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«Nous rejoignons nos parents dans leur combat pour la dignité»
M'hamed Kaki. Président de l'association Les Oranges
Publié dans El Watan le 18 - 04 - 2015

M'hamed Kaki est président de l'association Les Oranges, à l'initiative d'une pétition mise en ligne sur www.lesoranges.com le 22 mars dernier pour demander la reconnaissance par l'Etat français des massacres du 8 Mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherata.
Propos recueillis par
Nadjia Bouzeghrane
Un collectif d'associations — dont Au nom de la mémoire, le Collectif 17 Octobre 1961 contre l'oubli, le MRAP, la Ligue des droits de l'homme — des syndicats, des partis et des personnalités politiques vient de se constituer autour de cette exigence.

Votre association est à l'origine d'une pétition sur la reconnaissance des massacres du 8 Mai 1945 en Algérie. Pourquoi cette pétition ?
Cette pétition découle d'un processus, d'un long travail de mémoire que nous faisons, nous Français, héritiers de l'immigration algérienne depuis les années 1980, pour que l'Etat français reconnaisse ses crimes et méfaits coloniaux en Algérie mais aussi en France, dont les massacres du 17 Octobre 1961 à Paris et du 8 Mai 1945 à Sétif, Guelma, Kherata, et aussi pour combattre les discriminations dont nous faisons l'objet ainsi que nos enfants encore aujourd'hui. Le 3 décembre 1983, plus de 100 000 citoyens issus de l'immigration algérienne convergeaient vers Paris après une longue marche à travers la France pour réclamer l'égalité des droits. Nous pensions qu'après cette marche, les discriminations seraient derrière nous. Il y a un racisme spécifique anti-algérien en France.
C'est-à-dire ?
Lorsqu'il est question de l'Algérie, des Algériens, des enfants de l'immigration algérienne, une violence verbale inouïe ressort, résultant d'un passé qui ne passe pas. En 1968, lorsque j'étais au CP, le maître d'école, un ancien d'Algérie, nous disait : «Avec les Arabes, il n'y a que le bâton qui marche, je vous connais, je connais vos parents.» Une partie des jeunes de ma génération a été «fracassée» aux sens propre et figuré, a connu l'échec scolaire. Dans les années 1970, la police nous appelait «fellaghas». Aujourd'hui, les préjugés se métamorphosent, ils sont plus subtils. S'il y a un legs de nos parents, c'est de ne pas baisser la tête. Nous nous battons dans la durée.
Nous ne désarmons pas politiquement tant que les injustices continuent. Nous rejoignons ainsi nos parents dans leur combat pour la dignité. La violence est verbale, le racisme se banalise. Nous sommes dans un processus de déconstruction de cette violence historique, symbolique, qui continue.
Comment procédez-vous ?
Par un travail mémoriel, lequel se différencie de la mémoire du pathos, de la victimisation, pour dire et montrer à l'opinion publique et aux enfants héritiers de la colonisation que nous ne sommes pas des héritiers de rien. Pour ce faire, notre objectif est d'associer les intelligences en France et ailleurs pour lutter contre les préjugés dont nous faisons l'objet. Nos leviers sont le théâtre, les colloques, les conférences et surtout l'action collective dans l'espace public, dans la durée et la régularité.
L'association Les Oranges est à l'initiative du premier boulevard au nom du 17 Octobre 1961 qui part de la Défense à Nanterre. Notre deuxième victoire a été qu'une rue et un groupe scolaire portent le nom du sociologue algérien Abdelmalek Sayad, collègue et ami de Pierre Bourdieu. Notre association est à l'origine d'une pièce de théâtre inédite sur le 17 Octobre 1961, La Pomme et le couteau ; cette pièce a permis à beaucoup de Français et en particulier aux jeunes de connaître l'histoire du 17 Octobre 1961.

