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Monographie : secteur bancaire en Algérie
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Publié dans El Watan le 06 - 08 - 2017


Par Rachid Sekak
Economiste
LES GRANDES MASSES
Le secteur bancaire reste dominé par 6 grandes banques publiques, dont une caisse d'épargne : BNA, BEA, BADR, BDL, CPA et CNEP.
Il compte aussi 14 banques à capitaux étrangers, 10 filiales et 3 succursales de banques internationales et une banque à capitaux mixtes.
Aucune banque privée à capitaux algériens n'active actuellement sur le marché local.
Les succursales de banques multinationales sont Citibank Algeria, HSBC Algeria et Arab Bank Plc. Les filiales regroupent Société Générale, BNP Paribas, Natixis Algérie, Crédit Agricole CIB Algérie, Arab Banking Corporation, Housing Bank for Trade and Finance, Fransabank Al Djazair, Gulf Bank Algeria, Al Salam Bank et Trust Bank Algeria. Une banque à capitaux mixtes complète le dispositif : Banque Al Baraka.
Ces banques développent des modèles économiques (business models) différents allant de la banque mono-agence orientée uniquement corporate à la banque universelle à réseau étendu.
Le secteur bancaire s'articule à la fin de 2015 autour de 1469 agences. Le réseau est couvert à 77% par les banques publiques (1123 agences) et à 23% par les banques privées (346 agences).
A noter et à comparer aux 3585 guichets du Centre des chèques postaux (CCP). Par ailleurs, les établissements financiers disposent de 88 agences.
On relève donc la présence d'un guichet bancaire pour 25 660 habitants contre, par exemple, une agence pour 7437 habitants en Tunisie. Ceci est symptomatique d'un niveau de bancarisation qui peut s'améliorer.
On observe aussi un certain déséquilibre géographique dans la configuration des réseaux. Les banques publiques sont établies dans l'ensemble des wilayas, alors que les banques privées ont développé leur réseau très majoritairement sur les centres urbains du nord du pays. Certaines banques étrangères, notamment les banques françaises, ont joué un rôle non négligeable dans la densification du réseau d'agences bancaires. Deux banques privées disposent d'un réseau supérieur à 70 agences : BNP Paribas avec 71 agences et Société Générale avec 87 agences
.Elles sont avec Gulf Bank Algeria (63 agences) les seules banques privées à avoir développé une activité significative en matière de banque de particuliers.
A noter aussi le réseau de Natixis Algérie (28 agences) et celui d'ABC (25 agences) qui sont orientés prioritairement vers le segment corporate.
Les effectifs du secteur sont de 36 287 collaborateurs dont 6500 employés par les banques privées.
On estime à environ 12 millions le nombre de comptes bancaires dans le pays (contre 13 millions de comptes auprès des CCP).
LA COLLECTE DES RESSOURCES
Le secteur bancaire a collecté, à fin 2015, un montant total de ressources de 9201 milliards de dinars algériens (DZD) reparties de la manière suivante :
- Dépôts à vue : 3892 milliards de DZD, soit 42,3% du montant total collecté.
- Dépôts à terme : 4443 milliards de DZD, soit 48,3 %.
- Dépôts de garantie(*) : 866 milliards de DZD, soit 9,4%.
A noter la baisse sensible des dépôts à vue observée en 2015. Ces derniers étaient en effet de 4435 milliards de DZD à la fin de 2014.
Les dépôts bancaires représentent donc 55,5% du PIB. Pour mémoire, le PIB de l'année était estimé à 16 592 milliards de DZD.
Par catégorie de banque, la répartition des dépôts est la suivante :
- Banques privées : 1076 milliards de DZD, soit 11,7% du montant global.
- Banques publiques : 8125 milliards de DZD, soit 88,3% du montant global.
On relève que les dépôts auprès des banques privées ont diminué de 42 milliards de DZD en 2015 par rapport à 2014. La quasi-totalité de ces dépôts provient du secteur privé (entreprises et ménages).
Par type de clientèle, les parts de dépôts sont les suivantes :
- Ménages : 3208 milliards de DZD, soit 34,9%.
- Entreprises publiques : 3246 milliards de DZD, soit 35,3%.
- Entreprises privées : 1459 milliards de DZD, soit 15,8%.
- Float et dépôts de garanties : 1288 milliards de DZD, soit 14%. Une très large part de ce volet provient des entreprises. Il est néanmoins difficile de dresser une répartition entre entreprises privées et publiques.
Au total, la part du secteur public dans la base des dépôts est de 41% et celle du secteur privé est de 59%. Cette dernière est en forte hausse. En effet, le secteur privé représentait seulement 55,1% des dépôts à la fin de 2014.
