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Hocine Aït Ahmed, le Mandela algérien s'en est allé honorablement
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Publié dans El Watan le 08 - 01 - 2016

Voilà un homme qui a toujours répondu présent à l'appel de la patrie. Une patrie qui a, hélas, raté toutes les belles opportunités que lui offrait l'intelligence de ce forgeron de la paix et du dialogue, ce visionnaire hors pair. Tout jeune, il donna un sens militant et pacifique à sa vie. Il amorce son combat politique contre le colonialisme abject en en dénonçant les affres et les injustices endurées par le peuple algérien et l'achève contre la confiscation d'une nation en en dénonçant les mécanismes, les commanditaires, les dérives et les gabegies.
Du simple militant au grand dirigeant
Militant du PPA à l'âge de 16 ans, concepteur avec Mohamed Belouizdad de l'Organisation Spéciale (OS), qui fournira les première structures de formation et les premières armes de la révolution algérienne, alors qu'il avait à peine 18 ans, Hocine Aït Ahmed établira, en 1948 à Zeddine, un rapport détaillé sur les préparatifs techniques et stratégiques du déclenchement de la Révolution algérienne en la situant dans un cadre maghrébin et international. Il était déjà convaincu que le salut viendra de l'internationalisation de la cause algérienne, un travail qu'il s'acharnera de mener à bien à partir de 1952 en Egypte et 1953 en Birmanie.
Il se rendra dans plusieurs pays asiatiques et autres pour mettre en place des comités de soutien à la cause algérienne. Une mission qu'il accomplira avec brio en compagnie de M'hamed Yazid à la conférence de Bandoeng de 1955 et en dotant le FLN d'un bureau à New York en 1956, qui inscrira la question algérienne à la 11e session ordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU en 1956. Ce fait politique de grande envergure fut salué de par le monde et donna naissance à la diplomatie algérienne.
Pour en finir avec cette diplomatie naissante et fulgurante, les autorités militaires françaises ordonnent, le 22 octobre 1956, le détournement de l'avion Air Maroc qui transportait la délégation algérienne composée de Hocine Aït Ahmed (chef de délégation), Ahmed Ben Bella, Mohamed Boudiaf, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf, vers Tunis pour prendre part à une conférence sur les indépendances au Maghreb.
Suite à cet acte de piraterie, selon les termes de Hocine Aït Ahmed, le fameux avion atterrit à Alger au lieu d'atterrir à Tunis, et c'est ainsi que la direction du FLN est décapitée en pleine Guerre de libération nationale. Mais l'effet retentissant de cet acte ignoble a beaucoup servi la cause algérienne et maghrébine sur le plan international, et les rapports de force sont définitivement inversés en faveur des indépendances au Maghreb, la bataille diplomatique est d'ores et déjà gagnée et le combat des dirigeants FLN arrêtés continue dans des geôles coloniales jusqu'à l'indépendance en 1962.
Pour l'édification d'un Etat moderne
L'indépendance aussitôt arrachée aussitôt confisquée au prix que l'on sait, Hocine Aït Ahmed continua son combat contre l'autoritarisme naissant qui a détruit le rêve d'un peuple, d'abord du haut de sa tribune à l'Assemblée Nationales Constituante souvent avec un ton magistral, ensuite du haut de ses montagnes de Kabylie après avoir démissionné de tous les organismes directeurs de la Révolution, puis des geôles froides et inhumaines d'Ahmed Ben Bella et de Houari Boumediene, et enfin d'un exil injuste qui n'a que trop duré pour un patriote de sa trempe.
Lui rendre hommage aujourd'hui est infime devant toute l'injustice et tout le mal qu'on lui a fait subir. Son combat pour une Algérie prospère et moderne est mis en mots lors de ses interventions, en sa qualité de député, à l'Assemblée Nationale Constituante (1962), première assise du jeune Etat algérien. J'en veux pour illustration quelques passages de ses illustres réflexions et prises de position.
