entre l'arabe classique, le dialecte algérien, le berbère et le français. Peut-on dire que trop de langues tuent la langue ?
L'Algérien, comme tous les humains, parle dans le répertoire linguistique dont il dispose, et si cela se trouve, il lui est possible la plupart du temps de parler dans différentes langues. L'arabe classique n'existe pas comme possibilité dans les échanges verbaux, y compris en Arabie où il est censé être né. Il est au mieux cette langue dans laquelle le Coran est écrit. Le français est cette langue des lettrés et du domaine du savoir élaboré. L'algérien (arabe algérien) est la langue de communication intensive à travers le pays et le Maghreb.
Sa fonctionnalité, même non écrite, est très puissante. C'est la véritable langue nationale en termes extensifs et elle va même au-delà, puisqu'elle est fonctionnelle dans la communication maghrébine. Les variétés de tamazight sont employées dans les régions amazighophones et représentent la persistance du socle identitaire algérien multimillénaire. En fait, l'Algérien change de langue ou de variété selon les situations sociolinguistiques différentes dans lesquelles il se trouve. Quoi de plus normal ?
-Le fait que les jeunes mixent aujourd'hui les langues ou ce qu'on appelle «algérianisation du français» est-il un signe de parfait bilinguisme ou, au contraire, un avertissement sur la non-maîtrise de ces langues ?
Il existe de moins en moins de bilingues français-algérien parfaits ou même relatifs… Le mixage reflète rarement des choix intentionnels des locuteurs. Il reflète plus un manque de connaissances linguistiques. Parsemer son expression algérienne de mots français montre au plus que la personne sait quelque chose. Par ailleurs, on n'a pas l'habitude de dire tout dans une seule langue, car la norme de l'algérien est stigmatisée par les acteurs du pouvoir et n'est pas institutionnalisée. Ce mixage montre aussi l'absence d'une pensée cohérente en toute matière, ce qui est plus grave.
La destruction visée par des politiques véreux et conservateurs de la maîtrise des langues, notamment le français, est aujourd'hui réelle. C'est un crime contre la nation et son intelligence, car on ne sait plus penser et subséquemment on ne sait plus parler. Notre algérianité s'exprime en algérien et en tamazight, non pas en arabe scolaire ou en français. Mais on a besoin du français pour le domaine élaboré, des sciences et de la pensée philosophique moderne. Casser le français, c'est casser cette capacité linguistique de se mettre à jour en accord avec l'évolution de la pensée dans le monde et sortir du conservatisme sclérosant et mortel qui fabrique Daech industriellement et en continu (système de production historique de société).
-Dans quelle mesure l'utilisation du français et de l'arabe classique (par l'école ou par la télévision) peut-elle nuire au développement de la derja ?
La derja (signifie en arabe scolaire la langue à laquelle les gens sont familiers), c'est l'algérien. L'arabe scolaire (et non classique), même renforcé par le français, ne peut pas avoir une influence négative sur lui, car ces deux langues ne sont pas utilisées dans le même domaine. Ce qui mine la consistance de l'algérien, c'est la politique linguistique de l'Etat qui l'infériorise et le combat.
-Le fait que l'on ne maîtrise plus la langue maternelle est-il un signe de perdition identitaire ?
Toute langue infériorisée institutionnellement et combattue par les pouvoirs peinera à tenir. Les langues, les grandes aussi, perdent des domaines comme le français face à l'anglais et l'espagnol. L'algérien a beaucoup perdu de domaines et l'Etat actuel n'aide en rien. Mais il ne périra pas de sitôt, car c'est effectivement le grand vecteur de l'identité algérienne consensuelle. Ce n'est pas demain la veille, et cette lubie des conservateurs d'arabiser (arabe scolaire) les Algériens est une aberration qui n'aura jamais de réalité (elle dure depuis 1970). La société civile algérienne persistera à maintenir sa langue, ses langues maternelles algériennes.
-Est-ce que l'utilisation du français pour les Algériens n'ayant pas vécu la période coloniale peut être considérée comme une manière de transgresser l'ordre établi ?
Le français est appris à l'école. Quand l'école ne forme plus, la langue se perd. Transgresser les tabous sociaux (sexuels et religieux notamment) est une nécessité pour les Algériens, car les langues maternelles n'ont pas maintenu ni produit des termes soft. Quand ceux-ci existent, on ne les connaît pas, car il n'existe pas d'étude lexicographique ni de diffusion de cette langue sous toutes les formes culturelles… Quand on écoute et réécoute les vieilles chansons en kabyle, en chaoui, en arabe algérien, le patrimoine algérien réel de toutes nos régions comme corpus à analyser et rentabiliser, on sait que ce peuple a des moyens d'expression propres qui méritent d'être connus. La langue algérienne a ses moyens, il faut les exhumer et les faire connaître, au grand bien de la nation algérienne. C'est une question nationale, démocratique, citoyenne et de progrès.


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