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Procès El Khalifa Bank : Les derniers accusés à la barre
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Publié dans El Watan le 21 - 05 - 2015

Les derniers accusés poursuivis dans le cadre de l'affaire El Khalifa Bank ont été entendus, hier, par le tribunal criminel de Blida. Parmi eux Lynda Benouis, ex-directrice de la monétique, qui avait bénéficié d'un prêt qu'elle dit avoir restitué à Abdelmoumen, mais ce dernier nie en pleine audience. L'ex-directeur d'Antinea Airlines et directeur commercial de Khalifa Airways, Chafik Bourkaib, est revenu sur les circonstances douloureuses dans lesquelles il a été mis fin à ses fonctions et la cascade de directeurs — Medjahed, Djamel Zerrouk, Karim Boukadoum et Maâmar Djebour — qui lui ont succédé en moins de 6 mois.
Chafik Bourkaib, ancien cadre d'Air Algérie, compagnie qu'il a quittée en 1997 pour s'installer en Espagne comme consultant, avait rejoint Khalifa Airways en 1999 comme directeur commercial. «La compagnie n'était pas encore active. Abdelmoumen Khalifa m'a proposé de travailler avec lui. J'ai fait appel à un avocat pour qu'il rédige le contrat, parce que toute ma famille était en Espagne, il fallait que j'assure son déplacement. Quelque temps après, Moumen m'a demandé de prendre en charge Antinea Airlines, qu'il venait d'acheter. La condition que j'ai imposée était de ne pas quitter Khalifa Airways et d'avoir un autre salaire pour le poste à Antinea. Il a accepté.» Le juge le fait revenir aux faits.
Selon Bourkaib, «il y avait une situation de crise, les équipages recevaient quotidiennement des ordres de ne pas voler faute de paiement. Le 4 mars 2003, je reçois un fax de la banque, avec l'entête de Khalifa Aiways, mettant fin à mes fonctions à Antinea Airlines. J'ai écrit à la banque pour avoir des explications ; le lendemain (5 mars) je reçois un autre fax de Khalifa Airways, signé par Djamel Zerrouk, qui m'informe de ma fin de fonction chez Khalifa Airways. Je demande encore une fois des explications et aucune réponse ne me parvient ni de M. Khalifa ni d'Airways. Je recois une autre lettre, par fax, où encore une fois il était mis fin à mes fonctions, mais cette fois-ci signé par Karim Boukadoum, directeur général d'Antinea Airlines.
J'exécute la mesure. Je convoque une passation de consignes au siège d'Antinea, en présence des cadres. C'était le 9 mars 2003, peu de temps avant le dépôt des comptes de la société. Je demande à M. Hadadi, le directeur financier, de tout faire pour préparer le bilan de la société, remis d'ailleurs à temps. A l'époque, tous mes fichiers étaient dans la mémoire de cet ordinateur. raison pour laquelle je suis poursuivi aujourd'hui. Je l'ai gardé pour protéger les données qu'il contenait. Je l'ai remis à la gendarmerie moins d'une année après.
Mais j'ai continué à tenir des réunions avec Djamel Zerrouk de mars 2003 jusqu'à septembre 2003. Antinea avait des actifs importants, dont la base de Hassi Messaoud, cédée pour plusieurs millions de dollars par la liquidation». Le juge veut comprendre pourquoi il a été mis fin à ses fonctions, et Bourkaib explique : «J'ai été frappé par la violence et l'urgence à me faire quitter mes fonctions. M. Khalifa ne m'a pas informé. J'ai reçu la décision de quelqu'un qui signait pour la direction. En tout cas, moi-même, à ce jour, je n'y comprends rien. Fort heureusement, j'ai pris les bilans avec moi.» Le juge ne comprend toujours rien et insiste. L'accusé : «Je suis un manager, je sais gérer une société, des crises, mais pas les situations que je ne comprends pas.»
Le président lui signale que le groupe avait le droit de mettre fin à ses fonctions et Bourkaib réplique : «Je n'ai jamais refusé de remettre cet ordinateur que j'utilisais dans le cadre de mon travail. Lorsque la gendarmerie me l'a demandé, j'ai copié les informations sur des CD. Tous les directeurs, Medjahed, Djamel Zerrouk, Boukadoum et Maamar Djebour étaient au courant.» Le juge : «Maamar Djebour était journaliste sportif, comment voyez-vous sa nomination à la tête d'Antinea ?» L'accusé : «En fait, lorsqu'il a été nommé, je crois qu'il n'y avait plus rien à faire à Antinea…» A propos des deux salaires qu'il percevait —150 000 DA de Khalifa Airways et 150 000 DA de Antinea — il affirme avoir des contrats légaux et qu'il payait ses impôts en toute transparence.
Maître Lezzar lui demande si la lettre que lui a adressé M. Boukadoum était signée. L'accusé déclare qu'elle portait le paraphe de Abdelmoumen Khalifa, le PDG de Khalifa Airways, raison pour laquelle il avait décidé d'exécuter sa mise à fin de fonction. Me Lezzar lui demande des précisions sur cette base d'Antinea vendue par le liquidateur. «La base de vie était très importante pour moi parce qu'elle représentait le seul actif d'Antinea Ailines.
