Durant le mois sacré de Ramadhan, les nombreux restaurants Errahma sont fréquentés par un nombre grandissant de personnes nécessiteuses. Ces restaurants sont ouverts pour accueillir des milliers de sans-abri, de familles défavorisées, de manœuvres des chantiers ou même des voyageurs de passage. A El Biar, trois restaurants se répartissent la tâche de servir des repas chauds pour les nombreuses personnes déshéritées. Cependant, le restaurant le plus convoité par ces nombreuses personnes est celui des frères Meddah, Juba et Ghiles, accompagnés à de leurs amis Hamza et Houari. Ce restaurant a acquis une certaine réputation, d'après les nombreuses personnes rencontrées sur place. Après avoir parcouru plusieurs wilayas du pays, ces deux jeunes ont décidé de prendre en charge, à leurs frais, les besoins de personnes défavorisées dans le Sud, en leur offrant des habits et de la nourriture. «Je m'appelle Juba, j'ai 28 ans. Avec mon frère jumeau Ghiles, nous nous sommes lancés dans cette opération il y a quatre ans. La première fois, nous avons lancé un restaurant Errahma à Sidi Yahia. Nous avons continué sur la même lancée, et depuis deux ans nous sommes à El Biar dans ce restaurant. En plus d'une nourriture saine et variée, nous offrons un cadre propre et confortable que d'autres restaurants ne proposent pas. Le ftour que nous distribuons se compose essentiellement d'une chorba, d'un hors-d'œuvre varié et d'un plat de résistance qui change tous les jours. Nous donnons en plus de l'eau, de la limonade, du jus et du yaourt», explique le jeune homme. Le chef cuisinier, à l'instar des autres agents du restaurant, est un bénévole. Il se donne corps et âme à la préparation du ftour pour 130 personnes. «Je m'appelle Farid Abed, je travaille au restaurant Marco Polo comme chef cuisinier. Ce restaurant fait également office de restaurant Errahma durant le mois sacré. J'ai 33 ans d'expérience et comme tous les chefs cuisiniers, mon engouement pour la cuisine a débuté dès mon jeune âge. Je m'installais dans la cuisine avec ma mère et j'observais attentivement les nombreuses compositions et les mets qu'elle nous préparait. Au fur et à mesure que les années passaient, je me documentais de plus en plus, notamment sur les recettes et la gastronomie algérienne. J'ai effectué plusieurs formations dans des hôtels de renom et j'ai également fait des stages en Tunisie et à Venise pour me diversifier dans la gastronomie salée et sucrée», confie le chef cuisinier. Dans la cuisine, les bénévoles s'affairent autour du chef. Deux jeunes filles l'assistent dans son travail. Elles s'activent à éplucher, laver, nettoyer, déplacer... Elles exécutent les ordres du chef sans rechigner. «Nous venons ici chaque année bénévolement. Nous aidons le chef cuisinier durant son travail derrière les fourneaux, en lui fournissant tout ce dont il a besoin. Nous aidons également à la préparation des repas et des plats qui seront servis le soir. Nous faisons en sorte de répartir les portions équitablement dans chaque assiette. Notre but n'est pas de discriminer qui que ce soit, mais plutôt de leur servir des repas savoureux, frais et consistants», explique Nayla, jeune universitaire de 23 ans. Vers 19h30, les jeûneurs commencent à affluer. Une équipe de jeunes bénévoles prend le relais au restaurant. Ils sont plus nombreux et surtout plus en forme. Ces derniers se disent d'attaque pour gérer les 130 couverts et une vingtaine de repas à emporter qui seront emballés et servis entre 19h45 et 20h10. Durant le service, les jeunes bénévoles, hommes et femmes, se pressent derrière les fourneaux. D'autres s'activent entre les tables afin de donner aux nombreuses personnes présentes tout ce qui leur faut. Dans cette atmosphère mouvementée, la fatigue se dissipe pour laisser place à la dynamique. Le mot de la fin revient au propriétaire du restaurant qui accueille ces jeunes et leurs amis : «Chaque année, je préfère travailler avec les mêmes personnes en leur donnant mes locaux pour accueillir les défavorisés. L'initiative en elle-même est louable. J'espère que nous pourrons continuer ainsi durant les années à venir. Les temps sont durs et faire preuve de charité et de volonté prouve qu'il y a encore des gens prêts à se sacrifier pour redonner le sourire et remonter le moral aux nombreux défavorisés». conclut Raouli Abdelkrim.
