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Il faut reconnaître qu'il existe beaucoup de pannes dans le théâtre algérien
Fouzi Benbrahim. Metteur en scène
Publié dans El Watan le 05 - 01 - 2018

Le jeune metteur en scène et comédien Fouzi Benbrahim a fait sensation lors du 12e Festival national du théâtre professionnel d'Alger (FNTP), qui s'est déroulé du 23 au 31 décembre 2017. Il était en compétition avec deux pièces : La panne, produite par le Théâtre régional de Batna, et Suicide de la camarade morte du Théâtre régional d'El Eulma. Rencontre.
- Parlez-nous de la pièce la Panne qui est une adaptation du célèbre texte du dramaturge suisse Friedrich Dürrenmatt (écrite pour le théâtre radiophonique en 1956 à partir d'un roman portant le même titre). Vous avez choisi la forme comique. Pourquoi ?
Il y a d'abord l'histoire : un conducteur s'arrête dans un village après une panne de voiture. Il va retrouver une groupe de personnes qui vont le soumettre à un jeu qui ressemble à un procès lors d'un dîner. On comprend en filigrane que la panne ne concerne pas uniquement les moteurs des voitures, mais également l'homme et sa psychologie, son corps, etc. C'est une histoire humaine.
Je cherchais ce texte depuis longtemps. Une fois trouvé, je l'ai remis pour adaptation à une jeune fille qui participait à un atelier d'écriture dramatique. Je me suis chargé ensuite de l'adaptation scénique. C'est une habitude chez moi de faire cette réécriture. J'ai choisi la satire. Mais, une satire bien étudiée.
- Justement, pourquoi ce choix ?
Je me retrouve bien dans ce genre de théâtre. Nous vivons quotidiennement le drame. Qu'on donne donc au spectateur l'occasion de se divertir un peu en assistant à un spectacle de théâtre. La comédie satirique est légère, mais s'appuie sur des techniques de mise en scène pointues. C'est une véritable science. Elle précise le moment où le comédien pose son pied, le moment de la réplique...
- Les couleurs et l'éclairage sont déterminants parfois.
Oui, et parfois, c'est en une fraction de seconde que cela se passe. L'éclairage a un rôle important. C'est l'un des éléments de spectacle que je maîtrise le mieux. Personnellement, j'aime mettre en scène les spectacles que je veux voir. Dans ce festival (FNTP), j'ai bien envie d'en voir un. J'ai l'impression que certains metteurs en scène n'ont pas encoce compris les règles du jeu et n'ont pas encore assimilé ce qui nous est demandé, nous, en tant qu'artistes.
- Comment évolue le théâtre algérien aujourd'hui sur le plan du choix des textes, de la mise en scène, de l'esthétique ?
Il faut reconnaître qu'il existe beaucoup de pannes dans le théâtre algérien et à tous les niveaux. Si les procédures administratives sont facilitées, vous vous retrouvez face à de mauvais textes, sinon à des comédies imposées par les théâtres. Tout cela peut relever du détail. L'important ce sont les choix esthétiques et le spectacle à proposer au public. Nous travaillons dans un théâtre d'Etat. Il faut remplir les 400 places pour attirer ensuite davantage de spectateurs.
- Le théâtre algérien semble avoir perdu une partie des éléments du spectacle et de la forja. Pourquoi ?
Parce que beaucoup d'auteurs, de metteurs en scène, de scénographes et de comédiens croient pouvoir étonner les spectateurs dès le début. Pourquoi proposer des pièces que les gens ne comprennent pas ? Il n'y a donc que vous qui comprenez ce que vous faites ? Il n'y a pas mieux que la simplicité.
La simplicité est un art très discipliné. L'audace n'est pas de proposer à un public des pièces incompréhensibles. L'audace est de bien maîtriser les instruments du spectacle sans perdre le rythme et la compréhension du public. Nous ne pouvons pas être mieux que le Box Office américain (cinéma). Les Américains proposent des films que tous les publics peuvent comprendre et suivre. Le film incompréhensible n'existe pas aux Etats-Unis.
