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Sécurité des gisements pétrolifères
Un domaine réservé ?
Publié dans El Watan le 22 - 10 - 2006

Il arrive au cours d'un forage qu'une conjoncture de causes, due aussi bien à l'homme qu'à la machine dont il fait usage, peut permettre que les forces de gisements traversés arrivent à rompre toutes les barrières que l'homme lui a imposées.
C'est alors l'accident qu'en langage de foreur on appelle « éruption ». Ses aspects peuvent être aussi grandioses que ceux des phénomènes volcaniques, surtout quand il y a incendie. La plupart du temps, les éruptions libres dans les sondages sont la conséquence d'une faute ou d'une défaillance du matériel ou des deux réunies. En terme simple, l'éruption dans le forage peut donc être définie comme étant une émission violente d'un gaz ou d'un liquide eau, huile ou parfois les deux. Des statistiques attribuent 80 % environs des éruptions dans le monde à des erreurs humaines. L'Algérie pour sa part a connu huit grandes éruptions dans des sondages pétroliers et gaziers : cas de Gassi Touil en 1961 ; Zarzaitme en 1972 et 1978 ; Rassi R'mel en 1978 ; Gassi El Bafimet en 1982 ; Rhourd Nous en juin et septembre 1989 en plus de l'éruption actuelle sur le champ de Gassi Touil (Nezla 119) dont le début remonte au 15 septembre 2006. L'éruption actuelle a engendré non seulement la désagrégation de toute la plateforme de forage : derrick, tête de puits, équipements de sécurité, moteurs, groupes, pompes, bacs et autres baraques de chantier mais elle a entraîné également certaines conséquences sur des vies humaines. La prise en charge de ce genre de catastrophe passe inéluctablement, avant tout travail sur le puits en feu, par certaines opérations prioritaires qui consistent à créer les conditions optimales d'intervention et de sécurité en évacuant tous les débris se trouvant à proximité du lieu du sinistre. Ces travaux se déroulent sous un arrosage intensif qui se fait sur plusieurs fronts afin de refroidir la température de l'environnement immédiat du site d'intervention. D'une importance capitale, cette opération implique la mise en place de grands moyens de transport ainsi que des capacités importantes de stockage et de pompage d'eau. Le fait que les techniciens activent sous des trombes d'eau et soient dotés de tenues adéquates n'excluent en rien des conditions de pénibilité extrême dans lesquels ils évoluent tant par rapport à la chaleur émanant de la flamme sortant du puits que par un environnement de nature déjà difficile. En parallèle à ces opérations de déblaiement et de refroidissement, une préparation intense des moyens humains et matériels est également engagée par les spécialistes. Le type de technique retenu pour contrôler le puits (forage dévié avec injection d'une boue lourde, utilisation d'explosif etc..) définira le choix des moyens à mettre en oeuvre. Pour faire face à ce genre de catastrophe, en Algérie, il a été fait appel, à chaque fois, au spécialiste de renommé mondiale, l'Américain Red Adair appelé aussi le pompier volant. Une seule intervention de ce pompier volant et de son équipe se chiffre à plusieurs dizaines de milliers de dollars US, en fonction de la durée et de la complexité des prestations à fournir. L'intervention actuelle est pilotée par une autre Société américaine “Boots and Coots” assistée par un spécialiste de la Société algérienne Red-Med, Monsieur Brahimi Mohamed qui a eu l'occasion de travailler sur plusieurs éruptions et qui en dépit d'une retraite méritée (plus d'une quarantaine d'années d'activité intense) a repris du service. Profitant des déplacements effectués sur les différents puits en Algérie par Red Adair et ses collaborateurs, une certaine expérience, dans le domaine du contrôle des éruptions, a été capitalisée par quelques techniciens nationaux qui ont eu l'occasion de prouver leur savoir-faire à la suite d'une éruption de gaz qui aurait pu avoir des conséquences catastrophiques si ce n'était leur efficacité. C'est ainsi que pour la première fois, en Algérie et dans le monde arabe en général, qu'une éruption d'une grande envergure a été maîtrisée par des nationaux. En effet, le 15 décembre 1982 à 23 heures, au moment de la descente d'un carottier (pour l'échantillonnage des formations géologiques traversées lors du forage) une éruption de gaz fut constatée dans un puits en forage d'exploration à Gassi El Bafinet, situé à 80 km au nord ouest d'In Salali et à 860 km des bases opérationnelles de Hassi Messaoud. La surprise était d'autant plus grande que la traversée de ce nouveau gisement de gaz à une profondeur de 1.800 mètres seulement (3.000 mètres dans le plateau de Tiguentour et 2.300 mètres à Hassi-R'mel) ne pouvait être prévue par les techniciens sur place. L'ampleur de l'éruption dont le début de l'échappement d'un gaz sec en surface allait être estimée à des dizaines de milliers de mètres cubes jour pour une pression de 160 kgf-cm2. Pour faire une petite comparaison, la pression requise dans une conduite de gaz pour l'alimentation de la ville d'Alger est de 6 kgf-cm2. Le premier réflexe des techniciens sur place fut d'actionner le système de sécurité en surface et le puits fut contrôlé à 100 pour cent. Dans le courant de la matinée du 16 décembre, les opérations allaient se compliquer puisque la fuite de gaz, de plus en plus importante, au-dessous du système de sécurité du puits allait rendre la situation incontrôlable, les risques d'explosion étaient d'autant plus grands qu'il s'agissait d'un gaz très sec, 85 pour cent de méthane environ. Faisant appel à des techniques d'intervention très spécialisées, la situation allait donc dépasser le cadre du chantier de forage. Une équipe de techniciens fut constituée à Hassi Messaoud. L'évolution de la situation était suivie par radio, 24 h sur 24 h, afin d'arrêter une stratégie d'intervention, préparer les équipements adéquats, usiner