C'est sous ma direction qu'elle a été achevée. Elle comptait une partie bureaux et une autre sociale. Le liquidateur m'a posé des questions sur la procédure de son rachat, le mode de paiement, etc., et après j'ai entendu qu'une société italienne de catering l'avait rachetée. C'est facile de le vérifier, puisque la base porte aujourd'hui, le nom de la société.» Me Lezzar demande si elle était menacée de faillite. L'accusé répond : «C'était une excellente compagnie, spécialisée dans les charters touristiques.» Lynda Benouis lui succède à la barre. Elle aussi est poursuivie pour «abus de confiance». Elle était directrice de la monétique à El Khalifa Bank. Elle explique que les supports cartes étaient importés de France avant d'être personnalisés.
Pour ce qui est des MasterCard et American Express, des conventions liaient El Khalifa Bank aux représentants de leurs proriétaires à Beyrouth pour la MasterCard et au Bahrein pour l'American Express. «J'ai demandé à M. Alloui un crédit, et il m'a dit que c'était possible. J'ai été voir le PDG, M. Khalifa, et je lui ai expliqué la situation, que j'avais besoin de 9 millions de dinars pour l'achat d'un appartement. Nous habitions au 8e étage et ma mère n'en pouvait plus. Il m'a répondu : «Je vous prête ce montant et après vous remboursez».» Le juge : «Il vous a prêté de l'argent ou c'était un crédit ?»
L'accusée : «Ce n'était pas un crédit, mais un prêt.» Le juge : «Comment avez-vous reçu la somme ?» L'accusée : «J'ai remis le numéro de compte du propriétaire de l'appartement et El Khalifa Bank a viré le montant.» Le juge lui fait savoir que cet argent est celui de la banque, donc des déposants. L'accusée ne cesse de répéter que «c'était un prêt personnel». Elle ajoute : «J'ai remboursé en trois fois à Khalifa.» le juge : «D'où avez-vous eu l'argent ?» L'accusée : «Le mari de la tante à ma mère…» Le juge lui demande où il est, et elle répond : «Décédé en 2002.»
Le juge : «A qui avez-vous remis les montants ?» L'accusée persiste à dire que c'est à M. Khalifa : «J'ai été le voir à son bureau en lui disant que j'avais une première partie de l'argent, et que je voulais savoir où la verser. Il s'est levé et appelé M. Houssou, directeur de l'administration des moyens, pour lui demander de m'indiquer où je devais les verser. J'ai remis la première partie, 3 millions de dinars, à M. Moumen et les autres à M. Houssou.» Le juge lui rappelle qu'elle avait déclaré avoir remis les trois montants à Abdelmoumen Khalifa, qui était seul dans son bureau.
L'accusée : «Le juge m'a demandé si j'avais remboursé, je lui ai dit que j'avais tout remis à Abdelmoumen avec une lettre de remerciements.» Le juge : «Comment le PDG d'une banque, auquel vous écrivez une lettre de remerciements, vous renvoie la même lettre en mentionnant en marge que vous avez remboursé la totalité. Vous êtes en train de rabaisser le niveau du PDG.» L'accusée persiste à dire que c'était pour le remercier sur son geste. «Pourquoi n'avoir pas demandé à M. Houssou l'accusé de réception puisque vous dites que c'est à lui que vous avez remis l'argent ?» L'accusée : «Moi j'ai envoyé la lettre de remerciements et j'en ai profité pour demander un accusé de réception.»
Le juge se tourne vers le box des accusés : «M. Khalifa, en toute honnêteté et sincérité, avez-vous prêté de l'argent à l'accusée ? Si oui, vous a-t-elle remboursé ?» Abdelmoumen Khalifa : «Oui, je lui ai accordé un crédit, mais c'est la direction générale de la banque qui s'en est chargée. Le reste ce n'est pas important...» Le juge : «Avez-vous reçu de l'argent de sa part et écrit en marge de sa lettre l'avoir reçu ?» Abdelmoumen Khalifa : «Non, j'ai rien reçu et je n'ai rien écrit.» Le juge se tourne vers Lynda Benouis : «Vous m'avez obligé à faire cette confrontation parce que vous aviez dit au juge d'instruction avoir remis l'argent à Abdelmoumen lorsqu'il était absent et aujourd'hui vous dites que c'est à Houssou parce qu'il est là.» L'accusée : «Lui est accusé et moi aussi je le suis.» La confrontation semble avoir déstabilisé l'accusée.
«Je ne trahirais jamais mon pays, même si je porte un nom français»
Jean-Bernard Vialard, ancien commandant de bord à Air Algérie, avait rejoint Antinea Arlines en juillet 1999, en tant que directeur d'exploitation, après avoir abandonné son métier de pilote pour des raisons de santé. Il était chargé de la formation des pilotes et de leur qualification, pour la compagnie qui n'avait qu'un seul avion. Le juge l'interroge sur un micro-ordinateur qu'il aurait gardé. «Lorsque M. Medjahed, le directeur général, a mis fin à mes fonctions, je lui ai restitué l'ordinateur qui était à ma disposition et quand je suis revenu au mois de mai, je me suis rendu compte que cet ordinateur avait été piraté.
