Sortie de 6 nouvelles promotions à l'Ecole de Spécialisation Hélicoptères d'Ain Arnat    Boughali reçu à Nouakchott par le président de la République de Mauritanie    Turbulences de l'économie mondiale et impacts sur l'économie algérienne    Ooredoo participe à la Foire Internationale d'Alger    L'ONU dresse un sombre tableau    Foot/ Coupe d'Algérie 2024-2025 : la finale USMA-CRB fixée au samedi 5 juillet à Nelson-Mandela    L'ultime journée de groupes de la Coupe du monde des clubs    Vivez Alger, courez l'histoire !    Le 1er Mouharam vendredi 27 juin et Achoura dimanche 6 juillet    Une revue au cœur de l'humanité    L'importance d'une bonne éducation    Centre national du cinéma et de l'audiovisuel : annonce de la liste des projets du programme ''Hiya'' destiné aux cinéastes algériennes    Sonelgaz : examen des perspectives de coopération avec la Commissaire aux infrastructures et à l'énergie de l'UA    Sonatrach parmi les entreprises pionnières ayant pris des mesures pour réduire les émissions de carbone    Signature d'une convention de partenariat entre Ooredoo et les Scouts musulmans algériens    52e anniversaire de la mort de Mohamed Boudia : hommage aux qualités du moudjahid de la Révolution algérienne et militant de la cause palestinienne    Le président de la République reçoit une délégation de la société américaine ExxonMobil    Le Conseil de la nation participe en Autriche à la 1ère réunion mondiale de l'INLOD    L'UNESCO publie la liste indicative du patrimoine mondial de l'Algérie proposée en 2025    El-Qods occupée: 623 maisons et installations démolies par l'entité sioniste depuis octobre 2023    Agrément à la nomination du nouvel ambassadeur d'Algérie auprès de la République coopérative de Guyana    L'Algérie appelle à la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient    Conseil de sécurité: débat public annuel sur les violations des droits des enfants lors des conflits armés    CAN-2024 féminine: deux matchs amicaux au programme face à la RDC et au Sénégal    «Provoquer un incendie relève, désormais, de l'acte criminel passible de très lourdes peines»    « Le cas de la veuve de l'ex-gendarme est pris en charge »    L'Atlético Madrid éliminé    «Le principe d'égalité est au cœur des droits humains»    Quand la nation perse résiste aux assauts    A peine installée, la commission d'enquête à pied d'œuvre    L'importance du don de sang    La place privilégiée de la religion    CAN féminine 2025: les "Vertes" entament la 2e phase de préparation à Sidi Moussa    «L'Algérie, forte de ses institutions et de son peuple, ne se laissera pas intimider !»    L'industrie nucléaire iranienne loin d'être démantelée    Le président de la République inaugure la 56e Foire internationale d'Alger    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Je ne suis jamais satisfaite de ma peinture
Souhila Bel Bahar. Artiste peintre
Publié dans El Watan le 30 - 12 - 2016

Rencontrée à la galerie Dar El Kenz, à Alger, lors du vernissage de son exposition intitulée «Symphonique picturale», l'artiste peintre Souhila Bel Bahar retrace, pour vous lecteurs, quelques étapes de son parcours artistique. Elle confie également ses positions sur l'art et son souhait de créer un espace dédié aux femmes artistes.
- Après une rétrospective de vos œuvres présentées dernièrement au Musée des Beaux-Arts d'Alger, vous exposez, jusqu'au 5 janvier 2017, à la galerie Dar El Kenz, une nouvelle collection regorgeant de couleurs et de formes ?
Cette exposition clôture les vingt ans de la galerie Dar El Kenz. Elle a été préparée avant ma rétrospective au Musée des Beaux-Arts d'Alger. Quand j'ai travaillé pour ma rétrospective, j'ai laissé un quota de tableaux pour la galerie Dar El Kenz. Nous avons essayé d'équilibrer avec des anciennes collections qui m'appartiennent et avec des nouveautés datant entre 2000 et 2016. Je présente une vingtaine de tableaux et deux sculptures.
- Pourquoi avoir intitulé cette présente exposition «Symphonie picturale» ?
Vous avez remarqué qu'il y a partout dans mes tableaux des instruments musicaux. La peinture, c'est exactement comme la poésie. Un poème est coloré parce qu'il suggère la couleur. Vous le colorez mentalement. En peinture, c'est comme en musique. On dit que la musique a des tonalités et des couleurs. Quand un chef d'orchestre fait l'analyse d'une partition, ce sont des tons, des couleurs et des sons. Dans la peinture, c'est exactement la même chose.
