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«Les années fastes sont derrière nous»
Zine Barka. Professeur de Finances Publiques à l'Université de Tlemcen
Publié dans El Watan le 07 - 09 - 2015

Beaucoup d'experts et économistes prédisent la pire crise que l'Algérie ait jamais connue face à la chute des prix du pétrole. Dramatisation ou dure réalité ?
La chute des prix du pétrole, suivie d'un rétrécissement des recettes budgétaires est source de préoccupation réelle et d'incertitude pour ce qui est du futur proche. L'avenir fait peur, car tous les indicateurs sont au rouge.
Les politiques les plus avisés reconnaissent, après un long silence, que l'Algérie fait face actuellement à une «réelle crise financière» qui induira une crise économique certaine.
Ils accusent la chute des prix du pétrole d'être à l'origine de cette entrée dans la tourmente. Les cours du pétrole sont en chute continuelle depuis près d'un an et les prévisions de la Banque mondiale annoncent que le cours s'établira à 40 dollars dès 2016 suite à l'afflux massif du pétrole iranien. D'autres analystes affirment que nous sommes actuellement en train de payer les choix du «tout-pétrole» qui a dominé depuis que les cours ont connu des sommets vertigineux autour des 100 dollars le baril.
Ces années fastes sont derrière nous maintenant. Certaines sources estiment qu'entre 1999 et 2014, le pays a engrangé des rentrées de l'ordre de 750 milliards de dollars et que les capacités de production nationales n'ont pas été les principales bénéficiaires de ces rentrées d'argent. La conséquence est que le pays importe pratiquement tout.
C'est l'échec de l'économie administrée. Ajouté à cela un climat de confusion et de tensions politiques qui prévaut actuellement et nourrit l'inquiétude de la population. En l'absence d'une transition démocratique, on assiste à des luttes d'influence et intrigues militaires, politiques et affairistes. L'avenir semble inquiétant.
L'Etat a promis de maintenir son budget social et les dépenses des principaux secteurs. Est-ce la réponse adaptée à la situation actuelle ?
Beaucoup de promesses ont été faites dans un passé récent ! Il me semble que l'Etat veut jouer au riche alors que ses moyens financiers sont en forte diminution.
Un budget complémentaire visant à rectifier les prévisions de recettes et allocations de dépenses a été décidé fin juillet 2015. Face à une baisse de 50% des recettes issues des hydrocarbures, de nouvelles mesures fiscales ont été introduites pour contenir ce manque à gagner. Les recettes attendues des exportations d'hydrocarbures sont désormais estimées à 34 milliards de dollars contre environ 60 milliards initialement prévus.
Plutôt que de continuer sur la même politique budgétaire, il serait plus judicieux, voire impératif pour l'Etat de maîtriser la croissance des dépenses courantes, représentées par les salaires et les subventions s'il veut éviter à terme l'endettement. Tous les économistes s'accordent à dire que les subventions sont «coûteuses» et «inefficaces».
Elles ne bénéficient pas exclusivement à la frange fragile de la population, mais «aux riches».
Ce qui risque d'accroître le fossé entre les deux catégories de la population. C'est donc une politique régressive de redistribution des revenus qui est menée par les pouvoirs publics au lieu d'être une politique visant précisément à lutter contre la pauvreté et principalement destinée aux plus nécessiteux.
Il me semble qu'une politique adaptée à la situation actuelle consisterait à remettre toutes les composantes du budget social et le budget des dépenses courantes sur la table pour les réexaminer un par un et voir leur utilité sociale et économique. La paix sociale ne s'achète pas uniquement et exclusivement par un gonflement des subventions inconsidérées et des dépenses allouées allègrement à des secteurs dont il faudrait d'ailleurs songer à examiner la rentabilité et l'efficience.
Le dialogue, la concertation élargie aux différentes catégories de la population et la conduite d'une politique claire et déterminée pour faire face à la crise économique sont, à mon sens, des voies à explorer.
Car la mise en place d'une politique économique inclusive est de nature à installer et créer une confiance au sein de la population à même de faire face à tous les défis majeurs et particulièrement face à la crise aiguë qui se profile à nos portes.
Pour renflouer ses recettes, le gouvernement entreprend une amnistie fiscale et appelle les citoyens à mettre leur argent dans les banques. Quelles chances de réussite ?
L'amnistie est dans l'air du temps ! Il me semble que les chances de succès d'une amnistie fiscale dont la mise en œuvre est définie par la loi de finances complémentaire 2015 sont faibles.
C'est plus une mesure prise sous l'effet de la pression des chefs d'entreprise, ainsi que du milieu des grosses affaires et des capitaux importants dont les origines sont douteuses, que d'une décision visant à accroître la mobilisation des ressources publiques pour faire face à la diminution des recettes.
Pour la Direction générale des impôts, c'est une «mise en conformité fiscale volontaire» afin d'intégrer les fonds informels dans la sphère bancaire.
Certaines sources avancent le chiffre de 9 milliards d'euros circulant dans la sphère informelle que l'Etat serait tenté de capter dans ses caisses en vue de pallier un tant soit peu la baisse des recettes pétrolières. En échange, l'administration fiscale ne procédera à aucune poursuite pénale. Seule une taxe forfaitaire libératoire au taux de 7% sera prélevée sur les montants déposés et réinjecté au budget de l'Etat.
Quoi qu'il en soit, beaucoup de fiscalistes, que ce soit en l'Algérie ou à l'étranger, qualifient cette démarche comme étant «une prime aux fraudeurs».
Il n'en demeure pas moins que l'amnistie fiscale générale à l'intention des contribuables qui dissimulent tout ou partie de leurs revenus et de leur fortune est une mesure largement pratiquée dans le monde ainsi que chez nos pays voisins. Il est vrai que la morale fiscale s'est nettement dégradée ces dernières années, permettant ainsi une évasion dont l'estimation varie d'une source à l'autre.
En outre, cette amnistie émet de mauvais signaux à la population, car elle est ressentie comme injuste par les contribuables honnêtes, ce qui peut avoir un effet négatif sur la discipline fiscale.
Je reprends quelques conditions pour sa bonne réussite : abolir le secret bancaire pour les contribuables, durcir les sanctions punissant les délits fiscaux, lutter contre la délinquance fiscale, lancer un débat sur la nécessité d'une amnistie fiscale et mener une étude comparative des mesures prises à l'étranger au cours des dernières années afin de reprendre les meilleures pratiques.
Quant à inciter les citoyens à mettre leur argent dans les banques pour accroître la disponibilité bancaire, il me semble que cela représente une simple idée émise sans tenir compte de l'état de délabrement et de vétusté de nos institutions financières.
Tout le monde s'accorde à dire que notre système bancaire est inefficace, bureaucratisé, rebutant et il se montre réticent à sa mise à niveau et à sa modernisation.
C'est un grand chantier de réformes à entamer, en priorité, avec un rééquilibrage du système fiscal actuel si on veut introduire ces concepts de bancarisation de l'économie informelle et d'amnistie fiscale.


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