Il a plu, beaucoup ou un peu, c'est selon. En tous les cas, le dérèglement climatique tant rabâché par les télévisions étrangères semble être une bénédiction pour les pays défavorisés par les précipitations. Si les déserts reçoivent de l'eau, si les terres desséchées se mouillent, qu'importe que New York soit noyée sous les eaux, qu'en Angleterre, l'herbe ne soit plus aussi verte, ou qu'en Provence Côte d'Azur, on interdise de remplir les piscines ? Ce centrisme climatique qui veut que le temps ne soit pas bon que s'il n'est pas bon pour les pays développés est donc à observer avec une certaine méfiance. Il pleut donc au Sud, c'est bien pour l'instant. Dans le cas de l'Algérie pourtant, rien n'est vraiment réglé. Selon les derniers chiffres, les 57 barrages du pays ont reçu la moitié de leur livraison d'eau. Justement, les barrages sont-ils à moitié vides ou à moitié pleins ? Pour le ministère du secteur, ils sont à moitié pleins. Pour tous les assoiffés du pays, ils sont à moitié vides et le rythme des coupures n'ayant pas changé, on peut difficilement leur donner tort. Sauf qu'il faut bien avouer que ces dernières années, les pluies ont été relativement appréciables par rapport aux sécheresses dramatiques des années 1980, où les enfants étaient obligés de stocker l'eau dans leur bouche pour garder le maximum de ce précieux liquide. Même si les déperditions sont énormes, El Nino, du nom du phénomène de perturbation climatique, est devenu l'ami des pauvres. Le dérèglement ? On ne peut finalement que le souhaiter. Quand on vit dans un climat aride et aussi sec qu'un utérus d'octogénaire et désespérément stable dans l'aridité, on ne peut qu'espérer un dérèglement. Tout changement ne pourra être que bénéfique puisque rien n'est pire que cette sécheresse. Pour celle des hommes, c'est une autre histoire de temps qu'il fait. Là, il faudrait un cataclysme.