- Comment concilier entre le théâtre comme art et pensée et le théâtre comme divertissement et spectacle pouvant être bénéfique sur le plan commercial ?
Il me semble qu'il faut cibler le public le plus large. D'où l'importance de choisir la bonne méthode pour s'adresser aux spectateurs. Il y a la méthode idéologique qui porte les idées qui sont dans le texte. Et, il y a la méthode esthétique qui donne de l'importance à la forme qui doit être étudiée.
On ne choisit pas le burlesque en un claquement de doigts. C'est un genre qui n'est pas facile. L'élite, qui se déplace dans les salles, doit être émerveillée par l'intelligence qui se dégage de la mise en scène d'une pièce. Aristote nous a laissé beaucoup d'instruments qu'on peut utiliser dans un spectacle.
Cette utilisation doit être soignée et intelligente. Il y a des niveaux d'intelligence. Il faut que le spectateur simple et le spectateur de l'élite trouvent les moyens de bien se divertir en regardant un spectacle. Le metteur en scène doit bien maîtriser l'esthétique, le rythme, la musique...
Vous sollicitez souvent les éléments du patrimoine dans votre spectacle. Nous l'avons vu dans les deux pièces présentées au FNTP 2017. Pourquoi ?
J'accorde beaucoup d'intérêt au patrimoine algérien tout en restant moderne. Je fais partie de la génération actuelle, mais j'adore Beggar Hadda, Cheikh Hamada, Mustapha Benbrahim, des diwans de la poésie populaire... Je viens de cette société. Je dois donc faire des recherches, mais ce que je propose sur scène, je le fais à ma manière. Je ne vais pas aborder Kateb Yacine comme le faisais lui.
Il faut dire qu'aujourd'hui, il y a des jeunes qui ne connaissent pas Kateb Yacine, Abdelkader Alloula ou Azzeddine Medjoubi. Quand je m'adresse à eux en m'inspirant de Yacine, Alloula ou Medjoubi, je dois ajouter une touche moderne et juvénile.
- Certains pensent qu'il existe des lignes rouges dans le théâtre algérien. Le croyez- vous ?
Il existe certes des lignes rouges, mais elles ne sont pas nombreuses. Il y a deux ans, la pièce Zid Nzidek m'a valu quelques problèmes en raison de quelques insinuations politiques. Certains responsables avaient des appréhensions quant au recours au discours direct, alors que moi je refuse de recourir à cette méthode.
Mon combat est pour le changement pour aller vers le meilleur, pas pour la destruction. Mon expérience est artistique et humaine aussi. Là, où je travaille, j'essaie de convaincre tout le monde de la nécessité de respecter les normes professionnelles sans leur donner de leçon ou d'imposer la discipline. Je pense qu'il existe parfois de la paresse dans notre milieu. Certains ont osé dire que je «monte» des pièces pour de l'argent.
Ce n'est pas vrai. Etre payé signifie faire des efforts. C'est pour cette raison que je demande à ceux qui travaillent avec moi de fournir ces efforts pour mériter le salaire. Là aussi, il faut faire preuve d'intelligence. Certains metteurs en scène estiment que le courage et l'audace c'est de recourir au discours politique direct sur scène. Vous en pensez quoi ?
Je suis contre cela. Je fais partie de quelques rares metteurs en scène algériens qui évitent le propos direct dans les spectacles de théâtre. J'utilise d'abord les éléments du spectacle, je laisse l'idéologie en dernier. A mon avis, il faut éviter de parler de «messages». Nous ne sommes pas des facteurs !
Un artiste doit faire preuve de créativité, proposer de belles formes. Il y a du contenu dans la pièce La panne, par exemple. Le personnage voulait allumer les lampes à tout moment sans réussir. Les lampes se sont allumées à la fin du procès. C'est ce qu'on appelle la catharsis. Le personnage a décodé cette nécessité faite à l'homme d'affronter ses difficultés et essayer de réparer ses pannes.