- Il existe des thèmes majeurs dans votre peinture, comme entre autres l'incontournable femme pétale, le Sud et les instruments musicaux. Pourriez-vous nous en dire plus ?
Je dois avouer que ces femmes pétales sont en train de prendre le dessus sur moi. Elles me font de l'ombre (rires). Quand j'ai débuté, j'étais dans le figuratif, après j'ai migré vers le semi-figuratif. Les paysages du Sud m'ont toujours interpellée. Lorsque j'ai passé un petit séjour à Taghit, j'ai été éblouie par la richesse de notre Sahara. Je comprends mieux à présent pourquoi les gens prennent l'avion à partir de l'Europe pour se rendre au Sahara.
Ce qui m'a interpellée à Taghit, ce sont ces femmes drapées de magnifiques costumes sans couture. L'époux, quant à lui, est drapé de sa gandoura. Je vous assure que c'est un spectacle surprenant avec ce sable tout le temps en mouvance. Ce sable n'est pas statique. Les dunes bougent, donnant naissance à des sculptures magnifiques.
Des fois, elles sont bien construites. Elles se déclinent sous forme de dunes, et le lendemain elles se transforment en vagues de sable. Franchement, c'est féerique. Concernant la présence des instruments musicaux dans ma peinture, il ne faut pas oublier que je suis blidéenne. Et puis, il y avait le mari de l'artiste peintre Baya, Hadj El Mahfoud, et Dahmane Benachour. Mon regretté père était aussi un fan de musique andalouse.
- Dans l'un de vos tableaux, vous rendez un vibrant hommage au regretté musicien Othmane Bali…
Effectivement, je rends hommage dans un de mes tableaux au musicien Othmane Bali. Sa mort m'a bouleversée. Il a été un symbole de sagesse, de la richesse et de la musique des touaregues. Lorsqu'il est mort, je me suis dit que c'était une perte inestimable de cet homme hors du commun. Son fils n'a pas la même étoffe que son paternel.
La regrettée mère de Othmane Bali a été présentée lors d'un concert à la salle Ibn Zeydoun comme la plus belle femme du monde. La musique des Touareg nous convie à travers un voyage initiatique. Je me suis dit que les gardiens des traditions, ce sont eux qui vont les perpétuer et nous faire découvrir la richesse du Sud.
- Dans votre peinture, il y a aussi un clin d'œil à Delacroix à travers sa célèbre toile «Les femmes d'Alger dans leur appartement»…
J'ai fait cette peinture avec une grande liberté. J'ai fait référence à Delacroix, mais je l'ai traduit comme je l'ai voulu. Personne ne m'a contredite. D'ailleurs, j'ai fait des quantités de croquis que j'ai montrés dernièrement au Musée des Beaux-Arts pour aboutir à ce tableau.
- Comment situez-vous votre peinture ?
J'adore ma peinture. Parfois, elle me fait du mal. Je ne suis jamais satisfaite. Je pense que je suis une perfectionniste. C'est une petite torture perpétuelle. J'ai l'impression que je n'ai pas le droit de stagner. Quand je monte dans mon atelier, je me dis toujours que je ne vais pas retomber dans les mêmes clichés. D'ailleurs, cela ne m'apporte rien. Moi, je veux me surprendre. C'est prétentieux de ma part, mais c'est la réalité. Quand je peins, je pars toujours d'une idée bien précise, mais une fois que j'arrive au résultat final, j'ai déjà fait cinq ou six croquis que je dépouille.
- Vous êtes ouverte à d'autres modes d'expression. Justement, comment s'est effectué ce travail de sculpture à quatre mains ?
Je viens avec deux sculptures dont la conception a été faite par moi, mais l'aspect technique a été assuré par ma fille Dalila Hafiz Bel Bahar qui est très portée sur la recherche. Pour ainsi dire, elle se dépasse. Elle a déjà participé à deux expositions avec des travaux personnels. Elle m'a incitée à m'embarquer du côté de la sculpture. Je n'ai plus l'âge de faire du découpage, car je souffre de rhumatisme, et surtout d'arthrose. Ma fille n'a pas voulu donner cela à un spécialiste qui fait le découpage au laser, technique plus facile.
Elle m'a signifié au départ qu'elle ne voulait pas se lancer dans une série, mais dans des pièces exclusives. Elle les a tous découpés elle-même avec des appareils électriques. Quand elle a fini, elle m'a appelée pour me demander de passer tous mes week-ends chez elle pour peindre. Elle voulait que ce soient des femmes pétales authentiques. Nous avons fait pour ainsi dire un travail à quatre mains.
