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Aïssat Idir
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 02 - 05 - 2013


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L'activité politique de Aïssat Idir accaparait presque tous ses temps libres. A la sortie des bureaux il rencontrait les uns et les autres. Il était attendu discrètement ex-rue Languedoc, siège de la Cacobat. Quand ce n'était pas le cas, il allait lui-même guetter la sortie d'un frère qu'il devait voir. Souvent, ils faisaient ensemble le chemin qui les sépa-raient du siège du MTLD, ex-Place de Chartres.
Rentré chez lui, ex-Boulevard Cervantès, il n'était pas quitte pour autant. Quand il ne participait pas à une réunion de commission du Parti, il répondait au courrier adressé à la commission syndicale ou préparait les articles qui allaient meubler la chronique syndicale de L'Algérie Libre, organe central du MTLD.
La vie familiale de Aïssat ressemblait à celle menée par les milliers de militants du Parti. Pourvoir le foyer du strict nécessaire et consacrer le meilleur d'eux-mêmes à la lutte. Il était aidé en cela par son fils aîné Ahmed, qu'il avait élevé très strictement. Une fois, il était arrivé en retard à un rendez-vous à Belouizdad (ex-Belcourt), il reçut une sévère correction. Il ne badinait pas avec la ponctualité et l'exactitude. Il n'empêche qu'il aimait profondément ses enfants, Ahmed avait droit de l'accompagner au stade le dimanche pour encourager l'équipe favorite de Aïssat le Mouloudia, le porte-drapeau du sport nationaliste. Là il se défoulait, sa réserve habituelle faisait place à un enthou-siasme débordant. Il ne se contentait pas d'applaudir, ses invectives allaient heurter les supporters adverses, des pieds noirs, quelques rangs plus loin.
Il était difficile dans le quartier où il habitait de con-sacrer tout son temps à la vie politique et surveiller les études de ses enfants. Son fils aîné en fut victime ; il ne put continuer très loin et c'est la mort dans l'âme que Idir fut contraint de le placer dans un centre de formation professionnelle (centre d'apprentissage). Grâce à l'aide apportée par un ami militant du PPA-MTLD, Hamza Omar.
Il souffrait d'autant plus qu'il n'avait pas pu, pour sa part, poursuivre ses études comme il l'entendait. Son père qui possédait une boulangerie à Djama Saâridj (Kabylie) avait tenu à en faire un intellectuel. Très doué, il fréquenta les classes jusqu'au concours de l'Ecole Normale. Il fut pénalisé pour avoir passé les résultats d'un sujet à un autre candidat qui séchait. Le rêve d'embrasser la profession d'enseignant était brisé au grand désespoir du père de Aïssat. Il lui fallut stopper ses études. Les débouchés, à l'époque pour un Algérien n'étaient pas légion. C'est ainsi qu'il fut embauché sur concours à l'AIA de Maison Blanche (aujourd'hui Dar-El-Beïda), entreprise chargée de l'entretien et de la réparation d'avions .
Des contacts fréquents lui permettaient de rencontrer Rebbah Lakhdar, voisin de quartier, Harizi venait le chercher en Vespa ; ainsi véhiculés, ils allaient assister à des réunions clandestines dans les quartiers de Belouizdad ou au Centre-ville. Saâd Dahlab aimait bien la compagnie de Aïssat, il était un habitué du Boulevard Cervantès.
Delouvrier qui avait succédé au sinistre Lacoste ten-ta de récupérer Aïssat ; il lui fallait des hommes représenta-tifs pour constituer l'introuvable 3e Force. Harcelé par de Gaulle, il poussait ses investigations dans les camps et les prisons à la recherche de candidats. Il rendit donc visite à Aissat en prison à Serkadji et lui fit des propositions. Le Premier secrétaire de l'UGTA l'envoya sur les roses au point où le représentant de la France en Algérie confia à Maître Garrigue, avocat de Aïssat, qu'il ne pouvait se permettre de libérer Aïssat ; ce serait contribuer à renforcer le FLN et la lutte armée. Il laissa faire l'armée, qui elle, ne s'embarrassait pas de considérations politiques ou humanitaires.
Lors de son incarcération à Serkadji, Aïssat reçut la visite à deux reprises de ses enfants et de son épouse. A cette dernière, pressentant le danger qui le guettait, il re-commanda de ne plus compter sur lui, il ne pouvait plus rien faire pour elle et ses enfants.
Le fils aîné, comme tous les jeunes Algériens, observa la grève des étudiants et cessa de fréquenter le centre d'apprentissage. Il reprit ses cours au centre de Kouba en 1957 mais pas pour longtemps. La rencontre avec son père au parloir de Serkadji provoqua un choc, sa haine des geô-liers de son père ne fit qu'augmenter. Il devient peu à peu la bête noire du quartier. Les journaux de l'époque avaient réservé une large place au procès de Aïssat, les jeunes pieds-noirs du quartier lui cherchaient des noises. Bien bâti il sût se défendre mais attira sur lui les foudres de la SAU . C'est d'ailleurs le capitaine Bernard responsable de la SAU installée ex-Boulevard Thiers qui le convoqua un jour pour lui annoncer brutalement la mort de son père. «Ton père avait la tête trop dure, il n'a pas voulu parler».