Désolé pour le mot, mais je pense qu'il relève de l'idiotie de proposer un discours direct sur scène. Les critiques doivent étudier cette situation pour faire la différence. Il faut également ouvrir le débat sur ce segment. J'ai vu des pièces mauvaises, voire dangereuses qui portent atteinte au goût du public. Améliorer la qualité des spectacle et élever le niveau des pièces passe par l'utilisation des décors, des lumières, des costumes, de la direction des comédiens, du choix des couleurs...
Dans La panne, la pièce a commencé avant la levée du rideau. Les rideaux eux-mêmes étaient utilisés comme un élément des décors. J'ai constaté que certains metteurs en scène ne travaillent plus avec les comédiens. Ils lui donnent le texte et lui demandent de marcher sur scène. En ce qui me concerne, je travaille mot à mot avec mes comédiens, parfois lettre par lettre, pas à pas. Et je n'exagère pas.
- Vous refusez l'improvisation.
Totalement ! Au début des répétitions, on tente de l'improvisation, parce qu'il s'agit de laisser un peu de liberté aux comédiens. Nous allons à chaque fois dans le détail du texte. N'oubliez pas que je suis comédien à la base. Si vous ne maîtrisez pas bien les techniques de l'actorat, les comédiens peuvent vous induire en erreur si vous êtes metteur en scène. Les comédiens ne peuvent être parfaits sur scène qu'après avoir bien travaillé leur rôle.
Il n'y a pas de hasard. Le comédien est l'élément central du spectacle. D'où l'intérêt que j'accorde à travailler avec les comédiens. Je veille à chaque fois à éviter qu'ils répètent des erreurs faites dans d'autres spectacles. A 90%, je choisis moi-même mes comédiens. Il m'arrive de choisir deux comédiens des théâtres régionaux où ils sont salariés. C'est une manière de leur donner une chance et de les former aussi.
- Nous avons vu des pièces où des leçons étaient données à la société algérienne d'une manière crue. Dans d'autres, le discours est : «Vous méritez ce qui vous arrive !» Vous pensez que c'est là le rôle du théâtre ?
Qui sommes-nous ? Nous faisons partie de cette société. Où vivons-nous ? Nous devons aborder les problèmes de notre société, les exposer d'une manière intelligente sur scène avec une charge esthétique, une charge émotionnelle et une charge psychologique. Il faut créer, ramener du neuf dans chaque tableau, ne pas ennuyer le public. Si nous ne faisons pas cela, le public ne se retrouvera pas dans ce qui est proposé au théâtre et fuira les salles.
- Existe-t-il une place pour le théâtre commercial en Algérie ?
Les lois ne le permettent pas. Il y a volonté d'aller vers le théâtre commercial, mais il n'y a pas encore d'acte concret. Il faut développer le théâtre privé et en finir avec le soutien de l'Etat. Il faut revenir aux guichets et rétablir la concurrence entre créateurs. Et que le meilleur reste ! Je suis freelance et j'essaie de me renouveler.
Ceux qui travaillent dans le théâtre de l'Etat ne vont pas vers cette quête du renouvellement. J'ai eu à diriger 350 artistes sur scène pour le spectacle d'ouverture de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». J'ai mis en scène le spectacle Hizia (à l'occasion du Festival du théâtre arabe à Oran en 2017) avec 60 artistes sur scène. Il s'agit de travaux artistiques historiques. Je cherche à mettre en scène un grand spectacle qu'une société de production artistique finance.
Je veux monter le texte de Mouloud Mammeri, La mort absurde des Aztèques (écrit en 1973), adapté par Ali Abdoune. Les théâtres d'Etat ne veulent pas produire cette pièce, car elle exige beaucoup de moyens humains et techniques et porte certaines idées. Le secteur privé ne veut pas aussi prendre en charge ce spectacle, parce qu'il n'est pas assez commercial.
J'estime que le TNA (Théâtre national algérien) à Alger doit produire de grands spectacles et leur assurer la promotion et la distribution. Des spectacles qui réunissent les meilleurs artistes algériens. Aujourd'hui, des comédiens débutants montent sur la scène du TNA. Ce n'est pas normal du tout. Un comédien doit d'abord se former dans les associations et les coopératives.


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