- Le modélisme et la peinture sont-ils pour vous des arts complémentaires ?
Quand j'étais modéliste, c'est là que j'ai compris la mise en page, le brassage des couleurs. C'est là que j'ai tout compris. Cela a été mon école. Je n'ai pas fait l'Ecole des Beaux-Arts, mais lorsque j'ai fait l'école Femina, il fallait faire les études et créer des modèles. Avant, il n'y avait pas le mannequinat avec des personnes. C'étaient des revues mensuelles de la mode dessinées par de grands artistes. Ces magazines se vendent actuellement aux enchères.
Je suis une autodidacte. Je tire des leçons de toutes les expériences vécues. Je ne pense pas que le modélisme est une complémentarité avec la peinture, car dans l'étude du modèle vous veillez toujours à ce que ce soit possible de le traiter en vêtement. Vous faites attention pour la découpe du modèle, pour le tomber et pour le tissu. C'est un autre registre. J'ai toujours avoué que Mohamed Racim était mon identité, Eugène Delacroix a été mon maître, et Pablo Picasso a été ma liberté.
- Revenons à la récente publication votre beau livre intitulé Il pleut des jasmins sur Alger. Quelle en est la genèse ?
J'ai toujours rêvé d'écrire un beau livre, surtout quand j'ai commencé à prendre de l'âge. On n'écrit pas un livre comme cela si on n'a pas un âge avancé. Je me disais toujours que si Dieu me prêtait vie, j'écrirais un beau livre. De ce fait, quand j'en ai parlé notamment aux intellectuels qui venaient visiter mon atelier, ils m'encourageaient dans l'écriture. Je ne vous cache pas que j'ai fait cela très tôt, depuis les années 1960.
J'ai toujours écrit mes états d'âme et mes inquiétudes. C'était un journal intime, mais un peu en désordre. Quand j'ai eu l'accord du palais de la Culture, conjointement avec le Musée des Beaux-Arts, j'ai été prise de panique, sachant que je ne suis pas une littéraire. Je me suis dit que je m'étais embarquée dans quelque chose d'impossible. J'en ai parlé à ma fille Dalila qui a une licence de lettres et qui est fan de sa mère. Je lui ai demandé conseil.
Elle m'a tout de suite encouragée à réaliser ce beau livre avec son étroite collaboration. Elle s'est servie de mes caisses à trésor pour défricher mes précieux documents. Elle a mis un an et demi pour dépouiller mes mémoires. Pour la petite anecdote, elle me téléphonait à des heures impossibles de la nuit pour confirmer certains faits. A chaque fois qu'il y avait des manques au niveau des années, je fouillais dans ma tête pour les combler. Dans ce beau livre qui m'est consacré, il y a beaucoup de sincérité émanant de ma personne.
- En somme, ce beau livre vous le dédiez à qui exactement ?
Je voudrais bien dédier ce beau livre aux jeunes filles qui, actuellement, ne cessent de se plaindre. J'ai envie de leur dire qu'il ne faut jamais dire «on a fait de moi ceci ou cela». Mais plutôt «qu'est- ce que j'ai fait de ce qu'on a voulu faire de moi». J'ai envie de leur dire qu'elles appartiennent à un pays magnifiqaue où tout est possible et où tout est à faire à la base. Il faut avoir la volonté d'exister. On peut exister avec une collection de pierres de différentes régions. Alors qu'à notre époque il était difficile d'être couturière ou encore sage-femme. Me concernant, j'ai su m'imposer, car j'avais un père qui était un homme moderne. Il a été le premier à avoir son examen de sixième.
- Quel est votre regard sur les arts plastiques en Algérie ?
Je pense que la peinture algérienne se porte très bien. Nous avons une flopée d'excellents jeunes talents. Je voudrais créer une organisation ou un musée de femmes peintres de l'ancienne et de la nouvelle générations. J'aimerais bien qu'on crée un lieu où l'on fasse un genre d'historique des femmes peintres, qu'on raconte leurs histoires et leurs démarches.
- Un dernier mot…
Je voudrais que les galeries se multiplient par dix dans la capitale et dans toutes les wilayas du pays. Il y a un manque flagrant d'espaces d'expositions. C'est dans la concurrence que la qualité va émerger. Sinon, étant une femme avec du temps libre, j'accepte toutes les invitations d'exposition émanant de certains organisateurs.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.