Il contenait des informations importantes. Des milliers de pages et de procédures qui permettent à celui qui s'en approprie de créer une autre compagnie. Quand j'ai vu cela, j'ai sauvergadé les fichiers sur un laptop que j'ai gardé pour préserver le contenu.» Le juge : «Vous aviez déclaré avoir pris cet ordinateur parce qu'ils ne vous ont pas payé durant 5 mois.» L'accusé : «Je l'ai gardé pour préserver les données et c'est le directeur général, Djamel Zerrouk qui me l'avait donné. Lorsque j'ai vu le communiqué d'Antinea sur les journaux, j'ai appelé le liquidateur. Je lui ai dit que j'aimerais le voir pour lui remettre tout ce que j'avais.
Mais il ne m'a pas rappelé. J'ai donné le micro aux gendarmes par la suite…» Il fond en larmes : «Monsieur le juge, mon père a été de ceux qui ont milité pour l'indépendance de l'Algérie. Il a été tué par l'OAS. Je suis un enfant d'Air Algérie, Je suis Algérien et jamais je ne pourrais trahir mon pays, même si je porte un nom français.» Un moment très émouvant qui pousse le juge à lui lancer : «Personne ne peut nier votre algérianité, pour preuve vous n'avez même pas besoin d'un interprète.» Le procureur général demande : «Sur 4 simulateurs de vol du Canada, seulement un est arrivé.
Qu'en est-il des autres ?» L'accusé : «Je ne sais pas. Il faut savoir que les simulateurs doivent répondre aux critères des avions utilisés.» Le magistrat l'interroge sur le nombre de directeurs généraux qui ont été à la tête d'Antinea et Vialard répond : «Jusqu'à la période où je suis parti, il y en a eu quatre : Bourkaib, Medjahed, Zerrouk et le dernier, un certain Djamel de la radio.» Me Lezzar, avocat de Abdelmoumen, demande si la mise en liquidation aurait pu avoir des conséquences sur la compagnie puisqu'il avait affirmé qu'elle fonctionnait bien de 2001 jusqu'en 2003. «C'est possible, parce que la majorité des avions étaient en leasing», répond l'accusé.
Ce dernier revient sur la formation des pilotes, qui doit être aux normes internationales et passer par différentes étapes, dont la première est d'être titulaire d'une carte de stagiaire délivrée par la direction de l'aviation civile algérienne. «Est-ce qu'ils étaient bien formés ?» «Je ne peux pas vous donner de réponse. Les stagiaires ont ce qu'on appelle le training record, qui est une sorte d'enregistrement des notes tout au long de la formation. Mais l'école n'a pas voulu nous remettre ce training record parce qu'elle n'a pas été payée», dit-il. Le juge : «Peut-on être accepté avec un niveau de terminale ?» L'accusé : «C'est très relatif ; d'autres paramètres entrent en jeu, mais l'élève pilote peut avoir des difficultés à suivre la formation.»
Deux accusés sont poursuivis pour «recel de produits de crimes». Le premier est Rachid Bensahoua, qui aurait acheté une voiture d'El Khalifa Bank que son beau-frère, Badreddine Chachoua, lui aurait remise. Il nie catégoriquement les faits. «Je voulais profiter de la réduction sur le prix. J'ai donné l'argent à mon beau-frère, Chachoua, pour me mettre sur la liste des achats groupés d'El Khalifa Bank. Quelque temps après je l'ai reçue et tous les papiers sont à mon nom.»
Le juge lui demande ce qu'est devenu le véhicule. Il répond que son beau-frère, Badreddine, l'a appelé pour lui dire que cette voiture était recherchée par la gendarmerie. Rachid Bensahoua l'a alors immédiatement restituée. Il dit l'avoir payée 2,30 millions de dinars, sans se rappeler des personnes qui ont bénéficié de cet achat groupé. Au procureur général qui l'interroge sur le lien entre lui et El Khalifa Bank et entre la voiture et Badreddine Chachoua, chez lequel le bon de commande a été retrouvé, il répond : «Je l'ai payée de ma poche et tous les papiers sont à mon nom.»
El Hadi Laagoune dit ne pas connaître Hafid Chachoua, mais son père, qui lui a déclaré que son fils voulait vendre sa villa. Deux mois plus tard, il l'a rencontré et relancé sur le sujet. La villa de deux étages se trouve au Village des artistes, à Zeralda. Après l'avoir visitée, il s'est entendu avec le père Chachoua pour le prix de 7 millions de dinars parce qu'il y avait des travaux à finir estimés à 4,5 millions de dinars, qui étaient à sa charge. «Quel était son prix à l'époque ?», demande le juge. «Un peu plus de 10 millions de dinars. Mais s'il m'avait demandé ce prix, je n'aurais pas pu l'acheter», affirme-t-il.


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