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«Le chemin d'une vie»
Marc Lavoine. Chanteur et auteur
Publié dans El Watan le 17 - 03 - 2018

- Premier voyage en Algérie mais déjà longue histoire avec le pays. Parlez-nous de votre Algérie !
Mon Algérie c'est celle de mon père et de ma tante. Mon père est parti en Algérie en 1957 et il était contre la guerre. Il était jeune soldat et il a été sauvé par un ami algérien mort à sa place. Rentré en France, il est resté deux ans sans parler. C'est ma tante qui m'a raconté cela. On parlait tout le temps d'Algérie dans la famille. Ma tante était mariée à un médecin algérien rencontré après la guerre.
Ils ont vécu en Algérie. Par la suite, j'ai grandi en banlieue avec des Algériens, des Français d'origine algérienne, des Portugais, des Antillais... Et puis des Gaulois aussi avec des moustaches et la peur que le ciel leur tombe sur la tête (rires).
J'ai quitté l'école à 15 ans et j'ai commencé à faire de la chanson, du théâtre et du cinéma. Et puis j'ai rencontré Abdel Aïssou, Mohamed Saâdi, Kamel Mennour et Charles Bensmaïl. Quatre Algériens auxquels je reste très lié. Juste avant vous, une journaliste me disait que l'Algérie avait mauvaise image en France. C'est faux. Sur le terrain, dans la vie, l'Algérie a une bonne image en France.
- Venir enfin dans ce pays qu'on vous a tant raconté, ça doit provoquer beaucoup d'émotion...
C'est dur. C'est dur et c'est bon. De la tristesse et de la joie. J'ai appelé ma tante en arrivant sur le sol algérien. Elle était très émue. J'ai même fini par retrouver son appartement au boulevard Mohammed V. Elle était enseignante en Algérie après l'indépendance. Ce chemin que j'ai refait, c'est le chemin d'une vie. Je lui ai envoyé les photos et elle était très heureuse. Je voulais l'emmener mais elle s'est fait opérer des pieds. Peut-être un prétexte pour ne pas venir.
Elle m'a dit «je suis dans ton cœur». Je voudrais revenir chanter une deuxième fois en tournée et l'amener avec moi. C'est important pour elle ce chemin que je fais. C'est moi qui le fais parce que je suis parmi les derniers vivants. Ma tante était la gloire de la famille. J'en parle dans le livre. C'est une personne généreuse qui connaît la mémoire mais aussi le pardon et l'oubli. Elle a appris aux enfants en banlieue à lire et écrire. C'est une femme que j'aime beaucoup. C'est aussi pour elle que je suis ici.
- Vous vous définissez comme «un enfant de la banlieue». Est-ce que vous vous reconnaissez dans la banlieue d'aujourd'hui avec l'image désastreuse qu'en donnent les médias ?
C'est l'origine du monde pour moi. Il y a l'image qu'on en donne et puis il y a les actes. La banlieue est certes difficile. La vie y est difficile. Mais si elle était si désagréable, elle brûlerait tous les jours. Or, ce n'est pas le cas. Il y des gens qui veulent travailler et réussir. Les lieux où on peu se retrouver c'est l'école, le travail, l'hôpital...
Si on ne peut pas aller à l'école, si on ne peut pas trouver de travail, où peut-on vivre ensemble? Pourtant, dans chaque banlieue que j'ai visitée avec la fondation d'Abdel Aïssou, on a découvert derrière les écrans une banlieue qui se tient, qui se serre les coudes, qui veut se lever et travailler, qui veut, comme tout le monde, construire une vie. Loin de l'image désastreuse, la France y représentée dans toutes ses facettes et mieux que dans les institutions.
En dehors de la police et de l'armée, les Noirs, les handicapés, les femmes, les Arabes ne sont pas tellement représentés. D'ailleurs, balayons devant chez nous. Dans ma maison de disque, il n'y a pas un Français issu de l'immigration dans un poste à responsabilité. Pourquoi ? Pour revenir à la banlieue, certes brûler des voitures ou voler des sacs à main ce n'est pas bien, mais ce n'est pas spécifique à la banlieue. Il faut être vrai. Je peux me tromper. Je ne suis pas un homme politique. Je suis un artiste et je ne fais pas mon métier de façon politique.
