Les principaux syndicats du secteur de l'Education constatent «une pression» au niveau des établissements scolaires, due aux mauvaises conditions dans lesquelles se déroule la rentrée scolaire et qui risque de déboucher sur des mouvements de protestation de plus grande ampleur. La «pagaille» de l'affectation des enseignants issus du dernier concours de recrutement constitue un des points noirs dénoncés par les représentants des enseignants. Le Conseil des lycées d'Algérie estime que le retard accusé dans l'installation des nouveaux enseignants dans leurs postes, l'opération de remplacement des départs en retraite ainsi que le recours aux listes d'attente de 2016 et 2017 vont durer encore quelques jours, «mais au moins, il n'y aura pas de manque d'enseignants, comme ce fut le cas lors des années précédentes», rappelle Idir Achour, porte-parole dudit syndicat. Ce dernier estime que vu le contexte économique, tous les espoirs se sont effrités concernant la réforme de l'enseignement du secondaire, reportée en raison du manque de ressources. «La mauvaise gestion» du mouvement des enseignants, dénoncée aussi par le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste), ajoutée aux autres insuffisances au niveau de plusieurs wilayas, menace de peser lourd sur le déroulement de l'année scolaire qui risque ainsi d'être perturbée par des mouvements de protestation au niveau local mais aussi national. C'est ce qu'appréhende Messaoud Boudiba, secretaire chargé de la communication au Cnapeste. Le syndicaliste dénonce la mauvaise préparation de la rentrée au niveau de plusieurs wilayas qui se reflète par les dysfonctionnements dans l'inscription des élèves, la distribution du manuel scolaire qui tarde encore à être réglée. La réduction du budget de fonctionnement des établissements scolaires de près de 60% aura des conséquences désastreuses, redoutent les syndicats des enseignants. «La plupart des établissements ont épuisé les fonds durant le premier semestre de 2017, le reste de l'année sera noir pour une grande partie», craint le Cela qui s'interroge sur la façon dont seront réglés les problèmes d'électricité, d'eau et de manque de fournitures au niveau des établissements. Les responsables du secteur doivent rompre avec le discours populiste rassurant, qui cache mal les insuffisances, plaide Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest). Contrairement au discours officiel faisant croire à une rentrée normale, le Snapest appelle à des mécanismes de prise en charge des dysfonctionnements de distribution du livre scolaire, le remplacement des enseignants partis en retraite ainsi que la surcharge des classes. M. Me-riane dénonce également «les rapports erronés» des directeurs de l'éducation et d'autres responsables locaux concernant les cantines scolaires fermées dans la majorité des établissements et remplacées par la distribution de repas froids, malgré tous les risques qui pèsent sur la santé des élèves. «Le secteur a besoin d'une politique économique capable d'assurer la continuité des moyens de fonctionnement des établissements scolaires et de santé, dans ce contexte de crise, et ce n'est sûrement pas avec les discours populistes que les choses s'arrangeront», dénonce le responsable du Snapest.