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Le marché sous le diktat des importateurs
Industrie du livre en Algérie
Publié dans El Watan le 07 - 11 - 2016

Au delà de l'engouement qu'a connu la 21e édition du Salon international du livre d'Alger à travers le nombre important de visiteurs, d'autres questions de grande importance nécessitent d'être soulevées.
Des questions liées au développement de l'industrie du livre, un secteur encore à l'état embryonnaire, qui peine à sortir de sa dépendance vis-à-vis des importations, mais aussi à explorer l'exportation et entrer dans l'ère du numérique.
Avec les difficultés que rencontrent les maisons d'édition nationales, les facilitations accordées aux importations et le retard accusé dans le développement des nouvelles technologies, difficile de franchir ces pas. Ainsi, l'appel du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, concernant la transition vers le livre numérique et la conquête du marché étranger semble utopique.
Et pour cause. Tout comme les autres produits hors hydrocarbures, la production du livre fait face à d'innombrables difficultés sur le terrain. La nouvelle loi de juillet 2015 sur le livre n'a pas apporté les changements souhaités. Elle rend l'investissement dans le secteur encore plus contraignant, selon les avis recueillis.
Comme à chaque édition, la foule était fort nombreuse au rendez-vous du 21e Salon international du livre d'Alger (SILA). Entre les mordus du livre venus découvrir les nouvelles publications et assister aux différentes conférences, les étudiants, les lycéens, les familles, les affairistes, ou tout simplement les habitués des pavillons de la Société algérienne des foires et exportations (Safex), qui ne ratent aucune manifestation à ce niveau, les visiteurs affluaient quotidiennement en masse vers les Pins Maritimes.
Il faut dire que la participation des centres culturels étrangers a eu un impact positif sur le nombre de visiteurs venus prendre connaissance des «propositions» de cours de langues étrangères et se renseigner sur les conditions d'accès aux études supérieures en Europe ou aux USA, par exemple.
Les conditions météorologiques, avec le prolongement des jours ensoleillés en ce début de novembre, et la petite semaine de vacances scolaires, ont favorisé cet engouement pour le SILA. Les participants ont pour leur majorité essayé d'adapter l'offre à la demande en ce début d'année scolaire et universitaire, puisque ce sont les livres les plus recherchés, surtout avec le changement opéré dans les programmes. «Les parents veulent savoir si les livres parascolaires ont été adaptés au programme.
Vu que nous n'avons pas eu le marché cette année, nous les orientons chez ceux qui l'ont eu, en l'occurrence l'ONPS et l'ENAG», nous dira la représente de Casbah Editions. Globalement pour cette édition, qui a regroupé plus de 900 éditeurs et organisé sous le signe «Le livre, totale connexion», le cap a été mis sur la diversification de l'offre.
L'aspect professionnel a été relégué au second plan, laissant place plutôt «au commerce du livre». Un secteur où beaucoup reste à faire pour mettre en place une véritable industrie et pour assurer cette connexion tant recherchée entre les différents acteurs. Il reste alors l'occasion du SILA pour augmenter les ventes et tenter de redynamiser ce segment. Et ce, d'autant que pour le restant de l'année, le constat est bien là.
Il a été réitéré à maintes reprises, les librairies sont souvent désertées et n'accueillent du monde qu'à l'occasion des ventes-dédicaces. Les participants au SILA 2016 ont d'ailleurs relevé ce paradoxe. Mme Salhi, représentante des éditions Gallimard, nous le fera remarquer : «Pendant le Salon, ça marche très bien. Nous enregistrons beaucoup de ventes, alors qu'on ne voit pas autant de monde habituellement dans les librairies.»
Et de poursuivre : «Nous avons une forte demande pour les romans et les essais, dont certains ne sont pas disponibles chez les libraires. Ce qui fait que les gens, essentiellement les étudiants, attendent le Salon pour acquérir ces livres que nous cédons à des prix abordables, parfois même pas au taux de change officiel.» «Exemple, un livre à 21 euros est vendu au Salon à 2400 dinars, alors qu'on peut le retrouver ailleurs beaucoup plus cher», nous expliquera la représentante des éditions Gallimard, pour qui la nouvelle loi sur le livre n'a pas mis fin au monopole des importateurs.
Comment? «Pourquoi un libraire doit-il passer par un importateur pour commander un livre et éviter une rupture sur le marché national?», s'interroge-t-elle en guise de réponse. Pour notre interlocutrice, cette mesure aurait pu diminuer la pression autour du SILA, devenue au fil des éditions plus une foire qu'un Salon. «Normalement, c'est une rencontre professionnelle. Il faudrait à mon sens revoir la structure du Salon», proposera-t-elle. Pour d'autres participants, ce n'est pas l'organisation qui inquiète, mais plutôt la baisse des ventes.