Quel est votre objectif ?
L'histoire se construit dans l'espace public et, de fait, commence à être reconnue. Quand les citoyens circulent sur ce boulevard 17 Octobre 1961, ils se demandent ce qu'est ce 17 Octobre et c'est le début du savoir.
Les Français ont été amputés d'une partie de leur histoire.
Le 17 Octobre 1961, le 8 Mai 1945 ce n'est pas uniquement une histoire algérienne, c'est aussi une histoire française qui doit être inscrite dans les manuels scolaires. Nous ne voulons que restituer aux Français leur histoire à partir de notre mémoire. C'est notre devoir d'alerte, citoyen, humaniste, de dire voilà ce qu'on vous a caché. Et vous devez exiger avec nous la vérité historique. Nous nous inscrivons dans une mémoire qui convoque le passé pour mieux construire l'avenir, un mieux-vivre ensemble, une mémoire de la fraternité de part et d'autre de la Méditerranée.
Des associations, collectifs, personnalités politiques vous rejoignent dans votre initiative…
En effet, un collectif national vient de se constituer pour des actions en vue de la reconnaissance du 8 Mai 1945 élargi à des associations, des syndicats, des partis et des personnalités politiques. Un appel sera lancé par le collectif pour continuer à faire signer notre pétition. Parmi les initiatives, il y aura, le 8 mai prochain, sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris et en province, l'observation d'une minute de silence à la mémoire des victimes des massacres.
Quelles sont vos exigences ?
L'autre 8 Mai 1945 est un crime d'Etat commis contre des Algériens qui manifestaient pacifiquement, un jour de fête, de célébration de la victoire contre les nazis.
Pendant plusieurs semaines, l'armée française et de nombreuses milices coloniales, composées de civils d'origine européenne, ont fait régner la terreur pour rétablir l'ordre colonial et défendre l'Algérie française. Des dizaines de milliers de victimes furent arrêtées, torturées et exécutées sommairement.
Leurs enfants, frères ou proches qui revenaient du front, qui avaient contribué à la libération de la France et qui célébraient la victoire contre les nazis à Paris, ignoraient ce qu'on faisait chez eux, à leurs familles. Vous imaginez leurs sentiments quand ils apprirent la nouvelle ? Ce jour-là s'est définitivement ancré l'idée de l'indépendance de l'Algérie.
Dans notre pétition nationale, nous rappelons que depuis 70 ans, ces crimes commis par l'Etat et ceux qui le servaient ne sont pas reconnus. Une telle situation est inacceptable, car elle ajoute à ces massacres l'outrage aux victimes, à leurs descendants et à leurs proches. C'est pourquoi nous avons quatre exigences.
1) D'abord la reconnaissance des crimes d'Etat par les hautes autorités, par le président de la République, de manière solennelle et pas seulement par un communiqué – quand bien même c'est un premier pas – qui ne dit rien, comme cela a été le cas pour le cinquantième anniversaire du 17 Octobre 1961.
2) L'ouverture des archives à tous les historiens et à l'ensemble des citoyens. On l'a vu avec Jean-Luc Einaudi, un historien non professionnel qui avait fait un travail décisif sur la manifestation pacifique du 17 Octobre 1961 et sa brutale et sanglante répression. L'Etat algérien a également un devoir de mémoire envers les Français amis des Algériens qui ont embrassé la cause algérienne, et de reconnaissance à l'adresse de leurs familles.
3) la création d'un lieu de mémoire et de souvenir de l'autre 8 Mai 1945 à Paris, une journée noire pour les Algériens, de deuil.
4) Porter dans les manuels scolaires ces faits historiques, pour qu'ils soient à égalité avec les autres faits d'histoire.
Voilà pourquoi nous avons pris l'initiative de cette pétition et nous la plaçons dans une dimension historique, sociale et pour construire un avenir commun fait d'amitié sur des bases de confiance, d'échange entre l'Algérie et la France, qui s'élargit et agrège l'ensemble de la Méditerranée. Nous serons alors gagnants-gagnants.


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