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Guerouabi est parti sans avoir eu le statut d'artiste
Chahra Guerouabi. Présidente de l'association culturelle
Publié dans El Watan le 02 - 03 - 2018

L'association culturelle El Hachemi Guerouabi organisera «Le festival Djouhra, touches féminines» à partir de jeudi prochain à Alger. Un hommage pour les femmes.
Votre association a été créée en 2012. Six ans après, quel bilan dressez-vous ?
Après son décès, en ouvrant mes placards chaque matin et en regardant son «Diwan», je me suis dit que ce serait dommage de laisser tout ça à l'abandon. Je l'ai fait par amour pour lui, et parce que c'était un devoir de mémoire.
Guerouabi étant une mémoire collective qui appartient à une grande partie des Algériens, je me devais de mettre à la disposition de ses admirateurs et de la culture algérienne ce fabuleux patrimoine qu'il a laissé aux générations futures. Lui est parti, mais ses œuvres perdurent.
Aujourd'hui, le chantier est encore très large, puisque Guerouabi a laissé des réserves inépuisables, nous pouvons vite nous perdre dans la recherche tant il y a de choses à découvrir. Nous essayons donc de cerner nos projets et de faire des événements qui nous permettent d'être à la hauteur de la stature du maître (Guerouabi).
Je dirai donc que nous sommes à 50% du travail, mais que nous sommes sur la bonne voie.
Vous organisez diverses manifestations culturelles à travers votre association. Pouvez-vous nous en parler ?
En 2014, nous avons institué «Le grand prix El Hachemi Guerouabi», qui est un concours national pour la découverte et la promotion des jeunes talents, et qui rencontre un énorme succès à chaque édition. Les jeunes participent massivement et ils sont très enthousiastes à l'idée de remporter un prix qui porte le nom de Guerouabi.
Nous avons également créé le festival «Passerelles culturelles» qui se produit tous les ans à Paris, ainsi que le festival «Sons d'Algérie», créé en collaboration avec une association algéro-espagnole afin de permettre des échanges culturels entre les deux pays.
Nous participons également chaque année à «la Semaine culturelle du cinéma algérien», à Lille, en collaboration avec le ministère de la Culture. En plus des activités que nous organisons en Algérie, nous sommes aussi très actifs à l'étranger, notamment en France, en Espagne, en Suisse et au Canada.
Vous perpétuez la mémoire et l'œuvre de votre mari à travers cette association, mais aussi à travers un livre que vous avez co-écrit avec Catherine Rossi. Il est sorti aux éditions Casbah en 2010, et s'intitule Le jasmin, les roses et le néant. Pourquoi ce titre ?
Guerouabi avait commencé à écrire son autobiographie, mais n'a malheureusement pas eu l'occasion de l'achever. Il m'avait demandé de reprendre le projet, ce que j'ai fait.
L'idée du «néant» était la sienne. Il sortait d'une opération chirurgicale assez lourde et ne pensait pas s'en sortir, mais il avait survécu. Il m'avait expliqué qu'il avait l'impression d'être dans le néant total et qu'il avait le sentiment de revenir à la vie, c'était fabuleux.
Après son décès, la personne vivante que j'étais trouvait ce titre assez sombre, j'ai voulu l'égayer en rajoutant «les roses» pour représenter les femmes qui ont participé à ce livre par leurs témoignages, notamment celles qu'il avait connues, et celles pour qui il avait chanté.
Et «le jasmin» parce que Guerouabi adorait cette fleur, et puis, il était d'une sensibilité et d'une fragilité assez pures comme le jasmin ; j'ai donc voulu lui dédier ça.
Le livre est donc une biographie de votre mari. Vous avez voulu raconter plutôt l'homme ou l'artiste ?
Je raconte l'homme parce que je trouve que l'artiste est assez connu du grand public. J'ai voulu dévoiler une facette moins connue de lui, celle de l'époux et du père qu'il était.
J'ai souhaité aussi raconter les problèmes que rencontrent les femmes d'artistes, la jalousie que suscite parfois toute cette admiration pour leur époux. Pour moi, il ne m'appartenait pas, je voulais d'une certaine manière me l'approprier le temps d'un livre.
Vous qui avez bien connu El Hachemi Guerouabi ; quel regard portait-il sur la scène musicale et sur la scène artistique en général ?