Les dépôts en devises représentent un montant global de 507 milliards de DZD, soit la contrepartie d'environ 4,7 milliards de dollars US.
La circulation fiduciaire hors banque est estimée à près de 4108 milliards de DZD à fin 2015, soit environ 30% de la masse monétaire (M2) et 25% du PIB.
Cette donnée qui démontre le potentiel existant pour la collecte des ressources par les banques est aussi un bon indicateur de l'importance de l'économie informelle.
LA DISTRIBUTION DE CRéDIT
Le montant total des crédits distribués par le secteur bancaire est de 7276 milliards de DZD à fin 2015.
Le montant des crédits octroyés représente 43,8% du PIB. Ce ratio, conjointement au montant des dépôts exprimé en pourcentage du PIB démontre la marge de progression importante qui existe pour le renforcement de l'intermédiation bancaire et financière en Algérie.
Les crédits se décomposent par maturité de la manière suivante :
- Crédit à court terme : 1710 milliards de DZD (23,5% du global).
- Crédit à moyen terme : 1641 milliards de DZD (22,6% du global).
- Crédit à long terme : 3925 milliards de DZD (53,9% du global).
La part importante des crédits à long terme, fortement concentrée sur les banques publiques, démontre l'engagement fort de ces dernières dans le financement des grands projets d'investissements publics. Un tel niveau d'engagement en contexte de rareté croissante de la liquidité bancaire compliquera probablement à terme la gestion des bilans pour certaines de ces banques publiques.
Il convient de relever que l'intermédiation bancaire reste le moyen quasi exclusif de financement de l'économie. Un faible développement du marché financier explique que l'intervention de la finance directe soit très marginale.
La part des crédits distribués par les banques publiques est de 87,5%, avec un montant global de 6367 milliards de DZD. Ces crédits se décomposent ainsi :
- Crédit court terme : 1153 milliards de DZD (18%).
- Crédit moyen et long termes : 5214 milliards de DZD (82%).
La part des crédits octroyés par les banques privées est de 12,5% avec un montant global de 909 milliards de DZD se décomposant ainsi :
- Crédit court terme : 558 milliards de DZD (62%).
- Crédit moyen et long termes : 351 milliards de DZD (38%).
L'encours des crédits se répartit de manière équitable entre le secteur privé et le secteur public. Les crédits au secteur public représentent 50,8% (3690 milliards de DZD) des crédits globaux et la part des crédits au secteur privé est de 49,2% (3585 milliards de DZD).
Les banques publiques nourrissent la quasi-totalité des crédits au secteur public (99,70%) et participent à hauteur de 75% aux crédits octroyés au secteur privé (2685 milliards de DZD).
L'activité de crédit des banques privées est orientée quasi-exclusivement sur le secteur privé (entreprises et ménages) avec une forte concentration (62%) sur les opérations de court terme comme le financement du BFR des entreprises et le refinancement d'opérations d'importations.
Pour certaines de ces banques, Citibank, HSBC ou Crédit agricole CIB, l'activité de crédit est essentiellement dirigée vers les filiales algériennes de grands groupes internationaux et cible un groupe restreint d'entreprises locales parfaitement solvables.
Seules les banques privées ayant développé un réseau, notamment Société générale, BNP Paribas, Gulf Bank Algeria et Natixis interviennent de manière significative sur le marché de la PME et celui des professionnels.
Les banques publiques dominent largement le marché du crédit hypothécaire avec une part de marché proche de 95% et un encours global de 391 milliards de DZD.
AUTRES POINTS SUR LE MARCHE BANCAIRE
Certaines autres caractéristiques du marché bancaire algérien méritent d'être relevées.
La gamme des produits offerts est étroite, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises. Le marché est dans un contexte de banalisation de produits simples.
Le développement des services financiers spécialisés est relativement faible ou inexistant, et ce, aussi bien pour le crédit à la consommation, le crédit-bail que l'affacturage. Le leasing est en croissance.
La circulation des espèces reste importante et la manipulation de ces dernières par les banques nécessite des moyens importants qui ne sont pas toujours rémunérés à leur juste prix.
On observe une faible transparence dans certains secteurs de l'économie et de certains opérateurs. Ces «Muddy waters» créent néanmoins des opportunités pour les banques.
L'environnement réglementaire est contraignant et instable, notamment en matière de contrôle des changes. Ce qui complique sensiblement la gestion des risques opérationnels par les banques. Le canal essentiel de distribution des produits bancaires reste l'agence.
Un faible développement technologique aussi bien pour les produits monétiques que pour ceux associés avec internet. Un tel état de fait laisse présager de fortes mutations technologiques sur les années à venir, notamment au travers du GIE monétique : faible nombre de TPE en service (3000 ?) et environ 1250 DAB et GAB.
