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Festival du Caire : L'Europe dévoile ses blessures
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Publié dans El Watan le 18 - 11 - 2016

Au 38e Festival international du film du Caire, qui se déroule jusqu'au 24 novembre, des films européens révèlent l'ampleur des drames qui traversent l'Europe. Une Europe qui n'assume pas totalement la noirceur de son passé et qui craint la grisaille du futur. Le temps du vieux continent se conjugue à l'imparfait !
L'Europe va mal. Très mal. A la crise économique s'ajoutent la crise morale, la désillusion des élites, le spleen des jeunes, la peur du lendemain et les tourments du passé. Le cinéma dévoile ces blessures, celles que le système médiatique cache sous un tas de formules, de tournures de phrases et d'images lisses. Deux longs métrages en compétition au 38e Festival international du film du Caire, projetés mercredi à la Cairo Opera, racontent ces crises sous des angles et des approches différents.
Il y a d'abord A good wife (Une épouse exemplaire) de la Serbe Mirjana Karanovic, mondialement révélée en 1985 par le film d'Emir Kusturica, Papa est en voyage d'affaires. Comme dans ce film, qui a également rendu célèbre le cinéaste serbe, Mirjana Karanovic interprète le rôle d'une mère et d'une épouse, Milena. Elle croit vivre le bonheur avec son mari (Boris Isakovic), un ancien militaire, sa fille, étudiante, et son fils.
L'époux attendrissant mais colérique n'aime qu'on évoque à la télévision le procès des soldats serbes impliqués dans les crimes massifs lors de la troisième guerre balkanique dans les années 1990. Comme il accuse sa fille, qui vit seule à Belgrade, de trahir le pays parce qu'elle fréquente les Français et parce qu'elle revendique une certaine liberté, y compris sur le plan du choix sexuel. Milena, qui aime cette fille rebelle, découvre une cassette vidéo dans l'armoire de la chambre à coucher.
Elle regarde. Des images d'un pique-nique en famille, sourit, savoure les souvenirs revivifiées, éteint le téléviseur. Elle va ensuite chez le médecin qui lui recommande une mammographie. Premières craintes. Milena continue de vivre malgré tout rassurée par la chaleur familiale, cependant elle est inquiète par l'attitude de son mari vis-à-vis d'un ancien compagnon d'armes, devenu ivrogne, qui menace de dévoiler un secret. Mais, lequel ?
Les soldats de Mladic
Les inquiétudes de Milena se multiplient au moment où une voisine jette à la poubelle les tenues militaires de son époux. La mémoire des Serbes est toujours tourmentée. Personne n'a encore oublié le massacre de Srebrenica de juillet de 1995 et le siège de Sarajevo à partir de 1992. Les soldats de Ratko Mladic, le commandant de sinistre réputation, ont commis sous les yeux indifférents du monde des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité en plein cœur de l'Europe. Page tournée ?
Ce n'est pas l'avis de Mirjana Karanovic qui, à partir d'une histoire intimiste, est allée explorer la «grande histoire» et les vérités cruelles qu'elle tente de cacher maladroitement. Les calculs géostratégiques, les complicités politiques et les enjeux économiques ne peuvent pas faire oublier que les 8000 victimes de Srebrenica réclament toujours justice, les procès du TPIY ne sont pas suffisants et les utltra nationalistes ont toujours leur mot à dire à Belgrade.
D'ailleurs, le jugement de Ratko Mladic n'a pas encore eu lieu après de nombreux reports et manœuvres. La démarche de la cinéaste porte toute la colère de la dénonciation. Milena écrase son cœur pour qu'une vérité soit dite. Et de quelle manière ! Le puissant scénario de Stevan Filipovic, Darko Lungulov et Mirjana Karanovic a tout donné à un film qui renforce, encore une fois, l'idée que le cinéma authentique des Balkans et de l'Europe de l'Est a encore de belles années devant lui.
Effondrement des pères
We are never alone (Nous ne sommes jamais seuls) du Tchèque Petr Vaclav aurait pu être une romance sur la solitude ou un drame psychologique sur les nouvelles obsessions du monde contemporain. Mais le film traverse les genres pour se rapprocher de la comédie noire et raconter plusieurs histoires que rassemblent trois espaces : la route, la forêt, la maison et un lieu de jouissance. Soused, un gardien de prison (Miroslav Hanuš) vit dans la paranoïa du danger permanent.