Pourtant il y a dans votre famille un engagement de gauche qui vous a formé...
Oui mais l'engagement ce n'est pas moi. C'est moi et un collectif. L'intelligence des autres m'apprend tous les jours à contredire mon ignorance. J'ai besoin de réflexion avant de parler d'un sujet, parce qu'on engage des gens. Quand je parle de handicapés, je parle d'enfants qui ont des parents... Je ne m'engage jamais au nom de «Je».
Je m'engage au nom d'un collectif et j'essaie de remplacer les mots par des actions qui sont plus éloquentes et plus intelligentes parce qu'elles sont en mouvement avec d'autres gens. En revanche, quand je suis acteur, je choisis mes sujets : la lutte contre la violence faite aux femmes, le film de Xavier Durringer sur le terrorisme qui a reçu un Emmy Award…
Dans la chanson ; j'essaie d'être beaucoup plus sur l'humanité elle-même. Quand je chante Paris avec Souad Massi, j'offre un contrechamp à Paris chanté par une jeune Algérienne. Ma présence avec elle sur scène pour le Téléthon est plus forte que tous les discours. L'engagement ce n'est pas d'être un héros, un militant. D'ailleurs, les vrais héros sont des gens discrets.
Quel est le programme pour votre concert algérois ?
J'ai préparé une set-list adaptée à la formation piano-voix avec mon ami Alain Lanty avec qui je joue depuis 30 ans. Je reviendrai avec un orchestre mais, pour cette fois, c'est tout en piano-voix. Je lirai aussi des textes. Soit des textes que j'ai écrits, j'ai fait un recueil de poésie. J'avais écrit deux textes sur l'Algérie et mon père, sur Jean-Louis Trintignant, Tony Gatlif, Claude Chabrol…
Des gens que j'ai rencontrés, que j'ai connus. Sinon c'est surtout des chansons d'amour. Il y aura aussi des chansons légères parce que je crois que la légèreté est un médicament qui nous aide à vivre avec nos chagrins. Et puis on va faire le show, je me mets en costume, je ne vais pas y aller comme ça (rires). Le spectacle est quelque chose de plus grand que nous. Il faut être meilleur, un peu plus beau. Je vais me faire beau, autant que possible.
- Au-delà d'une image un peu lisse de chanteur populaire, on vous découvre des engagements et une histoire complexe. Un aspect que vous ne vouliez pas mettre en avant...
J'ai commencé très jeune et je me suis dit : «Si tu veux durer longtemps, il faut faire attention.» Si vous écoutez les 13 disques, l'histoire se poursuit d'un album à l'autre. J'écris toujours la même chanson, un peu plus loin et un peu plus profondément. Il y a Le Pont Mirabeau, il y a Paris, il y a C'est ça la France, il y a Je reviens à toi… Il y a aussi des duos et puis des chansons d'amour. Mais même les petites chansons anodines comme les Tournesols ou C'est la vie racontent des petites choses de ma banlieue, des vacances avec mes parents, des difficultés de fins de mois…
Mais je le fais avec pudeur et on ne se construit pas en trois jours. Aujourd'hui, on a une machine à faire des vedettes. C'est bien d'être connu mais c'est mieux d'être reconnu pour ses chansons. Et ça, ça prend du temps. Ce n'est pas de la prétention c'est de l'humilité. Remettre sa tête en jeu tous les jours… Quand les gens viennent de loin et qu'ils sont avant vous au théâtre ce sont des rapports très forts. Il m'est arrivé d'avoir des témoignages très émouvants.
Et puis le livre a apporté beaucoup de couleurs à mes chansons. C'est pas mal d'être reconnu un peu plus tard, de ne pas être dans les petits papiers de la presse, de tout ce monde qui a une carte et qui dit «ça c'est bien et ça c'est pas bien». ça me va d'être un peu lent. D'ailleurs, si c'était mon dernier jour, je préférerais qu'il passe lentement, plutôt que rapidement.


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