Décès du journaliste et artiste Khaled Louma: la DG de la communication à la Présidence de la République présente ses condoléances    8 millions de m3 économisés en 2024 grâce à la réparation des fuites    PMI Algérie et Algeria Startup challenge lancent la 4ème Edition du « Harm reduction Awards »    « L'audace de notre jeunesse et l'essor de la numérisation, peuvent être transformés en solutions locales qui profiteront à l'économie nationale »    Les sionistes font la pluie et le beau temps    Une transition politique fragile    Un cessez-le-feu immédiat exigé !    Eliminés du CHAN aux tirs au but Les Verts gagnent en image    Sentiment d'hostilité urbaine, absences d'espaces ESverts et jardins vides    Chute mortelle du 2e étage d'un sexagénaire à Aïn Tédelès    Arrestation de diverses bandes criminelles    Un « auteur » ChatGPT annulé d'un grand festival littéraire    La première édition du 25 au 29 août au cinéma Es-Sâada    Stephen King relance l'apocalypse du Fléau avec 36 auteurs    Levée de la réserve sur l'article 15 alinéa 4 de la CEDAW: faits et interprétations    Bouira : l'Observatoire national de la société civile organise une rencontre interactive avec les associations    Athlétisme/Championnats arabes U18: Benyeghzer et Djalit offrent deux nouvelles médailles à l'Algérie    L'Etat, attaché à la préservation de la Mémoire nationale contre toute tentative ciblant son Histoire et ses Symboles    Merad passe en revue avec l'ambassadeur de Chine les perspectives de la coopération bilatérale entre les deux pays    Para-canoë / Championnats du monde 2025 - Finale KL3 (200m): l'Algérien Brahim Guendouz termine à la 8e place    Sétif : la Gendarmerie nationale lance une campagne de sensibilisation à la sécurité routière au profit des conducteurs de bus    IATF 2025: l'édition d'Alger promet d'importants acquis pour l'Afrique    Guterres "vivement préoccupé" face à la détérioration continue de la situation au Sahara occidental occupé    Marché financier: une consultation nationale pour dynamiser l'activité    Oran: saisie de plus d'un quintal de cocaïne    Inscription de la vieille ville de Miliana au Registre du patrimoine architectural et urbain de l'ALECSO    L'Algérie éliminée face au Soudan (1-1, 2-4 aux TAB)    Participation simultanée d'une équipe professionnelle algérienne à deux prestigieux tours européens    L'ONSC organise une rencontre interactive de concertation    Examen des moyens de renforcement de la coopération et de l'échange d'expertises    Vague de chaleur et orages attendus sur plusieurs wilayas du pays    Manifestations dans plusieurs capitales du monde pour dénoncer la poursuite de l'agression sioniste contre Ghaza    Agression sioniste contre Ghaza: le bilan s'élève à 62.686 martyrs    CHAN-2024 (1/4 de finale): l'Algérie éliminée face au Soudan (1-1, 2-4 aux TAB)    Oran : clôture de la 14e édition du festival culturel national de la chanson Raï au théâtre en plein air "Hasni Chakroun"    Le message du Général d'Armée Saïd Chanegriha    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Un livre qui apporte de nouveaux éléments sur cette répression
Massacres d'octobre 1961
Publié dans El Watan le 20 - 02 - 2018

La vérité complète n'est pas encore totalement dite sur la répression qui a visé des milliers de manifestants algériens en octobre 1961. Cinquante- sept ans après ces massacres qui ont fait, selon certains historiens, entre 200 et 400 morts, de nouveaux éléments liés à cette répression commencent à sortir des sombres archives françaises.
Le livre témoignage de Marie-Odile Terrenoire, intitulé Voyage intime au milieu de mémoires à vif (les éditions Recherches) apporte de nouveaux éclaircissements à la fois sur le rôle joué par Michel Debré qui était à l'époque des faits Premier ministre, mais aussi sur l'état d'esprit et la position du président Charles de Gaulle vis-à-vis de ces massacres.
Si ce livre possède donc un intérêt particulier, c'est parce qu'il est écrit par la fille de Louis Terrenoire qui était à l'époque des événements ministre de l'Information jusqu'au 24 août 1961, puis ministre délégué des relations avec le Parlement auprès du Premier ministre, Michel Debré, jusqu'au mois d'avril 1962. Marie-Odile Terrenoire avait 14 ans lorsque son père était devenu ministre de Charles de Gaulle.
Après des années de tournoiements et de questionnements, elle a décidé d'exhumer les archives de son père pour, d'une part, apporter des éléments nouveaux concernant cette affaire et, d'autre part, soulager sa conscience. «Ce livre est né d'une douleur ancienne. J'avais 14 ans lorsque mon père était devenu ministre.
