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«Les Ben Ali de Bourguiba se positionnent»
Abdelaziz Ziari. Ancien président de l'APN
Publié dans El Watan le 25 - 01 - 2015

Ancien membre du bureau politique du FLN, M. Ziari estime que son parti est aujourd'hui victime d'une «myopie» qui en a fait un «simple appareil électoral». Le FLN est inféodé à l'administration comme il ne l'a jamais été, accuse-t-il. Miné par une crise interne aigue, son salut ne peut provenir, selon lui, que d'«une direction légitimée par un scrutin à bulletins secrets, libre et transparent».
- A la suite des déchirements que connaît votre parti, dans quel FLN vous reconnaissez-vous : celui de Saadani ou celui des «redresseurs» ?
C'est une dichotomie très réductrice. Pour moi, le FLN est le parti qui a été forgé par l'histoire de l'Algérie et qui, à son tour, devra continuer à forger l'listoire de l'Algérie. Il connaît les tourments qu'ont connus d'autres partis issus du grand mouvement de libération nationale du XXe siècle dans d'autres pays pour n'avoir pas su adapter son discours et son projet à l'accélération de l'histoire et à l'évolution de la société. Mais il n'est pas du tout trop tard.
Le FLN pour lequel je milite est celui du progrès et de la justice sociale, de l'algérianité et de l'authenticité, de l'Etat de droit. En un mot, de nationalisme, de progrès et d'ouverture sur les autres. Il est actuellement victime d'une myopie qui veut le cantonner à être un simple appareil électoral, ce qu'il a été pendant une période du parti unique, mais il ne peut rester dans ce cantonnement à l'ère du pluralisme et des défis que nous posent les extrémismes. Voilà le camp auquel j'appartiens.
- Le FLN n'est plus seulement un parti du pouvoir, il apparaît de plus en plus comme une espèce d'antichambre du cabinet noir du clan présidentiel. Le parti a-t-il été investi d'une mission spéciale décidée ailleurs qu'au sein de ses instances ?
Je ne vois pas les choses de la même manière que vous. Président de la République et Présidence sont des institutions de l'Etat algérien qu'on ne peut en aucun cas asservir à un clan quelconque ou mêler en permanence à la crise du FLN qui, je vous le rappelle, a commencé avec l'ancien secrétaire général du FLN, Ali Benflis. C'était, dès ce moment, une bonne opportunité de rénover le FLN dans sa pratique politique, dans son organisation et dans son programme.
Les querelles de leadership qui ont continué par la suite n'ont été que le reflet d'un processus délibéré de ne pas lui permettre de jouer pleinement son rôle de parti politique majoritaire dans le sens plein du terme et de devenir un centre de décision dans tous les domaines de la vie politique, sociale et économique, c'est-à-dire agir dans ce qui est sa raison d'être. Le résultat est qu'il est plus assujetti à l'administration qu'il ne l'a jamais été.
Lui donner une direction légitimée par le scrutin secret dans une compétition ouverte et dans des conditions régulières et transparentes aurait permis de franchir une importante étape dans sa démocratisation et, surtout, donner la force et la crédibilité nécessaire à cette direction pour faire aboutir les choix fondamentaux de ce parti, puisqu'il reste majoritaire et fortement implanté dans le pays par ses militants et ses élus.
- Y a-t-il aujourd'hui au parti un débat sur les grandes questions qui agitent le pays ? Le FLN est-il otage de Saadani et de son équipe ?
Votre question rejoint la précédente et y trouve partiellement sa réponse. Les grandes questions qui agitent le pays sont totalement occultées par des actions tout à fait secondaires et marginales, à caractère organique, qui accentuent les divisions. Le parti est perçu comme un simple appareil électoral qui n'a pas à avoir des idées sur ce qui doit être fait pour répondre aux défis d'aujourd'hui et de demain. Un exemple significatif se situe dans ce qui se passe au Sud ou s'est passé à Ghardaïa, etc. Ce n'est pas du fait d'un manque d'intérêt, mais de l'affaiblissement du travail partisan qui affecte d'ailleurs tous les partis.
