Il a donné sa vie à l'Algérie, mais il n'a rien laissé derrière lui. Aucune photo ni autre illustration ou écrit. «Tous ceux qui l'avaient connu ou avaient des contacts ou des relations avec lui, étaient morts», raconte son premier fils Brahim, âgé de nos jours, de 59 ans. À la question de savoir que le martyr est très peu médiatisé, notre interlocuteur, nous indique que «son père était beaucoup plus de ceux qui avaient la tête aux mouvements des Katibates et l'évolution de la révolution armée qu'à autre chose». Né en 1921 (par jugement), Chelghoum Laïd mourut durant l'hiver de l'année 1958, lors d'un accrochage contre les forces armées françaises, à Ouled Sellam, commune de Souk Naâmane, suite à une grave blessure par balle. C'était grâce à sa bravoure que, lors d'un assaut des forces de l'ennemi, ses 15 compagnons furent sauvés, mais lui fut tué, hélas, par le raid meurtrier des soldats français. Toujours selon les témoignages du fils aîné du martyr, son corps fut exhumé pour être inhumé au cimetière des martyrs de la ville qui porte son nom en 1963 (ville de Chalghoum Laïd, dans la wilaya de Mila). Il a laissé trois garçons et une fille. «Depuis 1945, il était tantôt en prison, tantôt mis en liberté. Son baptême de feu (participation au maquis) commença dès le mois de décembre 1955, bien qu'il donna libre cours à son militantisme avant cette date», nous relate son fils aîné. Concernant les étapes de sa participation à la lutte armée, notre interlocuteur affirme que «personne n'est au courant de son parcours de moudjahid, dès lors qu'il faisait de rares incursions chez lui, de nuit et personne ne le voyait, ni le rencontrait. Cette tactique était aussi l'une des raisons qui expliquait l'absence de tout contact, de communication ou d'échange de documents entre le martyr, les autres moudjahidine et même ses proches-parents», nous raconte Brahim. «Mais pas les gendarmes et les soldats de l'occupation qui étaient sur ses traces. Ils montaient sur le toit de la maison et guettaient jusqu'au lever du jour son apparition», relate son fils. Tout petit, Chelghoum Laïd, (Que Dieu ait son âme), aimait assister aux conférences des ulémas, dont Ibn Badis. Au premier degré, «il aimait consulter le Saint Coran et les journaux et autres revues, ainsi que tout ce qui se rapportait à Moubarek El Mili. Mis à part la France où, notre père (Allah yarhmou) y séjourna en 1954, pendant près de 4 mois, il n'alla nulle part ailleurs». Il y a lieu de retenir également qu'il prenait toujours soins de brûler soigneusement tout document en sa possession.