Il disait tout le temps qu'il y avait beaucoup de talents et beaucoup de choses à transmettre, mais qu'un artiste ne pourra jamais donner ce dont il est capable s'il n'a pas son espace créatif. Il avait toujours une pointe d'amertume parce qu'il y avait beaucoup d'obstacles dans ce métier, et énormément de marginalisation dont beaucoup d'artistes de son époque souffraient. Mais il a surtout souffert par rapport au statut d'artiste, car je le crie haut et fort, même si Guerouabi est resté pendant 50 ans au sommet, il est parti sans avoir eu le statut d'artiste.
Pensez-vous qu'il est autant écouté par la nouvelle génération que l'ancienne ?
Oui, ce genre de musique est connu par les anciens chouyoukh et par les grands poètes certes, mais le nombre de jeunes qui se manifestent lors du grand concours de découverte de jeunes talents que nous organisons et qui font des reprises de chants chaâbis m'a laissé sans voix.
J'ai notamment rencontré, lors de la commémoration des dix ans de son décès en 2016, une petite fille de six ans qui est venue avec son père chanter El Warka, El Barah… donc, je pense que le rôle de transmission commence aussi par les parents.
Votre association a aussi un rôle de transmission…
Bien sûr ! Nous organisons justement des journées portes ouvertes et des ateliers de musique afin de faire découvrir ce genre musical et ce patrimoine, mais je ne peux pas encore dire que nous avons une majorité de jeunes, notre travail de sensibilisation est toujours en cours.
Quels sont vos projets pour cette année 2018 ?
Nous allons lancer la première édition d'un festival qui s'intitule «El Djouhra», qui se déroulera du 8 au 15 mars au palais de la Culture Moufdi Zakaria. C'est un festival à travers lequel nous voulons rendre hommage à la femme algérienne. Il y aura par exemple des projections de films réalisés par des femmes, tels que L'envers du miroir, de Nadia Cherabi-Labidi, Leila et les autres, qui traite de la condition féminine, de Sid Ali Mazif, ainsi que d'autres activités socioculturelles durant toute la semaine.
La clôture se fera à l'Opéra d'Alger Boualem Bessaïeh avec des invités de prestige tels que Abdelwahab Doukkali du Maroc, et Zied Gharsa de Tunisie, qui viendront se joindre aux élèves de l'école El Hachemi Guerouabi pour une très belle représentation.
Nous enchaînerons ensuite avec la quatrième édition du concours national de chant que nous allons organiser cette année à Béjaïa, suivi du festival «Passerelles culturelles» au mois de novembre. Cette année 2018 va donc être riche en activités.
Pour terminer, pouvez-vous nous raconter une petite anecdote sur Guerouabi ?
Il avait une manière assez originale de dire les choses. Quand il voulait transmettre un message, il ne le faisait pas directement, mais toujours à travers un istikhbar pour dire par exemple à quelqu'un du public d'arrêter de danser lors d'un «bit w ssiah» ou me faire comprendre que le couscous que j'ai cuisiné manquait de sel… C'était quelqu'un de très inspiré et qui était capable d'improviser à tout moment et avec une facilité déconcertante.
Toute cette inspiration a certainement donné lieu à beaucoup d'écrits… y a-t-il encore des textes, ou même des compositions de Guerouabi qui ne sont jamais sortis ? Si oui, pensez-vous les faire sortir un jour ?
Le grand public ne le sait peut-être pas, mais Guerouabi a effectivement beaucoup écrit et beaucoup composé. C'est lui qui a écrit, entre autres, Sebhane khalek lekouane et El Madi, il n'a pas chanté que les compositions de Mahboub Bati (grand ami et compositeur des plus grands succès de Guerouabi). Il était, comme je l'ai dit, très inspiré, et ce, dans tous les domaines.
J'ai encore aujourd'hui beaucoup de textes et de mélodies qui n'ont jamais été révélés au grand public, et nous réfléchissons à des projets qui puissent les mettre en avant.
Nous avons, par exemple, déjà pensé à sortir un livre regroupant ses écrits et donner les compositions à des artistes de la nouvelle génération pour qu'ils puissent les faire vivre sur scène, parce que ces jeunes sont l'avenir de la culture algérienne, et le rôle de transmission leur revient désormais. Quant à moi, tant que je serai en vie, je continuerai à œuvrer pour que les travaux de Guerouabi ne restent pas dans les tiroirs.


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