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L'exemple de l'université de Ouargla va marquer l'histoire de la classification des universités algériennes Meftouh Noureddine. Responsable de la bibliothèque du Cerist
L'université Kasdi Merbah de Ouargla (UKMO) a marqué l'année 2015 par une classification honorable à la 2e place nationale et la 1798e par le système «Webometrcis Ranking» qui marque la visibilité sur le web des universités d'Afrique. Classée à la 21e place juste après l'université Djilali Liabès de Sidi Bel Abbès, l'UKMO a célébré cet événement en février dernier comme une revanche d'une université du Sud qui instaure une tradition de respect des standards internationaux en matière d'intitulation et de gestion de la production scientifique des établissements universitaires à travers le monde. Ces standards incluent, entre autres, la numérisation des articles scientifiques et thèses de magistère et de doctorat des enseignants et chercheurs des universités, leur visibilité sur le portail propre à l'université, la mise en place d'un service d'e-learning, et la multiplication des publications dans des revues scientifiques de renommée internationale. Dans cet entretien accordé à «El Watan étudiant», en marge des journées de vulgarisation scientifique organisées à l'université de Ouargla, Meftouh Noureddine donne un éclairage sur cette opération qui passe aussi par le projet de modernisation de l'Université algérienne et la mise en place d'un portail des thèses. Le Cerist dans une exposition sur la lumière. Eclairez-nous... Le Cerist est présent pour se rapprocher de ses utilisateurs finaux à travers l'université dans l'ensemble de sa composante, que ce soient les enseignants, les étudiants et les laboratoires de recherche et nous sommes là pour présenter les résultats des recherches du centre ainsi que les projets développés pour cadrer le grand projet du ministère en matière de modernisation des université et dotation en documentations scientifiques et techniques nationales et internationales.. Quels sont les produits que vous présentez aujourd'hui ? Notre effort est axé sur le captage de l'information scientifique et le résultat des recherches faisant l'objet de soutenance et de publication. La multitude d'articles scientifiques publiés, les thèses de magistère et de doctorat sont confinés dans les bibliothèques locales propres à chaque établissement universitaire. L'année internationale sur la lumière est justement l'occasion de faire «la lumière» sur ces travaux et montrer aux concernés qu'un portail national du signalement des thèses leur est dédié et qu'il localise, collecte et valorise l'effort scientifique individuel mais aussi celui de l'établissement qui l'a parrainé. Notre second axe est d'interroger et d'exploiter l'ensemble des bases de données internationales où des étudiants et chercheurs algériens ont publié leurs articles et thèses, de rapatrier leurs œuvres pour alimenter le portail national de la production scientifique dans le but de garantir la visibilité, la sauvegarder pour les générations futures et constituer la mémoire du secteur au travers d'une bibliothèque virtuelle. Démarré en 2001, l'ensemble des universités algériennes y participent en signalant les axes de recherche en cours de réalisation et les thèses soutenues. La classification des universités par rapport à la production scientifique a valu à Ouargla la position de deuxième meilleure université en 2014 ; qu'en pensez-vous ? La classification des établissements universitaires est un sujet très sérieux à travers le monde. Des portails et plateformes opèrent des classements à travers des critères tels que le nombre de prix Nobel, l'infrastructure scientifique et le point fort est bien sûr la production scientifique. Et c'est là que l'apport du Cerist est déterminant en matière de captage de la littérature grise dormante au sein des universités algériennes, de l'injecter dans ces portails et d'en augmenter la visibilité. Celle-ci requiert actuellement un ensemble de critères, notamment bibliographiques pour se mettre aux standards internationaux afin que les différents portails indexent cette information scientifique et la partagent ; je citerai Scoppus, Eeasy et Thomson knowledge. Vous voulez dire qu'une université du Sud a pu se hisser aux standards internationaux quand des universités plus anciennes et mieux cotées ne l'ont pas fait ? Le classement de l'université de Ouargla en 2014 n'est pas un fait anodin, je pense que le staff managérial a pris conscience de l'utilité de profiter du système international de classification des établissements universitaires afin de se positionner. En valorisant la production scientifique de ses chercheurs, elle a réussi à valoriser l'établissement d'appartenance tout en gratifiant le thésard d'une valorisation personnelle. Pour se hisser au rang local, régional et mondial, il faut tabler sur les résultats scientifiques de l'établissement à travers la mise en place d'un système de normalisation des procédures de présentation des articles et des thèses parce que les moteurs de recherche fonctionnent sur la base de standards et protocoles permettant l'indexation et la cotation. Ouargla a su inciter ses chercheurs à alimenter la base de données locales et nationales, faisant d'eux des acteurs et une pierre d'angle du positionnement de l'université. Pourquoi Ouargla et pas Alger ou Oran dans ce cas ? Parce que l'université de Ouargla a instauré une politique efficace de collecte de la production scientifique, ce qui fait défaut ailleurs. D'autre part, cette production ne doit pas rester dans les boîtes d'archives, il faut qu'elle soit accessible, traitée selon les normes et standards internationaux, il faut qu'elle soit visible sur le portail de l'établissement et l'autre point est le signalement systématique du personnel, les chercheurs en l'occurrence qui ont joué le jeu et signalé leur appartenance à l'université Kasdi Merbah de Ouargla. Ils se sont imprégnés de ces pratiques, se sont conformés aux standards, publié dans les meilleures revues scientifiques, celles ayant des comités de rédaction internationaux et je pense que cet exemple va marquer l'histoire de la classification des universités algériennes et avoir un effet d'entraînement dans les années à venir.
