La décision d'écourter les vacances scolaires de 15 à 10 jours n'a pas été sans conséquence : les lycéens sont sortis dans la rue, provoquant même, dans certaines villes, des échauffourées violemment réprimées par la police. Des échauffourées ont éclaté, hier à Béjaïa en fin de matinée, entre les éléments des services d'ordre et quelques dizaines d'élèves de CEM et de lycées qui sont sortis dans la rue pour protester contre le nouveau calendrier des vacances scolaires, annoncé par la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, la semaine dernière. La police a chargé à plusieurs reprises les manifestants avant de procéder à de nombreuses interpellations d'élèves et extra-scolaires qui s'étaient mis de la partie, avons-nous constaté sur place. Parmi les protestataires, des individus ont utilisé des cocktails Molotov. L'un de ces projectiles a failli atteindre le premier étage de la direction de l'éducation, dont la façade en verre a été saccagée. Des riverains qui se trouvaient au niveau de l'abribus, en face du siège de la wilaya, ont été également la cible d'un cocktail Molotov qui est tombé au milieu de la foule. Les jets de pierres ont fait une victime, un vieil homme touché à la tête, qui a été évacué, le front ensanglanté, par des policiers à l'intérieur de la wilaya. Sur le boulevard de la Liberté, des plaques de signalisation ont été arrachées et le rond-point Dawadji a été pris d'assaut, servant de «réserve» de pierres pour les frondeurs. Dans la matinée, des groupes d'élèves ont sillonné les établissements scolaires de la ville afin de demander la libération de leurs camarades dans le but d'organiser une marche. Le même constat a été observé à Amizour, Sidi Aïch et El Kseur où les manifestations se sont déroulées dans le calme. La Fédération des associations des parents d'élèves de la wilaya de Béjaïa (FAPEWB) a réagi promptement et accuse «certains milieux douteux dont les desseins vont à l'encontre des intérêts de l'élève». Dans la wilaya de Boumerdès, une vingtaine de lycées et plusieurs CEM ont été paralysés. Des marches ont également été organisées dans les localités des Issers, Figuier et Boumerdès pour revendiquer le maintien de l'ancien organigramme des congés. Des milliers d'élèves venus des quatre lycées du chef-lieu de la wilaya ont organisé, pour la deuxième journée, un sit-in devant la direction de l'éducation. Ce mouvement de grève a été également suivi au niveau des lycées de Naciria, Dellys, Beni Amrane, Zemmouri et Boudouaou où les élèves ont boycotté les cours durant toute la journée. «La tutelle a agi sans nous consulter. Nous payons toujours les frais des grèves et l'instabilité chronique que vit le secteur de l'éducation sur tous les plans», s'écrient des élèves du lycée du Figuier, qui ont improvisé une marche jusqu'au siège de l'académie pour exprimer leur colère. A Constantine, 11 établissements du secondaire sur les 62 que compte la wilaya ont été perturbés, selon Mohamed Bouhali, directeur de l'éducation, par la grève des élèves, qui ont crié leur colère contre la révision du calendrier des vacances scolaires. Au centre-ville, hier, les élèves des lycées Youghourta et Sœurs Saadane, à Coudiat, ont fait l'école buissonnière et ont même improvisé une marche sans objectif précis, pour descendre jusqu'à la place des Martyrs en scandant des slogans de stade.N. Douici, R. Kebbabi et R. C.