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El Kantara sur Seine
Paris. Au salon du livre qui ne se nomme plus ainsi
Publié dans El Watan le 26 - 03 - 2016

Ici, au Palais des Expositions de la Porte de Versailles, au sud-ouest de la capitale française, en dépit d'un temps radieux durant les deux premiers jours, on est loin des vagues humaines du Salon international du livre d'Alger.
La foule est régulière mais plutôt clairsemée. Nul embouteillage à l'extérieur, ce qui s'explique aussi par l'organisation urbaine de la ville et la multiplicité des transports collectifs qui déposent les visiteurs à l'entrée même du lieu.
Mais c'est peut-être aussi parce que la fréquentation a baissé cette année de 15% selon le premier bilan des organisateurs, le Syndicat national des éditeurs et son sous-traitant, l'agence Reed Exposition France.
Le communiqué de clôture n'a pas échappé aux critiques. Le Figaro, citant ce texte («édition du renouveau» ; «formidable écho médiatique, en hausse de plus de 30 %») assène : «Quand une communication tente de brouiller la réalité, elle frise le ridicule». Et d'attribuer la baisse de fréquentation au «prix prohibitif de l'entrée, à l'absence des professionnels et au choix de l'invité d'honneur».
Le ticket d'entrée est en effet fixé à 12 euros avec quelques réductions (salariés, étudiants…) et la gratuité pour les moins de 18 ans. Pour Valérien, étudiant en lettres à Paris, rencontré au stand de l'Algérie, ces tarifs sont scandaleux : «Six euros pour les étudiants de moins de 26 ans, c'est presque le prix d'un roman. Si ce n'était pas mes études, je ne serais pas venu».
Quant à l'absence des professionnels, celle-ci serait due au montant des frais d'inscription et de location. Enfin, pour le choix de la Corée du Sud comme invitée d'honneur, nous avons pu constater, au contraire, qu'elle avait suscité un grand intérêt, permettant de découvrir une littérature originale désormais traduite dans de nombreuses langues, dont le français. Une focale rehaussée par la présence de Hwang Sok-yong, pressenti comme futur Prix Nobel de littérature.
Mais l'on sent bien que les reproches à l'égard de cette édition sont plus motivés par le discours des organisateurs dont l'affirmation de «renouveau» se fonde surtout sur le changement de nom de la manifestation. En effet, à partir de cette 36e édition, le Salon du Livre de Paris a décidé de se nommer «Livre Paris» avec un logo typographique où le V de Livre et le A de Paris sont représentés en livres ouverts, le premier vers le haut et le second vers le bas.
Comme pour signifier que le livre s'élève vers les cieux de la pensée et de l'imagination tout en s'enracinant dans le réel. Pour beaucoup, cela est apparu comme de la cosmétique.
«Qu'est-ce que ça change ? affirme une bibliothécaire de Lyon, fidèle à l'événement depuis seize ans. On était habitués à l'ancien nom, simple et pratique. Là, ça fait marque de produit». Grandeur et limites du marketing culturel ! 
C'est peut-être ce marketing qui pousse certains à considérer que le salon a «perdu son âme». Dans les allées, les critiques allaient bon train sur le stand de l'Arabie Saoudite (mais sur des bases politiques exacerbées par la remise récente de la Légion d'honneur au prince héritier), de l'espace alloué aux imprimeurs turcs, cela dit excellents, ou encore du déferlement d'hommes politiques français au salon.
En plus des officiels, tous les leaders de la droite, à l'exception de Sarkozy, sont venus promouvoir et signer leurs livres, au point qu'un jeune éditeur s'est exclamé : «On dirait qu'ils viennent faire ici les primaires des primaires !»
Le salon de Paris demeure cependant un rendez-vous remarqué de l'agenda mondial. La baisse de fréquentation de 15% l'amène à 153 000 visiteurs, mais ceci dans un pays qui compte plus de 300 salons de tous genres et toutes dimensions, environ 3000 librairies professionnelles sur 25 000 points de vente du livre et 4398 bibliothèques publiques.
Le marché du livre et la vie littéraire ne sont pas aussi dépendants du salon de la capitale qu'ils ne le sont en Algérie. Du reste, il faudrait s'assurer que la baisse de fréquentation enregistrée n'est pas liée à une conjoncture générale : crise économique et sociale, climat sécuritaire, infléchissement du tourisme...
Livre Paris se distingue surtout par son animation. Durant ses quatre jours, on a enregistré près de 800 rencontres avec plus de 3000 auteurs présents. L'espace de débats de l'organisateur évolue parmi bien d'autres, tels ceux de l'Institut français, de radio France-Inter ou du Centre National du Livre. En dehors des ventes-dédicaces, la plupart des stands accueillent des interventions et débats qui parfois, ont lieu debout chez les éditeurs ne disposant que de petites surfaces. Tous éditent des dépliants ou flyers promouvant leurs nouveautés ou présentant leurs catalogues d'ouvrages.
Ceux-ci sont distribués y compris aux entrées du salon et y compris par de petits éditeurs qui ne peuvent se payer la location d'un stand mais profitent de l'événement pour signaler leurs productions ou simplement leur existence. Ainsi, de jeunes auteurs distribuaient des petits rouleaux de papier entourés d'un ruban coloré avec à l'intérieur des nouvelles de leur création. Rien n'arrête le besoin de s'exprimer... Ni celui d'échanger dans cette manifestation où pullulent les rencontres de tous types.
