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De la responsabilité du pouvoir dans la crise du M'zab
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Publié dans El Watan le 09 - 07 - 2015


Par Rostom El Djazaïri
Universitaire
Le M'zab vit, depuis décembre 2013, des événements dramatiques et une crise sans précédent dans ses mille ans d'histoire. Le pouvoir s'est impliqué directement à travers les institutions qu'il manipule, dans une logique hargneuse à l'endroit de la communauté mozabite et fortement hasardeuse pour l'unité de l'Algérie qu'il est censé défendre.
La présente contribution s'inscrit dans le cadre d'un effort de recherche de vérité sur les graves événements que vit le M'zab. Elle tente de comprendre les multiples raisons ayant concouru, à un moment précis de l'histoire de l'Algérie indépendante, à l'émergence de la violence comme ultime forme d'expression entre les deux communautés qui vivaient ensemble depuis quelques siècles : la communauté amazighe mozabite, adepte du rite ibadite, d'une part, et d'autre part le arch des chaâmbas, d'origine hilalienne, et d'autres tribus alliées constituant la communauté arabe autochtone, de rite malékite.
Cette modeste contribution constitue en fait un support pour un débat clarificateur sur la base de faits et données pris dans leur dynamique sociale dans un contexte socio-politique déterminé. La mise en exergue des méthodes utilisées, des mécanismes mis en œuvre et des responsabilités dans la crise du M'zab devra aider à la mise en place d'une politique basée sur une démarche d'intégration citoyenne, où les valeurs de reconnaissance mutuelle entre toutes les communautés dans le respect des différences, et le rejet de l'exclusion et la stigmatisation, sous l'œil vigilant d'un Etat républicain fort et juste, devront constituer le socle du savoir-vivre entre tous les citoyens.
Notre intention est d'exprimer à partir de notre position de simple citoyen appartenant à la communauté mozabite, un point de vue de citoyen algérien recherchant à travers la clarification, la définition et la franche délimitation des responsabilités, non pas la stigmatisation et les dénonciation stériles, mais le heurt des consciences à tous les échelons de la base populaire, de la société civile et du mouvement associatif, des organisations politiques et humanitaires, des pôles culturels et médiatiques, et l'interpellation solennelle des centres décisionnels du pouvoir pour susciter et assurer à la civilisation du M'zab et sa communauté la simple reconnaissance, le respect républicain, le rejet des dénis, et l'égal accès aux libertés et droits démocratiques et sécuritaires.
I)- EVENEMENTS DU M'ZAB ET LEUR SIGNIFICATION :
- Drames du M'zab :
En effet, depuis plus de 12 mois, plus d'une année entière de ses jours interminables et ses nuits infernales, Ghardaïa et toute la vallée du M'zab brûlent, dans une implacable logique d'atteinte aux vies humaines et de tentatives de mise à terre de tous les vestiges de la vie sociale, cultuelle, culturelle, économique et commerciale. La mort et l'horreur, le sang et la terreur, la folie meurtrière et la furie incendiaire, les atteintes aux symboles et aux croyances et les exactions morales se conjuguent au quotidien.
Le M'zab est à feu et à sang. La violence devient la seule forme d'expression sociale pour asseoir leur domination, pour certains, et le seul recours pour demeurer en vie pour d'autres. La violence a atteint son paroxysme avec ses contours abjects.
C'est dans le froid hivernal de cette terre si généreuse, irriguée par l'humanisme d'une civilisation où les valeurs du travail et du sens du devoir (envers Dieu et ses créatures) lui dictent sa démarche et son orientation, et c'est dans la chaleur caniculaire de cette contrée rocailleuse du «désert de tous les déserts» où la vie, elle-même, se confond immanquablement et irrésistiblement avec son sens le plus intime : la paix, la sérénité et la stabilité, que s'est alors effrontément et effroyablement incrustée, par la force du diktat, la violence insolente et impudente.
Cette violence incarnait et exploitait le comportement hideux de la bêtise humaine.
Comme nous l'enseigne l'histoire, les logiques implacables des despotismes lâches et agonisants s'appuient toujours, outre sur leurs invétérées clientèles, sur les divisions manipulatrices des incompréhensions frustes, des faiblesses mesquines, des prédispositions maladives, et des intérêts étroits de groupes sociaux pour tenter de briser tous les maillons de résistance au diktat en commençant par le plus faible. Et l'histoire se répète.
