La bibliothèque communale de Béjaia a abrité, du 5 au 8 avril, une résidence d'artistes algéro-allemande comme première phase de coproduction d'une pièce théâtrale, dont la conception s'achèvera, en deuxième étape, en Allemagne, avant que le «produit» fini ne soit dévoilé au public à la 9ème édition du Festival international du théâtre de Béjaia (FITB). Omar Fetmouche, commissaire du FITB et concepteur du spectacle avec Lydia Zimeke, metteure en scène de la compagnie berlinoise Suite 24, ont donné un avant-gout de la trame qui aborde subtilement et sous un angle nouveau le thème de la violence et ses traumatismes. Deux femmes, une algérienne et une allemande, se croisent dans un aéroport parisien désertique. Au cours d'une discussion, elles découvrent, par pur hasard, que leurs grand-pères respectifs se sont rencontrés sur le front sanglant et meurtrier de la deuxième guerre mondiale. Chacune allant de son récit, elles en viennent à aborder les chocs socio-économiques vécus par leurs pays respectifs : la phase dite socialiste aussi bien en Algérie qu'en Allemagne de l'est, la dictature puis l'avènement du libéralisme et ses soubresauts, le terrorisme islamiste… Du croisement des récits des deux femmes que rien ne lie à priori, flottent une douleur et des traumatismes presque semblables, faisant se rapprocher les deux interlocutrices. Pour la conception du spectacle, le schéma de narration linéaire est délaissé au profit d'une écriture fragmentaire, plus contemporaine, pour dérouler l'histoire de cette «violence bizarre d'ici et là-bas», a affirmé Lydia Zimke. En plus de cette dernière et Omar Fetmouche, participent à ce projet artistique, côté allemand, Claire Chick, scénographe, Lucie Zegler, comédienne, Owen Lasch, musicien, Rolf Hemke, dramaturge et, côté algérien, Lydia Larini, comédienne, RahimaKhelfaoui, chanteuse et musicienne et Sofiane Boukemouche, régisseur artistique. Ce partenariat, initié et financé par l'institut international de Berlin et la fondation Bosch d'Allemagne en collaboration avec le FITB, entre dans le cadre de l'action artistique et théâtrale internationale intitulée «Changement des scènes». La résidence d'artistes permettra, selon les termes de Omar Fetmouche, «de faire de la visibilité pour les artistes de Bejaïa afin qu'ils pussent s'inscrire dans cet appel à projets».