En 2011, lorsque j'ai pris conscience de l'importance d'octobre 1961 dans la mémoire collective algéro-française et les crimes imputés à de Gaulle, j'ai alors pris la décision de l'écrire», a-t-elle expliqué lors d'un débat organisé par l'historien Gilles Manceron au café des Colonies à Paris. Elle ajoute : «J'ai compris en lisant des archives de mon père qu'il y avait à ce moment-là (octobre 1961) des discussions au sein du gouvernement français et que le pays (La France ndlr) était au bord d'une guerre civile.»
Deux Algériens morts selon la police, entre 200 à 400, selon les historiens
Invitant à regarder la «répression sanglante» d'octobre 1961 sous l'angle d'un pays (la France ndlr) déchiré et qui craignait une autre guerre, les archives exhumées de Mme Marie-Odile
Terrenoire montrent que le général de Gaulle ne maîtrisait pas la situation à cette époque-là, même s'il croyait profondément que «le FLN de l'époque était celui qui représentait les Algériens de France et d'ailleurs». Les notes de la fille du ministre français Louis Terrenoire montrent aussi que de Gaulle voyait l'OAS (Organisation de l'armée secrète) comme l'ennemi à abattre.
Par ailleurs, il est relevé dans la note du 12 octobre 1961 exhumée des archives, c'est-à-dire cinq jours avant la grande répression parisienne, que la décision d'imposer le couvre-feu uniquement aux Algériens ne visait qu'à protéger ces derniers du paiement de l'impôt prélevé par la résistance algérienne, ce qui était évidemment faux puisque les Algériens de France étaient acquis au FLN et devaient sortir manifester à l'appel de ce dernier.
D'autres notes montrent également que les services de Michel Debré avaient donné carte blanche à Maurice Papon, alors préfet de Paris, pour réprimer durement les manifestants et en arrêter un maximum.
Côté chiffres, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Roger Frey, annoncera la participation de 30 000 manifestants algériens dans plusieurs quartiers de Paris, l'arrestation de plus de 11 500 en un jour, le renvoi de 1500 Algériens vers les prisons françaises d'Algérie et la mort de 18 policiers.
Côté manifestants, les services du ministère de l'Intérieur ne dénombreront pas plus de deux morts. Ici encore, on peut voir que le nombre des Algériens tués lors des massacres de 1961 a été minoré au maximum, alors que des historiens sérieux parlent aujourd'hui de 200 à 400 personnes.
«Michel Debré était partisan de l'Algérie française»
Une autre note a consigné l'exposé fait par Roger Frey, ministre de l'Intérieur lors du Conseil des ministres qui a eu lieu le 26 octobre 1961, c'est-à-dire dix jours après les massacres.
Il disait : «L'état d'esprit des policiers est de venger leurs collègues tombés sous les balles du FLN dont le nombre était de six.» Quant à de Gaulle, il était convaincu qu'une partie de la police française était sous l'influence de l'OAS qui était à son tour très proche du Premier ministre, Michel Debré, connu pour être un partisan incorrigible de l'Algérie française.
Et lorsqu'on posa la question pourquoi de Gaulle ne s'est pas séparé de Michel Debré, la réponse vient comme un couperet : il avait besoin de lui pour l'utiliser vis-à-vis de l'armée dont une grande partie refusait l'indépendance de l'Algérie.
Le livre de Marie-Odile Terrenoire apporte certes de nouveaux éléments concernant octobre 1961, mais il est loin de révéler toute la vérité sur ces massacres qui ont disparu de la mémoire collective pendant trente années.
Il y a eu des écrits sur cet épisode, mais ils ont été censurés et ce n'est que maintenant que les langues et les stylos commencent à se délier. Pour François Gèze, directeur des éditions La Découverte, il est clair qu' «en octobre 1961, la police française avait un permis de tuer l'Algérien, le ‘‘bougnoule'' dans une ambiance de racisme déchaîné». Il ajoute : «La question est de savoir si de Gaulle avait couvert Octobre 1961 ou non, et si l'appareil d'Etat français était au courant de ce qui se passait.»
Le livre de Marie-Odile Terrenoire montre clairement que non seulement le gouvernement de Michel Debré était au courant de ce qui se tramait en octobre 1961, mais a soutenu la répression sauvage qui s'est abattue sur les Algériens dont le seul tort était de sortir dans la rue pour soutenir la Révolution algérienne.
Pour tourner la page sombre du passé entre l'Algérie et la France, plutôt que d'ouvrir les archives au compte-gouttes, Emmanuel Macron s'illustrerait en rendant toutes les archives de cette guerre consultables. Toutes, sans exception.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.