Dans ce XXIe siècle, le M'zab et sa communauté mozabite subissent et affrontent un sérieux processus évolutif de dérives violentes et d'élargissement des espaces d'exclusion et du non-droit.
Des citoyens mozabites algériens ont été atrocement torturés, massacrés, mutilés, et tués de sang-froid, par d'autres algériens,pourtant depuis bien longtemps leurs voisins. Des blessés ont été irrémédiablement atteints, des familles entièrement déracinées de leur quartier sous la menace et la terreur et sous le slogan témoin «irhal» (partez), inscrit sur les façades des murs des maisons et commerces mozabites.
C'est là l'expression d'une politique de séparation ethnique, faisant suite aux campagnes de stigmatisation communautaire, soubassement d'un processus à double voie.
Pour le pouvoir, la voie consisterait à dicter à la communauté mozabite, sous la menace et la terreur savamment dosées, distillées et sous-traitées, les termes de sa soumission, du rejet de toute émancipation républicaine ou aspiration démocratique, du renoncement à sa différenciation, de l'application du processus de sa désintégration, et l'extinction historique de sa civilisation.
L'autre voie qui relève des suppôts de la communauté arabe autochtone, porterait sur la poursuite sans relâche de la violence, «légalisée et dûment entretenue» par ceux censés la combattre, devenus des parrains qualifiés à travers différents groupes de corps de sécurité disqualifiés.
Une violence toute violente, considérée comme expression de valorisation sociale, et fait nouveau, de volonté d'affermissement politique de rapports de domination sur la communauté mozabite. N'est-ce pas l'apanage du scellement d'un partenariat clair-obscur des forces du pouvoir avec ses suppôts de la communauté arabe autochtone, en vue d'une historique mise à genoux par tous moyens du M'zab, ou seulement d'une mission ponctuelle (d'un relais-fusible) tendant à terroriser les mozabites pour les contraindre de revenir au droit chemin de leur «sage et habituelle soumission» ?
Le niveau de concrétisation de cette mission s'est accéléré. On procède à l'encerclement total de tous les espaces d'habitation mozabites. Les k'sars et alentours immédiats sont isolés. Entre ces k'sar, dans toute l'étendue de la vallée, les hordes des assaillants ont toute latitude de se déplacer sans contrainte aucune, et ils se portent assistance. Dans cette légale facilité de déplacement, des attaques surprises sont menées ici et là, incendiant après pillage systématique tout bien à identité mozabite :
- Biens matériels :
Des centaines de maisons avec équipements, des centaines de jardins et de plantations et équipements agricoles d'irrigation, des dizaines de véhicules, des centaines de magasins, tous les magasins sis sous la zone d'occupation de ces hordes, des magasins bien achalandés dans la pure tradition du commerce mozabite.
En outre, et fait inédit, en une seule demi-journée, tous les magasins de gros et détails, les mieux fournis et les plus équipés, avec des stocks colossaux en marchandises : de la grande et petite quincaillerie, de l'électroménager, de la grande parfumerie et articles de beauté, de la lingerie aux vêtements de haute qualité, des articles de décoration intérieure, de la faïencerie aux dalles de sol de luxe et à la plomberie sanitaire de haut standing, de la grande épicerie aux articles d'électricité générale, sans omettre les pharmacies et autres enseignes, sans exception aucune, sis dans la grande avenue du 1er Novembre, traversant le quartier dit Théniet el makhzen, ont été systématiquement pillés.
Tout cela a été entrepris au sein de cette avenue alors qu'elle est attenante à la wilaya et au groupement de la Gendarmerie nationale et au sein de laquelle sont implantés le centre du secteur opérationnel de l'armée, le lieu le mieux surveillé de toute la vallée du M'zab, ainsi que des agences bancaires, de toutes les agences de téléphonie mobile, certaines directions de wilaya et autres administrations. Avenue sous haute surveillance.
