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Contribution : Mohamed Khider, mon père
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Publié dans El Watan le 03 - 01 - 2017

Il y a 50 ans, le 3 janvier 1967, mon père était assassiné froidement à Madrid par un tueur de la Sécurité militaire, allongeant ainsi la longue liste des patriotes exécutés par leurs «frères». Ce crime odieux, qui avait mis fin au parcours d'un combattant au long cours, dont la vie est, à bien des égards, exemplaire et passionnante, est resté à ce jour impuni. Comme celle de tant de patriotes de sa génération, la vie de Mohamed Khider est jalonnée d'événements historiques, de combats héroïques et de terribles souffrances consenties pour un seul idéal : la libération de son pays et la restauration de la dignité et des libertés de ses concitoyens.
Militant nationaliste au PPA/MTLD, il était parmi les rares députés «indigènes» qui siégeaient à l'Assemblée française ; l'hémicycle du palais Bourbon résonnait de sa voix tonitruante qui portait haut et fort les aspirations légitimes du peuple algérien. Le 1er Novembre 1954, il était parmi les «neuf chefs historiques» qui avaient déclenché la Guerre de Libération nationale ; avec Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella, il avait pour mission de représenter la Révolution sur la scène internationale.
A l'indépendance, Mohamed Khider se retrouve dans le camp des vainqueurs lors de la crise de l'été 1962. Il est nommé ministre d'Etat dans le premier gouvernement de l'Algérie indépendante et secrétaire général du FLN. Ne pouvant infléchir la politique du régime de fait accompli, il prend très vite ses distances avec le duo Ben Bella/Boumediène, avant d'entrer en opposition frontale avec la dictature en marche.
Contraint à l'exil, il soutient les autres mouvements d'opposition, notamment le Front des forces socialistes de Hocine Aït Ahmed et le Parti de la révolution socialiste de Mohamed Boudiaf, en mettant à leur disposition une partie des fonds du FLN dont il était dépositaire. Nombre de dirigeants de la Révolution avaient mis en garde contre la militarisation de la société au détriment de la participation populaire qui avait permis d'arracher l'indépendance.
Pour Benyoucef Benkhedda, l'ancien président du GPRA, «certains officiers, qui ont vécu à l'extérieur, n'ont pas connu la guerre révolutionnaire comme leurs frères du maquis, guerre basée essentiellement sur le peuple. Ces officiers qui sont restés, pendant la durée de la guerre, aux frontières tunisienne et marocaine, ont souvent tendance à ne compter que sur la force des armes. Cette conception dangereuse conduit à sous-estimer le rôle du peuple, voire à le mépriser et crée le danger de voir naître une féodalité ou une caste militariste, telle qu'il en existe dans certains pays sous-développés, notamment en Amérique latine».
Le régime de fait accompli qui peine à s'imposer par la négociation est aux abois. Il n'hésite pas à recourir à la répression ; l'élimination physique des opposants est devenue le recours radical pour le règlement des conflits politiques. Plusieurs personnalités, opposants déclarés ou qui n'ont pas l'heur d'être dans les bonnes grâces du clan dominant, ont été liquidées. D'autres trouveront la mort dans des conditions suspectes.
Comme le Colonel Saïd Abid «suicidé»), le Colonel Abbès (mort dans un accident de voiture), le Colonel Chaâbani (exécuté après un simulacre de procès), le Colonel Amirouche (tombé dans une curieuse embuscade), Mohamed Khemisti (assassiné par un «fou»), Mohamed-Seddik Benyahia (mort dans un crash d'avion), Ahmed Medeghri (suicidé de trois balles dans la tête !), Mohamed Boudiaf (assassiné en direct à la télévision par un membre du commando qui assurait sa protection), Ali Mecili (assassiné par un truand exécutant un contrat passé par la Sécurité militaire), Matoub Lounès (criblé de balles par un mystérieux commando)...
Le crime politique n'est jamais un acte gratuit. Après avoir réduit leurs victimes au silence, les assassins n'hésitent pas à salir leur réputation pour les effacer des mémoires et justifier ainsi leur forfait. Le pouvoir algérien, dirigé à l'époque par Boumediène, utilisa l'affaire du «trésor du FLN» pour travestir l'idéalisme le plus pur en de sordides calculs d'intérêts.
Malgré de terribles campagnes de calomnies visant à attenter à l'intégrité morale de Mohamed Khider même au-delà de la mort, il ne réussira pas à le discréditer, grâce au combat de sa femme, de ses enfants et de quelques rares compagnons restés fidèles au serment de Novembre et de la Soummam. Car «si le mensonge peut durer tout un temps, la vérité peut les rattraper en une seconde». Au-delà de l'intox mensongère, il reste la vérité des faits : grâce aux fonds déposés par Mohamed Khider, l'Etat algérien est devenu propriétaire d'une banque en Suisse.
La disparition tragique et prématurée de Mohamed Khider, comme celle de tant d'autres de ses compagnons de lutte, neutralisés par la mort ou contraints à l'exil, privera l'Algérie d'une personnalité d'envergure, dont l'expérience aurait pu servir le pays en pleine reconstruction. Ces hommes de courage et de conviction qui avaient voué leur vie à un idéal sont aujourd'hui occultés.
Les nouvelles générations n'ont eu droit qu'à une histoire frelatée, qui a exclu les vrais héros pour mieux célébrer les grandes canailles. Raconter leur vie, leur combat est un devoir de mémoire pour leur rendre justice. Pour les nouvelles générations, c'est un motif de fierté. En se ressourçant dans les pages denses et tragiques de notre histoire tourmentée, elles reprendront confiance et espoir dans un avenir qui s'annonce incertain.


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