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L'agriculture au service du développement
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Publié dans El Watan le 27 - 02 - 2018

L'agriculture est l'un des facteurs essentiels dans le développement économique d'un pays à productivité insuffisante. La crise multiforme qui frappe l'Algérie ne peut être atténuée qu'avec un développement rapide des productions agricoles qui peuvent être le vecteur de l'augmentation des revenus des agriculteurs, de la croissance économique et de la sécurité alimentaire.
L'exemple du Brésil est à méditer ; pays importateur net de produits agricoles dans les années 1970, il est aujourd'hui le troisième producteur et exportateur mondial de produits agricoles.
Cette année encore, la production céréalière n'est que de 35 millions de quintaux, soit à peine le tiers de nos besoins, le reste doit être importé (le Maroc a atteint 96 millions de quintaux). Nous rappelons que nous importons la totalité de nos besoins en sucre (brut)(1) et en huile alimentaire(2). Les différents programmes n'ont pas résolu la demande en lait. Les légumes secs (pois chiche, haricot, pois, lentilles, dolique) sont en grande partie importés.
Les semences hybrides sont toutes importées, comme les tourteaux pour l'alimentation animale. Je laisse le soin aux économistes de parler de la pénalisation de l'agriculture due à la primauté donnée à l'industrie.
Ces derniers jours, les prix des produits agricoles ont connu une hausse vertigineuse, et ce, à l'échelle nationale. Plusieurs raisons convergent pour expliquer cette situation, certaines sont conjoncturelles, mais d'autres sont structurelles donc durables. Nous allons ici nous limiter à donner notre point de vue succinct sur quelques aspects concernant l'accroissement de la productivité agricole.
Dans le monde, si la production a augmenté cela n'est pas dû à l'augmentation des superficies cultivées mais c'est grâce surtout à la mécanisation, à l'emploi de variétés performantes et à une gestion rationnelle de l'eau, des engrais et des pesticides.
A titre de rappel, dans le monde, 80 espèces de plantes seulement fournissent l'alimentation pour les humains sur 500 000 espèces de plantes sauvages identifiées.
Parmi les plantes cultivées, on a 8 céréales, 5 racines, 8 légumineuses, 9 oléagineuses, 17 légumes, etc. Le problème en Algérie, c'est l'insuffisance de la production due aux faibles rendements surtout pour les cultures stratégiques (blé, oléagineuses et quelques cultures maraîchères). Quelques solutions sont à préconiser:
1- La mécanisation : elle permet de réduire la pénibilité du travail des agriculteurs, d'écourter énormément la durée du temps de travail, augmenter la productivité, compenser les pénuries de main-d'œuvre avec une amélioration qualitative et quantitative du travail. Un exemple est fourni par la culture de la pomme de terre, de la plantation à la récolte : labour, billonnage, plantation, buttage, récolte. Il faut 250 heures de travail manuel à l'hectare, alors qu'il n'en faut que 30 lorsque ces opérations sont mécanisées. Ce qui induira une baisse hautement significative du coût de revient qui se répercutera sur le prix de vente au consommateur.
2- Le perfectionnement des techniques d'irrigation par aspersion, le goutte à goutte et les innovations telles que l'utilisation d'une nouvelle technologie : les hydro-rétenteurs, granulés à paroi semi-perméable, qui peuvent absorber plus de 150 fois leur poids sec. Ces granulés diminuent considérablement les doses apportées à la culture ainsi que les fréquences d'arrosage. Les hydro-rétenteurs, utilisés sur les cultures grandes consommatrices d'eau, permettent d'augmenter la capacité de rétention des sols et économiser jusqu'à 50% d'eau et 30% d'engrais. A certains granulés hydro-rétenteurs, on a incorporé des éléments fertilisants, ce qui accroît leur efficacité par une bonne croissance des plantes.
Certaines cultures demandent à être irriguées ou avoir une irrigation d'appoint ; l'Algérie, d'après les spécialistes, possède 45 000 milliards de m3 de réserves hydriques (il faut savoir que le renouvellement est très faible), ce qui permettrait de mettre en valeur des millions d'hectares et qui seront valorisés durant plusieurs générations, ce n'est pas une utopie. La Libye a réalisé un fleuve artificiel de 3000 km de long débitant 2,5 millions de m3/jour pour une surface moindre que celle de l'Algérie.