Un pillage effectué dans une cohue indescriptible d'adultes, jeunes et vieux, de femmes voilées, semi-voilées ou non, d'enfants surexcités par leurs découvertes, dans un ballet de va-et-vient marathonien ininterrompu pour assurer à l'aller les bonnes prises et au retour les bonnes cachettes. Puis enfin rassasiés, les pyromanes, dans un élan gigantesque de levée des torches, s'adonnent ardemment à la furie incendiaire de l'un après l'autre de ces magasins tristement éventrés et éviscérés puis enfin carbonisés.
Ainsi, comme si de rien n'était, des centaines de milliards de dinars évaporés (sans aucune information, à ce jour, sur l'entame d'enquêtes ou de poursuites policières et judiciaires ?) par la grâce des extorqueurs devenus des héros sanctifiés et respectés aux yeux des leurs, et par la grâce des forces de sécurité qui se sont, sur injonction de leurs hiérarchies directes et indirectes (?), évaporées elles aussi. Ne fallait-il pas que leurs suppôts, en mission ponctuelle commandée, soient largement rémunérés ?
- Biens agricoles et fauniques :
Au périmètre agricole Laâdira, en amont de la palmeraie de Ghardaïa, des jardins arrosés par les sueurs d'hommes échinés à longueur d'année à vivifier péniblement, parcelle après parcelle, sou après sou, dans la rudesse des hivers grelottants, des canicules suffocantes et des vents de sable étouffants et aveuglants, sont incendiés par des groupes agissant souvent à visage découvert.
Dans une intention stupidement maladive de tuer l'effort et la vie, ces groupes n'épargnaient ni plants, arrachés des racines, ni légumes, piétinés, ni arbres fruitiers et palmiers brûlés, ni vaches éventrées, chèvres et moutons, volés ou brûlés vifs, et poulaillers, vidés, ni moyens de pompage et d'arrosage, détruits ou jetés aux fonds des puits… Cela sous les yeux vigilants de gendarmes tirant leurs bombes lacrymogènes sur les jeunes Mozabites accourus défendre les biens des leurs. Ces hordes se pavanaient allègrement au milieu des gendarmes, à l'intérieur des plantations mozabites.
- Biens cultuels :
*Profanation de plusieurs mosquées et moçallas, (Cheikh Ammi Saïd, Cheikh Baba Ouldjemma – Cheikh Baba Salah – Mélika bas...). Cet acharnement d'incendier et de profaner intervient toujours après le traditionnel rituel du pillage, devenu pour cette circonstance précise, un pillage hallal et sacré car profanant des lieux de culte des «mécréants ibadites doublés de kharidjisme».
*Profanations immorales et ignobles des cimetières, avec déterrement d'ossements humains, et destruction de mausolées, où la police encore une fois supervise l'opération en bon instructeur. Ces scènes filmées avaient fait le tour du monde.
*Tentatives maintes fois repoussées d'effraction et d'incendie d'instituts coraniques et de Dar El Coraâne. Cela se déroule sous le silence assourdissant de leurs imams, dont certains, en imposteurs, se prévalent de titre d'encadreurs attitrés des imams.
- Biens culturels :
Monuments historiques : le moçalla cheikh Ammi Saïd, le mausolée cheikh Ammi Moussa, et lehaut lieu de la mémoire collective du M'zab : Ba Abderrahmane El Kourti, patrimoine de l'Humanité, classés comme tels par l'Unesco, détruits ou endommagés, ou profanés; et l'établissement public de protection et de promotion de la vallée du M'zab partiellement incendié.
La liste des scandales est interminable ! Silence ! On laisse faire ! Il faut entretenir et attiser les violences, toutes les violences ! Il faut les multiplier ! Il faut assurer la sécurité de l'impunité ! L'ordre de l'impunité !
Le M'zab est exclu de la République !
Par ailleurs, et comme par hasard, tous les approvisionnements et les services sont coupés aux seuls Mozabites : interdiction aux Mozabites d'accès à l'hôpital, aux stations de carburants, aux multiples services administratifs, aux approvisionnements et même aux services des agences de téléphonie mobile,….
Des «vrais-faux barrages antimozabites» sur certains tronçons de la RN1 ont été rapportés. C'est un véritable plan élaboré d'asphyxie de toute une population, doublé d'une démarche calomnieuse et machiavélique bien structurée visant l'isolement moral, politique et médiatique de celle-ci.


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