L'administration fait la politique à la place des partis. Vous voyez bien que la profondeur du problème dépasse largement la question de telle ou telle personne ou de telle ou telle équipe. C'est le vrai sens du multipartisme et de la possibilité d'alternance qui n'a pas encore été bien assimilé et n'est pas encore passé dans notre culture politique. Or, il faudra bien que cela se fasse et nos voisins tunisiens nous le prouvent bien et avec brio.
- Comment sortir du climat de contestation permanente et de succession programmée dans lequel baigne le FLN depuis plusieurs années ?
Pour que le FLN se sorte de ce climat, il faut d'abord convaincre les partenaires et sympathisants du FLN qui se situent dans l'appareil d'Etat qu'un FLN fort et crédible est une nécessité pour le pays et que c'est en son sein que devra se ressourcer la nouvelle génération de l'élite politique qui croit aux valeurs du nationalisme politique et économique.
Nous avons d'autres courants politiques dans le pays qui sont internationalistes (vert ou rouge) ou régionalistes. C'est leur choix. Nous défendons le nôtre, à côté des partis de notre mouvance. Ils défendent le leur. Quant à la solution interne au FLN, elle n'existe que par la défense de la démocratie interne et l'appel au verdict des urnes, y compris lors d'un congrès. Même ceux qui ont été à l'école du stalinisme ont abandonné les congrès à main levée et les résolutions approuvées sans débat.
- Des initiatives sur la transition démocratique, pilotées la première par les forces politiques regroupées autour de la Commission nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) et la seconde par le FFS sont engagées. Quelle analyse faites-vous de la situation politique et institutionnelle du pays, 9 mois après l'élection de Bouteflika pour un 4e mandat ?
Il est vrai que des préoccupations sont exprimées avec plus ou moins d'alarmisme. Des inquiétudes sincères traversent les citoyens sur l'avenir en raison du désordre à nos frontières, de la chute du prix du pétrole, de l'apparition de symptômes qui n'ont jamais existé auparavant tels que des services de sécurité parmi les plus efficaces de la planète agressés verbalement de l'intérieur même du système, des policiers qui font des marches etc.
Nos concitoyens ne veulent plus souffrir à nouveau des errements de leur classe politique qui nous ont valu une décennie sanglante dont le pays vient à peine de se remettre. On se pose des questions sur la façon dont se fera la relève de la génération du 1er Novembre afin d'éviter l'aventurisme et l'abandon de nos valeurs de souveraineté et d'indépendance, etc.
On voit déjà des responsables se positionner pour être les futurs Ben Ali de Bourguiba façon algérienne. Puissent Dieu et l'armée nous en protéger. Voilà, entre autres, les causes de cette inquiétude. C'est pour cela qu'on voit fleurir ces initiatives plus ou moins réalistes, plus ou moins teintées de subjectivité. Mais personne ne peut reprocher à des Algériens de proposer ce qu'ils pensent être le mieux pour leur pays, même quand on ne partage pas leur opinion.
- En tant qu'ancien parlementaire et ex-président de l'APN qu'est-ce qui, selon vous, devrait changer dans la Constitution pour sa mise à niveau démocratique ? La question de l'opportunité de cette révision ne fait pas l'unanimité dans la classe politique...
Vous comprendrez parfaitement que je ne sois pas d'accord avec ces préjugés. Dans un Etat de droit, les changements se font par la loi, et évidemment en commençant par la Loi fondamentale. Je pense que c'est même le moment le plus opportun en raison de cette phase de transition générationnelle. C'est le contenu qui déterminera si nous avons ou pas franchi une nouvelle étape dans le renforcement de la démocratie parlementaire et du pluralisme politique.
