Ces ressortissants n'ont pu obtenir un nouveau titre de passage en douane (TPD), car les 6 mois ne sont pas renouvelables. Mardi après-midi, nous avons reçu des appels de détresse de passagers de 5 véhicules immobilisés, depuis jeudi, à la frontière algéro-tunisienne dans l'étroite bande de terrain entre les 2 postes frontaliers de Fedj Kahla (El Aïoun, El Kala). Ils ne pouvaient ni entrer en Algérie ni retourner en Tunisie. Hier enfin, les autorités algériennes leur ont permis de rejoindre le territoire national avec un délai pour régulariser la situation de leurs véhicules restés en dépôt. Ils se sont plaints de l'application impromptue, sans aviser, d'une loi sur le passage des véhicules étrangers. Ces passagers sont des Franco-Algériens ou Algériens résidant en France, qui sont arrivés par bateau en Algérie et qui ont bénéficié d'un TPD (titre de passage en douane) valable 6 mois pour leurs véhicules immatriculés à l'étranger. Autrefois, les Douanes ne délivraient que des TPD de 3 mois maximum, mais en 2014, sur insistance de certains députés, ce délai a été prolongé dans la loi de finances 2015 contre tout bon sens, nous ont déclaré des douaniers au fait de ces questions. En effet, si on reste dans un pays plus de six mois, c'est qu'on y réside. Cette prolongation aurait ouvert la voie à de nombreux abus. Les résidents à l'étranger doivent par conséquent ressortir du territoire national avant le terme du délai du TPD. Ceux qui nous ont contactés l'ont fait à deux jours de cette date en se rendant en Tunisie plus proche, moins chère et plus pratique qu'un retour en France. Mais au retour, ils n'ont pu obtenir un nouveau TPD, car les 6 mois ne sont pas renouvelables. Les passagers coincés se plaignent précisément de ne pas avoir été mis au courant de cette disposition spéciale. Les douaniers sont formels, «tout le monde le sait depuis janvier 2015, mais il y a eu des cas qui, malgré cela, ont continué de bénéficier de prolongation de complaisance». C'est ce que nous avons pu vérifier de la bouche même d'un des passagers coincés, qui nous a avoué avoir pu obtenir un premier délai et qu'il pensait pouvoir le faire encore une fois. Les occupants des véhicules, des familles et une femme enceinte, sont entrés le plus normalement du monde le jeudi ou le vendredi, seuls les propriétaires des véhicules sont restés sur place tout ce temps à attendre une solution. Celle qu'ils attendent ne viendra pas, car, nous a-t-on encore confié, un tour de vis vient d'être donné pour l'application stricte de ce texte et les douaniers complaisants se tiennent à carreau. Le problème ne serait pas particulier à El Tarf, nous dit-on encore, on signale des cas semblables à Tébessa. Les propriétaires des véhicules bloqués ont eu beau produire leurs billets de retour en France par bateau, cela n'a pas fait fléchir les Douanes. D'après ce que nous avons pu savoir, la solution pour eux est de revenir prendre leurs véhicules et retourner en France en passant par la Tunisie. Question sans réponse : est-ce que les Douanes tunisiennes ne leur feront pas le même coup au retour ?