La crise s'invite au salon
C'est le cas pour Hachette Editions, pour qui la crise a fini par avoir son impact sur le marché du livre. «Il y a moins de ventes cette année par rapport à l'année dernière. Je pense que c'est dû à la baisse du pouvoir d'achat des Algériens», nous dira à ce sujet le représentant de Hachette. Un avis partagé par un autre éditeur privé. Chez Mondiale livre bureautique et Littérature jeunesse, l'on estime que la crise a bien eu son effet sur le marché du livre. «Il y a moins d'engouement cette année», regrette-t-on à ce niveau. Une tendance inversée chez Dalimen Editions, qui a accordé à l'occasion de ce Salon d'importantes remises. Imene Allal, directrice d'édition, évalue d'ailleurs la demande en hausse, notamment pour les livres dédiés au patrimoine et pour la bande dessinée.
Toutefois, notre interlocutrice relève que, concernant le marché du livre en général, la nouvelle loi (n° 15-13 du 15 juillet 2015), qui consigne la politique du prix unique du livre, n'a rien apporté comme changement. C'est le cas pour la mesure obligeant un prix unique pour le livre. «Je comprends le libraire», dira-t-elle, pour justifier la réticence de cette catégorie vis-à-vis de cette mesure. Du côté de l'Entreprise nationale de communication, d'édition et de publicité (ANEP), l'on défend bec et ongles cette nouvelle loi.
Politique fiscale pénalisante
Intervenant la semaine dernière sur les ondes de la Radio nationale, Si Ali Sekhri, conseiller à l'ANEP, a estimé que le nouveau texte réglementaire donnera un nouveau visage à l'édition pour la hisser de son rôle de prestataire au rang de producteur. Il citera comme avantages l'encadrement, la concurrence et l'incitation à l'achat des livres par les institutions. Or, sur ce point, la crise commence à se faire ressentir. «Les institutions publiques et les ministères ont réduit leurs commandes», nous dira à ce sujet la directrice d'éditions de Dalimen, qui relèvera par ailleurs la forte concurrence des importations dont la part est évalué à 60 millions d'euros, selon Ahmed Madi, président du Syndicat national des éditeurs du livre (SNEL).
Une concurrence jugée déloyale par de nombreux éditeurs, comme c'est le cas de Abdlehalim Salhi, directeur de la maison d'édition, d'impression et de distribution La Bibliothèque verte. «On encourage beaucoup plus la concurrence déloyale via l'importation, au détriment d'une production nationale. Avec 35% du prix local, qui va aux taxes sur les intrants et 12% seulement pour le livre importé, le choix est vite fait», regrette-t-il. Un point que ne manquera pas de souligner le représentant de l'ANEP, pour qui, la politique fiscale continue de pénaliser la production locale.
Cependant, la nouvelle loi tente de rectifier quelques anomalies. «Avant, l'importateur faisait de la concurrence déloyale en appliquant des remises allant jusqu'à 30%. La nouvelle loi limite ces remises», a soutenu M. Sekhri. Et de regretter, par ailleurs, le fait que la nouvelle loi donne plus de pouvoir aux «bureaucrates» par la soumission de l'édition et de la commercialisation du livre «à une autorisation préalable du ministère de la Culture». «C'est l'une des faiblesses de ce texte. En quoi un bureaucrate du ministère de la culture a plus de compétences que moi pour choisir un texte», a expliqué M. Sekhri plaidant en faveur d'un contrôle a posteriori.
Encore tôt pour parler du livre numérique
Une manière de lancer un appel aux pouvoirs publics pour associer les acteurs de l'industrie du livre à l'élaboration de lois.
Ce que notera également Abdelahalim Salhi, pour qui le temps est à la mise en place des conditions nécessaires pour la promotion de l'investissement dans le livre via toutes les chaînes de l'édition à la distribution.
Et ce, avant de passer au développement du livre électronique, qui est loin d'être considéré aujourd'hui comme un concurrent au livre papier, selon les témoignages recueillis auprès des participants au SILA 2016. «On n'est pas encore en phase de parler livre électronique. Organisons d'abord ce que nous avons avant de passer à ce niveau», estime-t-on à ce sujet. A commencer par l'ouverture des librairies, dont le nombre reste dérisoire à l'échelle nationale avec seulement 200 unités qui n'arrivent pas à se maintenir dans un secteur aussi difficile. «Il faut encourager l'ouverture de librairies en soutenant les initiatives à travers les aides, l'exonération d'impôts et en associant l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej).
Ce ne sont pas les idées qui manquent», précisera l'éditeur Abdlehalim Salhi. Le projet de récupération de bouteilles d'eau pour l'ouverture de petites librairies sous forme de kiosques commence d'ailleurs à faire son chemin.


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