Nous n'allons rien inventer en la matière ni apporter un nouveau système institutionnel au monde. C'est le moment de renforcer la séparation des pouvoirs, de décentraliser les décisions et de valoriser le rôle des partis les plus représentatifs en déchargeant l'administration de tout ce qui n'est pas sa mission spécifique. Il n'y a que ceux qui n'y trouvent pas d'intérêt qui pensent que les Algériens ne sont pas murs pour la démocratie. Le peuple algérien a souvent démontré qu'il était en avance sur ses dirigeants, et cela avant même l'indépendance.
- Le pays est aujourd'hui confronté à de multiples défis : sécuritaire, économique, social. La maladie du Président n'arrange guère les choses. L'opposition parle de blocage des institutions, de paralysie du pays, de vacance du pouvoir…
Cette question touche au cœur même de ce qui doit être l'objectif commun de tous les Algériens et qui est l'essence même de tout projet politique. Souvenez-vous du temps où notre ambition était de devenir la Prusse du Maghreb, ou encore d'atteindre le niveau économique de l'Espagne. Malheureusement, les faiblesses de leadership et les stratégies de pouvoir ont prédominé sur les stratégies de développement et nous ont menés vers une décennie sanglante. Ce sont ces leçons qu'il nous faut tirer de notre propre histoire et ne pas retomber dans des décisions qui arrivent toujours trop tard et toujours trop peu.
Je ne partage pas le point de vue de ceux qui parlent de vacance de pouvoir. Je vous illustre cela par un exemple, pour étayer mes propos précédents : si vous avez une voiture qui a une carrosserie de Mercedes et un moteur qui fonctionne comme celui d'une 2CV, le meilleur conducteur du monde n'y pourra rien. Quand le moteur est à bout de souffle, il faut le gonfler et faire sa mise au point. C'est en cela que je parle d'une accélération des réformes dans tous les domaines. Ce que vous constatez, ce sont les effets de l'hypercentralisation et d'une chaîne de commandement grippée.
Ce ne sont pas les hommes qui sont en cause, mais un mode de gouvernance qui n'a pas beaucoup évolué en 50 ans. Ce que je vous dis là, je l'affirmais déjà quand j'exerçais des responsabilités au plus haut niveau. Et je suis bien placé pour évaluer ce qui doit être réformé ou rénové ou modifié dans notre gouvernance. De grands Etats ont réussi à faire évoluer leur système ou à le changer sans attendre de faux printemps car sans cela, ils risquaient de disparaître de l'histoire ou d'y entrer à reculons. C'est là où le patriotisme prend son vrai sens car gouverner, c'est prévoir.
Pour le reste, vous savez aussi bien que moi que l'économie est notre vrai talon d'Achille et que c'est de ce côté-là que se déclenchent les vraies catastrophes qui peuvent gager l'avenir d'un pays. Il nous faut méditer sur l'évolution d'un pays comme la Malaisie, qui était moins développé que l'Algérie au moment de son indépendance, ou encore les bonds en avant que fait le Vietnam. Il est vrai que dans ces pays, il n'y a pas de place pour le populisme et les bonnes stratégies économiques ont été mises en œuvre sans tergiversations.
- L'islam politique reprend du poil de la bête, comme on l'a vu avec les marches de ce vendredi. Comment expliquez-vous ce regain d'activisme de forces condamnées par l'histoire ?
Vous savez que les dernières manifestations étaient, pour le courant islamiste, un moyen d'évaluation de ses capacités de mobilisation des foules sur un sujet auquel nous sommes tous sensibles. Je considère justement que, de ce point de vue-là, ils ont fait un vrai fiasco. Je vous disais que le peuple algérien est un peuple intelligent et que les activismes trouvent leur réponse dans la réaction d'indifférence de nos concitoyens. Ceci dit, nul n'a fait autant de mal à l'islam et aux musulmans que les takfiristes et cela, depuis l'apparition de l'islam.
Aucune forme de concession ne doit leur être faite, depuis l'enseignement dans les écoles ou les mosquées jusqu'à l'application de la loi dans toute sa rigueur. Ce cancer n'est plus la maladie d'un seul pays, mais celui de tout le monde musulman, dont la civilisation et les vraies valeurs sont mises en péril.


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