Un danger que peut constituer l'étranger, l'autre, «celui qui n'a pas la peau claire», celui qui vient d'ailleurs. Ce gardien, qui martyrise son enfant et son épouse, circule avec une arme, ferme à double tour la maison, y compris la cuisine quand il mange, observe le voisinage de sa fenêtre.
Il s'intéresse à la boutique que gère sa voisine, Jana (Lenka Vlasakova). Jana a de plus en plus mal à supporter un époux hypocondriaque au chômage (Karel Roden) qui malmène ses deux enfants et qui ne sort que pour rencontrer Soused. «Ceux qui ont peur de mourir ont peur de vivre aussi», lui dit-elle sans qu'il soit convaincu.
Le gardien de prison en veut au monde entier, à l'Union européenne, aux migrants, aux autres. Il voit de la corruption et des bandits partout. «Les communistes sont partis, il ne reste plus rien», répète-t-il. Loser comme son voisin, Soused refuse d'assumer la liberté acquise au bout d'une dizaine d'années de lutte par les Tchèques.
Son petit confort personnel passe avant tout. Jane cherche l'amour ailleurs, chez l'intrigant Rom Milan (Zdenek Godla), un costaud brun, qui passe acheter des cigarettes et qui mène, lui aussi, la vie dure à une prostituée (Klaudia Dudova). A chacun son souffre-douleur ! La jeune femme, qui calme ses tourments par la boisson, attend la sortie de prison de son époux comme une éclaircie après une saison de pluie battante. Dans We are never alone, chacun est en quête de quelque chose, de sécurité, de bonheur, d'amour, de tranquillité ou de liberté.
Ecrasés, humiliés, ignorés et battus, les enfants prennent leur revanche, arrachent aux adultes désenchantés des parts de vie. Petr Vaclav semble croire à la possibilité de l'espoir dans une Europe en déclin accéléré. Le cinéaste, qui est dans la dénonciation autant que Mirjana Karanovic, montre des pères effondrés, des mères passives mais réactives et des enfants qui veulent se débarrasser, parfois sans le vouloir, des souillures du vieux monde.
Le film passe du noir et blanc à la couleur comme pour suggérer le passage d'un univers à un autre, d'un état d'âme à un autre, d'une illusion à une autre, d'une action à une autre. Petr Vaclav, qui a réalisé en 2002 le long métrage Les mondes parallèles, adore cette manière de narrer les histoires et de les mettre sur des lignes qui ne se rencontrent pas forcément.
Il y a une démarche expérimentale que le cinéaste assume totalement et qui donne une force au film. Force tirée aussi des images d'artistes signées par Stepan Kucera. Une chanson orientale remixée en style house semble suggérer que «la menace» que craint le blanc Soused peut venir de l'Orient. Cet Orient à feu et à sang en raison de choix faits par le monde dit libre.
Soused craint pour la sécurité de son chez-soi et de sa famille alors qu'ailleurs, en Syrie ou en Irak, des familles entières périssent sans avoir le temps d'avoir peur ! Le film We are never alone , dont le titre suggère le vivre ensemble qui est aujourd'hui menacé par les partisans du populisme de droite, porte une critique dure à l'égard des sociétés européennes et de la culture de l'égoïsme et du rejet de l'autre.
«Ils ont dit que je suis en bonne santé mais je souffre comme un animal», confie l'époux de Jane au gardien de prison. Une phrase qui en dit long sur l'état d'esprit de l'Européen contemporain. Cet Européen qui constate que le monde se dérobe sous ses pieds comme du sable avalé par un trou parce qu'il refuse de croire aux valeurs qui rassemblent, qui rapprochent et qui rassurent.
Comme Soused qui veut devenir président pour imposer sa haine et ses peurs à tout le monde. A good wife et We are never alone sont en compétition officielle au Festival du Caire aux côtés d'autres longs métrages, tels que Chroniques de mon village de l'Algérien Karim Traïdia, Anna's life de la Géorgienne Nino Basilia, Des tueurs sur des roues de l'Hongrois Attila Till, Mimosas du Franco-Espagnol Oliver Laxe, Yaoum li sitat de l'Egyptienne Kamla Abu Zikri (voir www.elwatan.com), Des étrangers parfaits de l'Italien Paolo Genovese, Le passage étroit des Indiens Satish et Santosh Babusenan et Someone to talk to de la Chinoise Yulin Liu.


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