Faut-il croire à une nouvelle offensive qatarie contre les intérêts de l'Algérie ? Alors que partout dans le monde arabe, des voix s'élèvent en Tunisie, en Libye ou encore en Egypte pour stigmatiser et dénoncer le rôle nuisible de ce «gazo-émirat», aujourd'hui en perte de vitesse. L'exception vient de chez nous, où un simple président-directeur général d'une tête de pont économique de l'émirat, à travers un groupe de téléphonie, se permet de menacer de rétorsion tous ceux – entendre par là les médias – qui attaqueraient les intérêts du Qatar et «du pays» qui a déroulé un tapis rouge à l'émir et ses affidés. Privés de publicité seront les récalcitrants. Mais le plus surprenant dans cette affaire, c'est l'absence de réaction officielle à ce que sous d'autres cieux est considéré comme de l'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays hôte qui permet à l'émirat et à ses têtes de pont de fructifier leurs investissements de manière exponentielle. Une attitude inamicale et non fraternelle de la part d'un dirigeant du groupe qatari qui aurait nécessité au moins une demande d'explication et la convocation des représentants diplomatiques de ce pays au siège du ministère des Affaires étrangères ! On n'oubliera pas de sitôt que sous le «règne» de Bouteflika, on n'en est pas au premier affront qatari contre l'Algérie, sans que cela n'émeuve le moins du monde nos officiels jusqu'à la présidence de la République. On a tous en mémoire la menace directe du sinistre ancien Premier ministre de l'émirat contre l'Algérie, à travers Mourad Medelci, alors ministre des Affaires étrangères, à travers la sentence : «Votre tour viendra» sans que cela suscite la moindre réaction d'El Mouradia. Cette provocation vient couronner le chantage à la publicité, orchestré par le ministre de la Communication, contre tous les journaux qui ont critiqué le quatrième mandat ou pour le moins soutenu que ce n'était pas le bon choix pour l'Algérie. La question de savoir pourquoi une telle attitude timorée de la part des officiels algériens à l'égard de l'émirat trouve sa réponse dans cette logique du pouvoir actuel dans son acharnement contre la presse indépendante et les libertés fondamentales d'expression, d'opinion et de réunion. Comme l'émirat ne fait rien pour rien, voilà que l'on miroite de nouveau le fameux complexe sidérurgique de Bellara, voué comme un exemple de coopération algéro-qatarie ; coopération somme toute virtuelle, puisque jusqu'à présent la région ne voit rien venir. Alors que des investisseurs nationaux qui, à l'instar d'Issad Rebrab, ont manifesté leur intérêt pour le projet, ont tout simplement été écartés. On leur a préféré de fumeuses entreprises qataries sur instruction venue «d'en haut». C'est sans doute là la «reconnaissance du ventre».