certains et programmer leur acheminement sur les 860 km qui séparent le lieu de l'éruption des bases de Rassi Messaoud. Un véritable pont fut organisé par voie aérienne (petits avions pouvant atterrir non loin du lieu de la catastrophe) et par route pour le transport du personnel et du matériel nécessaire. Afin d'assurer la sécurité du personnel sur place, du gisement et de l'appareil de forage une décision devait être prise en extrême urgence : Devait-on faire appel au seul spécialiste étranger (qui avait été prévenu et n'attendait que le top pour se déplacer des Etats-Unis) ou laisser les opérations aux nationaux qui étaient déjà à pied d'oeuvre pour la prise en charge des premiers préparatifs. En accord avec la Sonatrach et en dépit de certaines réticences, la Direction de l'Entreprise Nationale des Travaux Pétroliers à Rassi Messaoud prit la lourde responsabilité d'opter pour une solution « locale » et l'équipe désignée allait travailler sans discontinuer, sous la supervision de l'intournable Brahimi Mohamed, afin de relever le défi. C'est ainsi que le programme d'intervention élaboré le jour même (grâce à une évaluation permanente avec l'équipe sur place) fut mis à exécution. Le quatrième jour, un vent de sable qui soufflait sur toute la région allait compliquer le bon déroulement des opérations de captage du puits et les rendre plus dangereuses encore. Malgré cette contrainte imprévue, l'intervention se poursuivit durant toute la nuit et la journée du lendemain avec la mise en place d'un système de dégorgement de gaz permettant de libérer la fuite. A l'issue d'un travail acharné et combien hardi, 80 pour cent du gaz furent évacués sur torche, dés lors où il n'y avait que 20 pour cent de fuite en surface l'opération pouvait se poursuivre avec un minimum de risques. Signe encourageant, la pression allait également chuter de 160 kgf-cm2 à 15 kgf-cm2. Les cinquième et sixième jours allaient être consacrés à la mise en place d'un second système de captage permettant d'enrayer la fuite et de changer le système de vannerie au niveau du puits en éruption, opération extrêmement délicate faisant appel à une excellente maîtrise, une parfaite connaissance des équipements ainsi qu'à une grande expérience dans le domaine des interventions sur puits. Donc, après le changement de la vanne haute pression à l'origine de la fuite de gaz au niveau du puits et l'installation des équipements de surface, le système de sécurité fut actionné à nouveau ce qui aboutit à la maîtrise totale de l'éruption avec la possibilité de reprise du forage quelques jours après. La détermination et l'engagement de ces hommes ainsi que le succès dans la réalisation de cette opération, de haute technicité, ont démontré que le technicien algérien est en mesure de rivaliser avec ses semblables étrangers pour peu qu'on lui fasse confiance, qu'on valorise ses compétences et qu'on le mette dans des conditions optimales de travail. Une fois l'éruption maîtrisée, les techniciens retournèrent à leur besogne à Hassi Messaoud sans qu'aucune autorité ne daigne leur exprimer un quelconque signe d'encouragement par l'attribution d'une distinction honorifique afin d'immortaliser cet événement, unique dans les annales de notre industrie pétrolière. Nullement décontenancés parce que n'étant point habitués aux feux de la rampe, ces techniciens savourèrent, autour d'un thé à la menthe, les congratulations sincères exprimées par leurs collègues, combien envieux de ne pas avoir été de la partie. La joie de ces retrouvailles et du sens de la mission accomplie valaient à leurs yeux tout l'or du monde. Il y a lieu de souligner que par rapport aux autres pays producteurs de Pétrole, en voie de développement, l'Algérie se devait d'être un précurseur dans le domaine du contrôle des éruptions et mettre son expertise au service de nombreux pays demandeurs. En effet, en plus d'une expérience avérée quelques techniciens algériens ont également suivi de nombreux cycles de perfectionnement sur simulateur de contrôle des éruptions à l'Institut Français du Pétrole. Cet établissement assure ce genre de prestations, au demeurant très rentables, aussi bien pour le compte de sociétés françaises que pour de nombreuses sociétés pétrolières mondiales. Par rapport à une demande sans cesse croissante dans le domaine, une Entreprise algérienne, du secteur de l'énergie, avait acquis des Etats-Unis, un simulateur destiné à des cycles de formation tant pour des Sociétés
locales que pour le compte de Sociétés étrangères. Des techniciens avaient même été formés pour assurer ce genre de prestations avec exercices sur le simulateur. Ce n'était que chimère car acquis à prix fort, ce simulateur allait par la suite être délaissé dans un hangar à Rassi Messaoud avant d'être dépecé de certains de ses composants électroniques. Notre gêne était d'autant plus grande que lors des séminaires organisés à l'Institut Français du Pétrole nous étions incapables de répondre aux questions du chargé de cours concernant le devenir de ce simulateur. C'est donc pour immortaliser une épopée qui fait partie de l'histoire de notre industrie pétrolière qu'un bref rappel a été fait concernant les éruptions en Algérie, ce travail de mémoire ne peut aucunement occulter l'intervention titanesque réalisée, un mois de décembre 1982, par une équipe de techniciens algériens sur un puits en éruption à Gassi El Bafinet. De même que cette remémoration se veut un hommage à tous ces techniciens anonymes (certains ne sont malheureusement plus de ce monde alors que d'autres ont pris leur retraite ou changé de métier) qui ont sillonné pendant des décennies, dans des conditions extrêmes, le sud du pays à la recherche de l'or noir dans des sondages d'exploration. Un clin d'œil également à ces pionniers du forage qui portent un handicap permanent engendré par des accidents professionnels.


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