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«Il faut protéger le site des Azrou en l'érigeant en parc régional»
Mohamed Belaoud, président de la fondation terre
Publié dans El Watan le 13 - 08 - 2016

Mohamed Belaoud est président de la Fondation Terre qui milite pour le développement durable et la préservation du patrimoine naturel et culturel.
Il connaît parfaitement le massif des Bibans pour avoir longtemps crapahuté sur ses crêtes et exploré ses galeries souterraines en sa qualité de spéléologue.
Depuis les années 1980, Mohamed n'a eu de cesse d'alerter sur les dégâts infligés à Kef Azrou (dit aussi Kef Lahmar) et d'autres sites des Bibans qui se trouvent livrés à une exploitation intensive de leurs gisements. Si la nuisance des carrières d'agrégats sur la quiétude des populations est avérée, il faut signaler également, insiste Mohamed Belaoud, leur impact nocif sur l'environnement et les géosites de la région.
«C'est quelque chose qui nous préoccupe beaucoup. Ces carrières sont en train de mettre plein de poussière dans les poumons des enfants. Ils chargent au maximum la dynamite alors qu'il y a des taux à respecter, la loi est claire là-dessus. J'ai assisté à des tirs, c'est spectaculaire», témoigne-t-il. «La chaîne des Azrou contient des cavités exceptionnelles. J'en ai rarement vu de pareilles. Sur le plan géomorphologique, c'est un spectacle unique en Algérie.
Ce sont des paysages uniques qui doivent être protégés. C'est ce qu'on appelle des géosites, des sites géologiques qu'il faut absolument préserver. Ce sont des laboratoires naturels et constituent de précieux terrains de recherche pour les scientifiques», plaide le président de la Fondation Terre. Et de poursuivre : «Il y a des endroits qu'il ne faut pas toucher. Ces endroits, il faut les classer, faire leur inventaire, chose qui n'a pas été faite. Il faut protéger ce site en l'érigeant en parc naturel régional. C'est le concentré des Bibans. Si ces sites étaient classés, on n'y aurait pas touché. L'Etat, la République, l'université, la société civile, tous doivent s'impliquer pour protéger ces sites naturels.»
Dans un rapport daté du 13 mars 1988, Mohamed Belaoud avait saisi la wilaya de Bordj Bou Arréridj au sujet des dégradations constatées déjà à l'époque au niveau de Ghar Skhoun (la Grotte chaude) suite aux activités d'une carrière. Dans son rapport (qui sera publié, dans la foulée, dans la revue Ifri, qui était éditée par le club de spéléologie de Boufarik), Mohamed Belaoud soulignait l'importance de cette grotte : «Cette cavité présente un intérêt exceptionnel pour l'étude de la spéléogénèse hydrothermale et de l'influence de la température dans le développement des concrétions et sur la faune troglobie.»
Il précise, en outre, que «cette grotte a toujours été occupée par l'homme», pour dire la valeur du site pour la recherche préhistorique. Mohamed ajoute que des gravures et des peintures rupestres ont été découvertes dans le réseau souterrain de la chaîne des Azrou. Et de constater à regret que l'entrée de la Grotte chaude a été saccagée «à la dynamite» et «des coupoles d'origine hydrothermale ont disparu aussi». «Faire disparaître une grotte aussi exceptionnelle est un crime que les générations futures ne nous pardonneront jamais», pointe le spéléologue.
«La force de l'argent a fait disparaître une montagne»
Mohamed se souvient particulièrement de la réaction du chef de daïra de Mansoura de l'époque après avoir pris connaissance du cri d'alarme de l'infatigable écumeur de grottes. «Il m'a reçu sans protocole, a revêtu une sorte de tenue de combat, il a appelé le maire et on s'est rendus sur les lieux. Il a aussitôt ordonné de déplacer le front de taille de la carrière. C'était un homme remarquable. Malheureusement, six mois après, il a sauté. Après, il y a eu le terrorisme. Certaines carrières ont prospéré pendant cette période trouble.»
Aujourd'hui, avec la multiplication des carrières autour de la chaîne des Azrou, les dégâts se sont fatalement amplifiés.
A telle enseigne qu'une montagne entière a disparu du paysage, selon M. Belaoud. «Dans la chaîne des Bibans, il y a ce qu'on appelle Azrou El Kébir et il y a aussi Azrou Sghir, une petite montagne située à 4 kilomètres de là. Cette montagne a quasiment disparu à force d'être exploitée. Oui, ils ont bouffé une montagne ! La force de l'argent a fait disparaître cette montagne qui renfermait trois cavités», s'indigne-t-il. M. Belaoud précise que les cavités des Bibans constituent un matériau de recherche extraordinaire, à la fois sur le plan géomorphologique, archéologique, anthropologique, historique, botanique…
«Il y a des cavités où les gens faisaient des ziara, ils allaient s'y soigner de la gale, ils avaient des rituels», affirme-t-il. «Sur le plan faunistique, l'hyène est présente en force là-bas alors qu'elle est classée espèce en voie de disparition. Il y a aussi l'écureuil.» Mohamed Belaoud tire la sonnette d'alarme : «On est en train de détruire un patrimoine exceptionnel. C'est un laboratoire souterrain protégé naturellement depuis des dizaines de milliers d'années et on est en train de le bousiller. Ghar Skhoun n'existe plus. La Grotte chaude a pourtant vu défiler beaucoup de spéléologues et de scientifiques, même étrangers. Les spéléologues algériens ont fait école dans ces grottes. Un beau jour, ce gisement va être épuisé.
Que vont devenir les habitants de la région et leurs enfants ? On n'aura que la désolation à offrir aux prochaines générations. Les Portes de fer ont résisté à toutes les invasions. Les Romains, les Ottomans, l'armée coloniale, se sont tous cassés la gueule là-bas. Quand tu touches à un tel site, tu touches à l'histoire.»


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