Les multiples interventions des organisations inter-nationales notamment de la CISL et de la Croix Rouge internationale n'avaient abouti à rien. Aïssat a été acquitté au cours du procès, il fut libéré de Serkadji le 13 janvier 1959. A la sortie, les paras de Bigeard l'attendaient, ils le conduisirent au centre de tortures de Birtouta, où il subit les pires sévices pendant quatre jours, à la suite de quoi, il fut transféré à l'hôpital militaire Maillot à Bab-El-Oued, dans un état désespéré. Espérant obtenir de lui des aveux sur l'activité de CCE, le Bérets Verts utilisèrent toutes les méthodes capables de faire parler un prisonnier. Quand la campagne de presse atteint son paroxysme en Europe et dans les pays frères et amis, Aïssat est dans un état désespéré. A l'époque on employait le chalumeau pour certains prisonniers. Les autorités française ont prétendu qu'il y avait eu un incendie dans sa cellule. Or Aïssat ne fumait pas. Placé sous haute surveillance tout produit inflammable lui était interdit. Conduit à l'hôpital militaire Maillot, il y restera plusieurs semaines souffrant de brûlures sur tout le corps. La famille ne put obtenir la dépouille qu'après qu'elle ait séjourné une dizaine de jours à la morgue. Le corps entièrement couvert de pansements, telle une momie, Aïssat était reconnu à son visage, perdant son sang par le nez et la bouche.
Le lieu où devait être enterré le premier Secrétaire de l'UGTA souleva une controverse avec les autorités militaires qui voulaient à tous prix imposer le cimetière d'El-Alia, le plus éloigné de la capitale. Il ne fallait pas que la tombe d'Idir reçoive l'hommage de tous ses proches et de ses camarades de lutte.
Une lutte sourde d'où sortit vainqueur la famille permit à cette dernière de l'enterrer à Sidi M'hamed, tout près de l'ex-Boulevard Cervantès. Les Aïssat ne possé-daient pas de concession, mais ils l'obtinrent à la générosité patriotique d'un habitant de Belouizdad. Son geste lui valut de nombreux interrogatoires de la part de la DST. Il séjourna pendant une dizaine de jours entre leurs mains.
Aïssat assassiné, est-ce que sa famille allait connaître le répit tant nécessaire pour pleurer l'être cher. Non, déçues de n'avoir rien pu tirer d'Idir, les forces de répression s'acharnèrent sur la famille, à tel point que la veuve et le fils aîné décidèrent d'envoyer les trois autres enfants d'Idir en Kabylie, où ils purent aussi paradoxal que cela puisse paraître, trouver une relative sécurité.
L'aîné subit la hargne des paras, convoqué trop fré-quemment à leur goût. Au cours d'une séance de «ques-tions-réponses» un lieutenant de para lui passe les menottes aux poignets et donne ordre à un jeune para de se battre avec Aïssat junior. Ayant refusé d'obtempérer il est mis à terre par son officier déçu qui complète son tableau de chasse en « massacrant » Ahmed. Auparavant il y eut la séance de charme, avec incitation à contracter un engagement dans l'armée.
Les paras voulaient faire d'une pierre deux coups, recruter un soldat algérien pour faire la sale guerre à ses corréligionnaires et salir la mémoire de Aïssat, adversaire acharné de la France colonialiste en faisant porter à son fils l'uniforme tant honni.
Il resta deux mois cloîtré chez lui, craignant de tom-ber entre les mains de ses tortionnaires. Heureusement il avait près de lui sa pauvre mère désemparée un temps mais reprenant vite courage et confiante dans la juste lutte qu'avait menée son regretté époux. Elle-même n'avait pas échappé à la brutalité des paras. Les bérets verts débordant de courage l'avaient gratifiée de coups de poings.
L'activité de Aïssat ne se limitait pas au sol algérien. Il suivait avec beaucoup d'intérêt le chemin parcouru par les syndicalistes des pays limitrophes. Au Maroc comme en Tunisie, il sut nouer des liens d'amitié avec les leaders syn-dicalistes. Le Tunisiens étaient en avance sur nous. Ils avaient crée leur centrale en 1926. L'expérience tunisienne l'intéressait davantage, parce que plus ancienne, en raison également des facilités offertes par le pays. En effet Idir possédait un oncle résidant à Tunis et fréquemment, sous prétexte de lui rendre visite, il faisait des séjours qui lui permettaient de rencontrer le regretté Ferhat Hachad, secré-taire général de l'UGTT, lui aussi, mort assassiné par la Main-rouge des Ultras. Ensemble, ils échangeaient des propos sur leurs expériences réciproques et examinaient les perspectives d'avenir qui s'offraient aux travailleurs des deux pays. La lutte qui se limitait alors aux domaines poli-tique et social devait nécessairement déboucher sur la lutte armée. Les bases d'une unité à réaliser pour le combat libérateur furent discutées et affirmées. Lorsque l'UGTA dé-plaça le gros de son activité à l'extérieur du territoire algérien, la Tunisie offrit aux délégués de notre Centrale un asile accueillant et une aide précieuse et efficace.
Le travail de pionnier réalisé par Aïssat portait ses fruits. Les militants syndicalistes marocains, en particulier Mahdjoub Ben Seddik rencontrèrent également Aïssat. Bien que de création plus récente que l'UGTT (mars 1955), l'Union Marocaine du Travail (UMT) avait porté des coups très durs au patronat français encore plus féroce qu'en Algérie. Les liens qui unissaient les syndicalistes marocains aux militants de l'Istiklal n'étaient un secret pour personne. La lutte par ses similitudes poussait Algériens, Tunisiens et Marocains à échanger leurs expériences, à coordonner leurs efforts, à renforcer leur solidarité contre l'ennemi commun.
Au sein de la CISL les trois Centrales syndicales du Maghreb s'épaulaient et se concertaient avant de fixer leur position sur les problèmes importants à l'ordre du jour de la Centrale internationale .
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