LES REVENUS ET LA RENTABILTE
Les statistiques agrégées sur le Produit net bancaire (PNB) global de la place ne sont pas publiées et sont difficiles à obtenir.
Néanmoins et à titre d'exemple, pour l'année 2011, le PNB global de la place était évalué à environ 3,3 milliards de dollars américains.
Le PNB des banques publiques était d'environ 2,3 milliards de dollars américains, soit 70% du PNB global. Le PNB réalisé par les banques privées était d'environ 1 milliard de dollars américains, soit 30% du PNB global.
On pouvait donc relever que la part des banques privées dans les revenus générés par le marché était largement supérieure à leur contribution en matière de collecte des ressources et à leur intervention en matière de distribution de crédit.
Deux explications étaient possibles à cette distorsion : l'une trouvait sa genèse dans «l'effet d'aubaine» créée par la Loi des finances complémentaire pour 2009 qui avait imposé le crédit documentaire comme moyen unique de règlement des importations, et l'autre dans la tarification qui était appliquée par les banques privées, notamment en matière de «commissions de change».
Pour la même année 2011, le PNB direct associé aux opérations de commerce extérieur était évalué à 700 millions de dollars américains : 250 millions de dollars américains réalisés par les banques publiques et environ 450 millions de dollars américains réalisés par les banques privées. Pour ces dernières, qui disposaient le plus souvent d'un large réseau à l'international, l'activité «commerce extérieur» représentait en moyenne près de 50% de leurs revenus globaux.
Dans un tel contexte, les autorités de régulation ont édicté depuis avril 2013 un règlement qui encadre les commissions prélevées au titre des opérations de commerce extérieur et ont progressivement resserré les contraintes associées au ratio des engagements extérieurs.
De ce fait, on observe depuis 2013 un fort rééquilibrage de la structure du PNB des banques privées en faveur des activités de bilan (activités de prêt). Leurs revenus actuels sont ainsi à présent constitués à hauteur de 71% par la marge d'intérêt et à hauteur de 29% par les commissions.
La rentabilité des banques de la place reste appréciable pour l'exercice 2015 et peut être appréhendée au travers des deux indicateurs suivants :
Une forte rentabilité des fonds propres (ROE) à 21,60%. A noter que pour l'exercice 2014, ce ROE était de 23,9% pour le secteur : 25,10% pour les banques publiques et de 20% pour les banques privées.
Un rendement des actifs (ROA) qui reste élevé à 1,93%. En 2014, ce ROA était de 2% pour le secteur : 1,8% pour les banques publiques et de 3,4% pour les banques privées.
LA SOLIDITé FINANCIèRE DU SECTEUR BANCAIRE
A la fin de 2015, la solidité du secteur bancaire peut être appréciée au travers d'une batterie d'indicateurs.

Les ratios de solvabilité
Le ratio de solvabilité moyen par rapport aux fonds propres de base était de 15,9% (contre 13% en 2014).
Le ratio de solvabilité moyen par rapport aux fonds propres réglementaires était de 18,7%.
Ces deux ratios étaient donc largement supérieurs aux normes internationales recommandées par Bale III
Les créances non performantes
Le niveau des créances non performantes par rapport au total des créances était évalué en hausse à 9,8% contre 9,2% en 2014 (9,7% pour les banques publiques, et 5,1% pour les banques privées en 2014). Ces créances étaient provisionnées à hauteur de 61%.
Au total, le taux des créances non performantes nettes de provisions constituées était de 3,8% en 2015 contre 3,2% en 2014.
En dehors du resserrement de la contrainte de liquidité et du renchérissement concomitant du coût de la ressource, la baisse du prix des hydrocarbures observée depuis le second semestre de 2014 n'a pas encore significativement impacté le secteur bancaire.
La monétisation des avoirs du Fonds de régulation des recettes (FRR) (5563 milliards de DZD ont été consommés depuis 2013) et la remise en œuvre d'un refinancement des banques auprès de la Banque centrale ont permis de limiter les effets potentiellement négatifs de ce contre-choc pétrolier .
Mais la baisse du budget d'équipement de l'Etat et de la dépense publique d'une manière générale aura, sans aucun doute, des effets importants sur la qualité des portefeuilles de crédit.



Sources : Banque d'Algérie, FMI et calculs de l'auteur. Sur le même sujet, voir article de l'auteur : «Algerian Banking in search of a new business model dans Arab Banker», autumn 2016.
*Dépôts constitués en garantie des engagements par signature donnés par les banques notamment les crédits documentaires, avals et cautions.


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