3- Nouveaux itinéraires techniques : semis directs. Depuis des siècles, l'homme laboure la terre, aujourd'hui on s'aperçoit que les théories standards classiques attribuées à ce travail ne sont pas fondées scientifiquement pour tous les types de sol ; d'énormes dégâts sont causés à la terre. Le semis direct ou strip-till inventé aux USA commence à se développer partout dans le monde car il économise de l'énergie, de l'eau et améliore l'activité biologique des sols.
Généraliser l'utilisation des engrais organiques. Les Chinois utilisent ce mélange de fumier et de matières végétales, dénommé compost depuis 3000 ans. Il faut rappeler que les sols algériens sont très pauvres en matière organique, leur teneur n'est que de 0,5 à 1% au lieu de 1,5 à 2,5% selon la texture du sol.
4- Développer les techniques innovantes. Le monde agricole n'est pas en marge des nouvelles technologies ; le développement de la technologie spatiale, par l'utilisation de satellites d'observation, permet un meilleur suivi des stades phénologiques des cultures, de leur état phytosanitaire, hydrique, etc., on peut ainsi décider des dates de traitement, de fertilisation, d'irrigation et estimer les dates de récolte et les rendements.
Un ordinateur doté d'un logiciel équipé d'un GPS et relié au pulvérisateur ou au semoir permet d'apporter la dose précise de semences, d'engrais ou de produits phytosanitaires selon les caractéristiques de la parcelle, et ce, avec une précision de quelques centimètres (celle-ci n'est pas homogène dans son ensemble) ; les économies réalisées sont très significatives. Le niveau technique des agriculteurs ne sera que rehaussé.
Cultures stratégiques prioritaires. Nous devons, à court terme, arriver à tripler la production céréalière pour arriver à l'autosuffisance alimentaire.
Dans le monde, il y a une concurrence qui s'installe entre les animaux d'élevage des pays occidentaux, les agro-carburants et les humains des pays pauvres. A titre d'exemple, le soja, fabacée oléagineuse, est consommé directement par plus d'un milliard d'Asiatiques alors que dans les pays occidentaux il sert d'aliment de bétail.
Il faut diversifier nos ressources et faire appel aux autres céréales dites secondaires et qui sont adaptées au climat aride et semi-aride. Le seigle(3), le sorgho, le triticale, le mil (cultivé à partir de 250 mm) méritent des efforts accrus vu leur potentiel protéique et leur rendement en terres marginales(4).
Les légumineuse alimentaires : pois chiche, haricot, lentille, pois et dolique font partie des aliments les plus consommés par les Algériens, vu leur teneur en protéines (viande du pauvre), leur intérêt n'est plus à démontrer dans un système de cultures : elles n'ont pas besoin d'apport d'engrais azotés ; non seulement elles captent l'azote de l'air (jusqu'à 300 kg/ha/an), mais elles en restituent une grande partie au sol qui sera disponible pour la culture suivante, d'où la nécessité de respecter les rotations. Ces cultures doivent être accompagnées de la création d'industrie de conservation.
Les huiles alimentaires : la dépendance totale de l'Algérie de l'étranger en huiles alimentaires nous obligera tôt ou tard à accorder une place aux cultures oléagineuses. Les cultures potentielles sont le tournesol, le colza, le soja, le carthame, l'arachide et éventuellement le cotonnier. L'intérêt de ces cultures ne réside pas uniquement dans l'extraction de l'huile, mais aussi dans les tourteaux (que l'Algérie importe en totalité), les débouchés sont énormes pour les produits et sous-produits (lait et germes de soja, protéines texturées de soja, agro-carburant, etc.).
Des unités de trituration de graines oléagineuses sont en construction en Algérie, avec à la clé la création de milliers d'emplois ; il faut anticiper les problèmes d'approvisionnement et penser à les approvisionner avec des produits nationaux. Les cultures potentielles doivent dès maintenant être vulgarisées, les agriculteurs accompagnés et stimulés les premières années, sans oublier d'opter pour des variétés performantes, adaptées à nos conditions.