En exprimant ouvertement son opposition globale au règlement intérieur de l'Assemblée Nationale Constituante présidée par Ferhat Abbas, lors de la séance Discussion et vote sur l'ensemble du règlement, du 20 novembre 1962, Hocine Aït Ahmed, député à ladite Assemblée, attire l'attention de ses collègues sur les incohérences et les approximations qui menaçaient l'édification d'un Etat démocratique et moderne, en disant sur un ton prémonitoire et serein : «Monsieur le Président, mes chers collègues, un règlement est un ensemble de lois destinées à coordonner et régler les efforts des députés, pour leur plus grande efficacité. C'est dire que l'esprit constructif de cette Assemblée, que les résultats des travaux de cette Assemblée devraient dépendre des règles auxquelles les frères et sœurs députés ici présents se seraient librement et volontairement assujettis.
Mon souci, dès le début, a été de vous avertir de l'extrême importance de ce règlement, de l'extrême importance de la discussion qui devait se dérouler et du résultat auquel devait aboutir cette discussion. Et je me pose tout de suite la question : ce règlement est-il digne de notre Révolution ? Est-il digne de cette Assemblée que le peuple algérien, après plus de 7 ans de guerre, a réussi à se donner ? Est-il digne de vous ?
Monsieur le Président, mes chers collègues et patriotes ici présents, pour ma part, j'ai le profond regret de répondre : non ! J'ai fait l'affligeante constatation que ce règlement est une confuse copie du règlement de l'Assemblée nationale française. A l'article 40 de notre règlement, je trouve le mot «Parlement». A l'article 21 A, malgré l'amendement, je retrouve : «au début de chaque législature». Heureusement qu'à l'article 116 la révision de la Constitution a été supprimée.
Eh bien ! non, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, cette Assemblée n'est pas un Parlement. Nous ne sommes pas des parlementaires. Cette Assemblée n'est pas un Parlement français, c'est une Assemblée nationale constituante algérienne. Nous ne sommes pas ici pour des années, nous sommes ici pour élaborer une Constitution et donner au pays des lois, pendant un délai d'une année, que nous nous sommes solennellement engagés à respecter, je tiens à le redire bien haut ici.
(…) C'est donc une œuvre législative et constitutionnelle immense. Nous sommes ici pour aider à l'édification du secteur national, à la construction de l'Etat. De quel Etat s'agit-il ? De quelle sorte d'édification s'agit-il ? Là, Monsieur le Président, mes chers collègues, j'ai le plaisir de vous renvoyer au programme de Tripoli. Nous avons pris l'engagement d'édifier un Etat moderne, sur des bases démocratiques et antiféodales.
Cela ne sera rendu possible que par l'initiative, la vigilance et le contrôle direct du peuple (...). Il est temps que tous les militants de valeur puissent démocratiquement participer à la construction de toutes les institutions dont dépend l'avenir de ce pays, aussi bien du Parti et des organisations nationales que de l'Etat. Je crois que le moment est venu, face à l'immensité de nos tâches, de renoncer aux exclusives, de renoncer à l'esprit partisan, parce qu'il ne nous mènera nulle part.
Il est temps que la locomotive soit mise sur les rails ; et la locomotive, ce sont les masses, les déshérités, ce sont les organisations qui existent et qui expriment les besoins et les sentiments de ces masses déshéritées» (ANC N°8, p. 150-152). Plus loin, en répondant aux critiques de son collègue Ahmed Kaïd, qui n'était pas d'accord avec lui concernant la comparaison avec l'Assemblée nationale française, Aït Ahmed rétorque, dans une atmosphère on ne peut plus démocratique : «En dénonçant le mimétisme, je me garde d'être chauvin.
Je n'ai pas dit pas d'ouverture vers l'extérieur ! J'ai dit : ne limitons pas cette ouverture ! (…) J'ai bien dit qu'on devait emprunter au règlement de l'Assemblée nationale française ce qu'il avait de positif. Mais les constitutions et les règlements sont suffisamment nombreux à travers le monde. Ils offrent un large éventail de choix et d'inspiration» (ANC N°8, p. 155). Et il rappelle qu'il a cité Molière pour avertir l'Assemblée sur les dangers de ce mimétisme à cette échelle de responsabilité : «Quand sur une personne on prétend se régler, c'est par les bons côtés qu'on doit lui ressembler» (sic) (ANC N°6, p. 92).