Avec quarante nations représentées, Livre Paris brasse large incluant dans son exposition les éditeurs (majoritaires) mais aussi les distributeurs, diffuseurs, libraires, imprimeurs, associations professionnelles, médias, bibliothèques, centres de documentation… Le programme est si dense et diversifié qu'il faut l'envisager sur un principe de renoncement.
Entre les squares et scènes (Art culinaire ; Savoirs et connaissances ; Religions, culture et société ; Jeunesse ; Sciences pour tous ; Scène littéraire ; Scène BD), les offres professionnelles (Assises du livre numérique, Centre des droits, cafés pros thématiques…), les programmes du pays invité d'honneur et des villes invitées (cette année Brazzaville et Pointe-Noire) et les innombrables sollicitations des centaines de participants, la profusion répond à une large gamme d'attentes, depuis celles des lecteurs jusqu'à celles des spécialistes.
C'est dire combien il n'était pas évident dans ce cirque d'abondance de mettre en valeur la participation algérienne, cette année exceptionnelle. Si l'Algérie dispose depuis la fin des années 90' d'un stand regroupant l'édition nationale, celui-ci s'est vu considérablement augmenté par celui, mitoyen et communiquant, de Constantine, invitée spéciale de Paris Livre.
Une invitation que la partie française a voulu comme un échange de politesse après que la France ait été retenue comme invitée d'honneur de la 20e édition du Salon international du Livre d'Alger, et offrant dans le salon parisien une surface de 200 m2 et un positionnement de choix. Le ministère de la Culture algérien a su répondre à la proposition en édifiant un stand impressionnant par les volumes et la hauteur et conçu comme un wast-eddar traditionnel traité de manière contemporaine. Le lieu a attiré du monde, entre Algériens de la diaspora, mais aussi connaisseurs et curieux du pays, entre Français et autres nationalités en visite à Livre Paris.
Cette attraction a été soutenue par de nombreux passages officiels et notamment, le jour de l'inauguration, par le Président Hollande, puis, deux jours après, par son Premier ministre, Manuel Valls. Lors de l'inauguration du salon, les ambassadeurs réciproques étaient présents, de même que Sami Bencheïkh El Hocine, commissaire de «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», et Hamidou Messaoudi, P-DG de l'ENAG et commissaire du SILA qui a supervisé l'aspect opérationnel de cette présence menée en partenariat avec l'Institut français.
Ces incursions protocolaires, suivies par une foule de journalistes et de cameramen, ont contribué à la médiatisation de la participation algérienne déjà appuyée par un programme de communication et de relations publiques plus conséquent que d'habitude. La participation algérienne figurait en effet en bonne place sur l'ensemble des supports de Livre Paris (catalogue, brochure temps forts…) sans compter la diffusion d'imprimés réalisés en Algérie.
Question programme, nombre de visiteurs ont fait part de leur déception de ne pas avoir vu plus de «têtes d'affiche». Maïssa Bey se trouvant indisponible, il ne restait plus que Waciny Laaredj à disposer d'une certaine renommée internationale. Un handicap certain dans ce genre de manifestations où le vedettariat demeure un argument important et où vous pouvez voir, quelques mètres plus loin, les gens courir dans les allées pour entrevoir seulement le sommet du crâne de Marc Lévy ou le chapeau d'Amélie Nothomb. Mais le côté «découverte» a quelque peu contrebalancé le déficit de «stars».
Les visiteurs ont pu d'abord prendre connaissance de la production éditoriale algérienne à travers une vingtaine de maisons d'édition, tandis que sur l'espace de Constantine était exposée une grande partie des livres édités à l'occasion de son statut de capitale culturelle arabe, dont de beaux livres relatifs au patrimoine, à l'histoire et aux arts que de nombreux visiteurs auraient aimé acquérir !
Les animations ont fait découvrir la jeune littérature algérienne représentée par Abdelwahab Aïssaoui, lauréat du Prix Assia Djebar en langue arabe, et Miloud Yabrir, auteur de Djanoub El Melh (Au sud du sel). Ils ont étonné les personnes présentes par leur ouverture d'esprit, leur imaginaire et leur vision de l'Algérie et du monde. Le premier, ayant affirmé qu'il avait découvert la littérature à travers les classiques russes puis allemands, a dû préciser à une lectrice française qu'il l'avait fait à travers leurs traductions en arabe, ce qu'elle n'imaginait pas.
La rencontre sur Constantine, histoires et littératures, animée principalement par les historiens Benjamin Stora et Abdelmadjid Merdaci, a offert un panorama instructif du passé de la cité et des expressions littéraires qui lui sont attachées, autant par des natifs que des passionnés de la ville. Les rapports entre cinéma et littérature, objet d'une rencontre animée par le spécialiste du cinéma Ahmed Bedjaoui et l'architecte Fayçal Ouaret, féru de lettres comme du septième art, ont donné lieu à un débat passionnant.
La poésie actuelle de langue arabe a pris place sur le podium avec plusieurs auteurs du genre qui ont confié leurs expériences et aspirations d'écriture. Emouvante est le mot qui convient à l'intervention du comédien Smaïn sur ses rapports intimes avec Constantine qui ont débouché sur une discussion vivante avec le public sur la tolérance et les identités.
Au final, cette participation semble avoir atteint ses objectifs globaux. Elle indique que nous avons tout à gagner à porter notre culture sur les scènes internationales mais avec, sans nul doute, plus de temps de réflexion et de préparation, plus d'audace et de professionnalisme dans la conduite des projets.


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