L'innovation n'arrête pas de satisfaire les exigences des consommateurs et des industriels : de nouvelles variétés de colza et de tournesol sont apparues au Canada et en France, elles associent productivité et qualité de l'huile de très haut niveau (haute teneur en huile et en acide oléique), de nouvelles variétés de carthame donnent jusqu'à 30 qx/ha avec une teneur en huile de 45% riche en acide linoléique.
La betterave sucrière : dans un passé récent, elle était cultivée dans les plaines de Annaba et de Khemis Miliana. 5000 ha dans chacun des périmètres irrigués alimentaient 2 sucreries employant des centaines de travailleurs ; il est temps de reprendre cette culture après sa disparition depuis 1980.
Tomate industrielle : les unités de transformation de tomate industrielle ne fonctionnent que 2 mois par an ; avec la gamme de variétés qui existe, on peut allonger la campagne de récolte en planifiant les cultures de variétés précoces, variétés tardives et variétés à maturité groupée ou échelonnée. La mécanisation, repiquage ou semis direct et la récolte sont nécessaires pour l'extension de la culture.
La foresterie : elle peut, dans un cadre de développement intégré, contribuer à jouer un rôle dans la sécurité alimentaire. Le reboisement avec espèces utiles : espèces adaptées aux régions arides et semi-arides ; arganier, amandier, caroubier, pistachier, jatropha et jojoba.
Nos bibliothèques regorgent de mémoires d'ingénieurs et de masters ayant trait entre autres à l'adaptation des espèces oléagineuses en Algérie, à l'ethnobotanique de la flore médicinale et aromatique, il faut passer à l'exploitation à l'échelle industrielle pour valoriser ce patrimoine ; à quant une véritable connexion universités-entreprises pour asseoir une synergie en recherche-développement ?
Productions animales : l'augmentation de la production de viande et de lait passe obligatoirement par le développement des cultures fourragères, il s'agit de créer des systèmes de production basés sur la complémentarité cultures/élevage.
Nous sommes le seul pays à pratiquer encore la jachère (environ 3 millions d'hectares). Les cultures à introduire dans ces nouveaux systèmes sont très variées : sorgho, luzerne, pois protéagineux, vesce, lupin, trèfle, fèverole. Le médicago (luzerne annuelle), très cultivé en Australie, peut grandement remplacer la jachère dans les régions steppiques.
Les cultures hydroponiques doivent être développées pour assurer une alimentation continue en vert pour les élevages bovins. L'hydroponie et l'agriculture verticale se développent partout dans le monde, car faciles et ne demandent pas d'investissement lourds.
Le développement de l'élevage bovin et ovin sont tributaires des superficies irriguées ; comme il a été fait pour l'aviculture, il faut industrialiser d'autres petits élevages, à l'image de l'élevage cunicole qui ne demande pas de moyens énormes, (un couple de lapins peut produire jusqu'à 60 kg de viande par an) et l'aquaculture qui peut être pratiquée à travers tout le territoire pour combler le grand déficit en poisson que subissent les Algériens. Pour tous ces produits, il faut passer à un travail sérieux de traçabilité.
Les défis sont considérables, pour assurer une autosuffisance alimentaire, une stratégie nouvelle doit être adoptée, on suggère la mise en place d'un forum composé d'agronomes «algériens» techniquement compétents, politiquement engagés et proches des problématiques agricoles nationales pour discuter librement du développement de l'agriculture algérienne ; il ne suffit pas seulement de cultiver, mais encore faut-il récolter, stocker, conditionner, transformer et exporter et en outre produire plus et mieux tout en respectant les indicateurs-clés de l'agriculture durable.
Pour terminer, seule l'union de toutes les volontés et compétences peut résoudre tous ces problèmes, car que peut faire une goutte d'eau dans le désert ?

Par Cherfaoui Mohand Saïd
Enseignant Fac agro-bio Université Mouloud Mammeri - Tizi Ouzou
[email protected]


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