Hocine Aït Ahmed a su créer de vrais moments de débat au sein de l'Assemblée nationale constituante, où siégeaient des femmes, des hommes, des Algériens et des Européens, respectueux les uns les autres, et où c'était possible de dire non haut et fort ! C'est cette Assemblée constituante que Hocine Aït Ahmed a toujours réclamée. Ces extraits choisis parmi tant d'autres dans ses interventions fleuve en disent long sur le sens du détail et de la responsabilité chez Hocine Aït Ahmed dans l'exercice du politique et dans son acharnement à l'édification d'un Etat de droit digne de la Révolution algérienne et des sacrifices du peuple algérien.
Mais Hocine Aït Ahmed ne s'en est pas sorti indemne de ces débats parfois houleux que soulevaient ses prises de position, et des agissements autoritaires qui se banalisaient alors, d'où sa démission quelques mois plus tard de tous les organismes directeurs de la Révolution. On connaît fort bien le sort réservé à Hocine Aït Ahmed en tant que militant et chef du premier parti d'opposition de l'Algérie indépendante, le Front des Forces Socialistes, et à cette brillantissime Assemblée nationale constituante.
Hocine Aït Ahmed n'a pas lésiné un instant pour tenter de redorer le blason de cette Algérie meurtrie qui lui est très chère, en la conjuguant aux valeurs et aux idéaux universels et en la mettant au-dessus des bavardages de politicards de tout bord. Et dire que ce patriote ne s'est jamais considéré comme un «historique». Humilité, quand tu nous tiens ! Son aura et sa dimension historique et militante dépassent de loin le cadre trop étroit dans lequel beaucoup d'Algériens se sont efforcés de l'enfermer. Mais aujourd'hui, les marques de sympathie à son égard, exprimées à l'échelle nationale et internationale, reconnaissent en Hocine Aït Ahmed la source intarissable du militantisme et du patriotisme.
Dda L'Hocine : les Algériens patriotes te pleurent
Dda L'Hocine, si aujourd'hui l'Algérie, tes amis et même - on a du mal à le croire - tes ennemis les plus farouches te pleurent, c'est parce que tu as su convaincre par la sagesse de ton verbe et la vigilance de ton regard, sans blesser ni heurter. De cette sagesse et de cette vigilance, toujours de mise, se dégage une affection charismatique et paternelle (et non paternaliste) qui fait de toi un des pères et repères de cette patrie qui se débat contre l'irresponsabilité et qui cherche inlassablement une voie de salut.
En dépit de tout le mal qu'on t'a fait subir de part et d'autre, tu as su rester égal à toi-même, rassembleur, consensuel et par dessus tout universaliste, comme l'ont été Ramdane Abane et autres valeureux chouhada, morts sans connaître ce que le mot liberté veut dire. Mais ils en ont tellement rêvé qu'ils sont partis heureux et contents d'avoir accompli leur noble mission avec bravoure et honneur. Dda L'Hocine, tu t'es battu pacifiquement pour la démocratie et les droits de l'homme pendant que d'autres passaient leur temps à asservir l'histoire glorieuse d'un peuple vaillant et courageux pour se servir allègrement en privilèges et avoir accès à l'exercice du pouvoir, un pouvoir souvent aveugle et aveuglant.
La démocratisation dont tu as tant rêvé est encore à faire, et elle se fera avec la bonne volonté des femmes et des hommes de cette belle Algérie. La responsabilité de la jeunesse algérienne d'aujourd'hui est de reprendre le flambeau et de perpétuer ton noble combat dans l'acceptation de notre pluralité, loin des luttes partisanes et autres qui ne nous mèneront nulle part, comme tu l'as si bien dit. Dda L'Hocine, tu rejoins honorablement les heureux de ce dicton mammerien du Djurdjura qui dit : «Yella walbaâd yella ulaçit, yella wayed ulaçit yella»
Dda L'Hocine, paix à ton âme, tu va enfin te reposer d'un long et brillant parcours de militant et de patriote inébranlable, dans ta majestueuse et paisible Kabylie qui a fait de toi l'homme que tu étais et que tu demeureras. Je conclus cette contribution en présentant mes sincères condoléances à la famille Aït Ahmed, aux amis et proches du défunt, au peuple algérien et à tous ceux qui croient aux valeurs humaines et universelles. Les patriotes de ton Algérie rêvée et chérie ne t'oublieront jamais. Et ils en sont nombreux.


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