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Affaire Achour Abderrahmane
L'homme qui protège des serviteurs corrompus
Publié dans El Watan le 07 - 04 - 2007

En détention provisoire depuis son extradition du Maroc, il y a quelques mois, Achour Abderrahmane, ce client de la BNA impliqué dans le détournement de 22 milliards de dinars par le biais de crédits sans garantie, le jeu de traites creuses et croisées, et de chèques de cavalerie, griefs examinés par la chambre d'accusation près la cour d'Alger, est également poursuivi pour quatre autres affaires de faux et usage de faux, escroquerie et détournement de terres agricoles.
Ainsi, le tribunal de Koléa que Achour connaissait assez bien, de par les relations qu'il entretenait avec certains magistrats (mutés par mesure disciplinaire après l'affaire du richissime importateur Laïd Berradi, arrêté par les services de sécurité). Devant le tribunal, Achour Abderrahmane devra répondre de plusieurs chefs d'inculpation. La première affaire concerne un faux et usage de faux sur un agrément délivré par le ministère de l'Habitat le 10 décembre 2000 à sa société, la Sarl National A+, classée catégorie 1, c'est-à-dire dont l'activité reste réservée uniquement à la réalisation de petits marchés tels que la construction de villas ou autres habitations ne dépassant pas le montant de 10 millions de dinars, du fait de ses capacités financières mais également matérielles. Or, la société a pu bénéficier de marchés importants auprès de nombreuses APC, dont Koléa, Douaouda, Bab El Oued, Cherchell et Bougara, pour la réalisation de type catégorie 3, sans avoir les moyens nécessaires et sans réunir les conditions édictées par la loi. En fait, il s'est avéré que le certificat de classement de la société, présenté dans le dossier de qualification de National A+, classant celle-ci à la catégorie 3, serait un faux. Ce document comporte les mêmes références, la même signature et les mêmes dates que le premier certificat classant National A+ à la catégorie 1. Alors que pour passer d'une catégorie à une autre, il faut au moins trois années d'activité et présenter des certificats de bonne finition de tous les marchés réalisés, sans compter la nécessité d'avoir les moyens matériels, humains et financiers plus importants. Cette situation a poussé les APC à se constituer partie civile et poursuivre le patron Abderrahmane Achour. La deuxième affaire, pour laquelle ce dernier sera jugé cette semaine, est celle liée à la société Sabrine, dans laquelle il est associé à son épouse et à un couple de ses amis, dont l'activité est l'emballage en carton. Au départ, c'est-à-dire en 1999, la société devait après participation financière des quatre associés, créer une usine d'emballage, avec comme gérant Achour Abderrahmane, de par ses connaissances dans le domaine, étant donné qu'il était dans l'activité du papier avant. Mais, deux ans plus tard, ses deux associés n'ont rien vu venir en dépit des dépenses énormes qu'ils ont effectuées. Au niveau de la banque, ces derniers ont pu avoir le relevé bancaire de la société qui fait état d'un flux de près de 260 millions de dinars, alors que le gérant nie avoir réalisé un quelconque bénéfice. Il finit par refuser de recevoir ses associés et dépose plainte contre l'un d'eux, mais ils sont innocentés par la justice en juin 2002. Ils déposent une requête auprès du tribunal de Koléa pour arracher leur droit de communiquer et d'avoir les informations sur leur société, mais celle-ci leur ait refusée. Une plainte est alors déposée pour abus de biens sociaux qui n'aboutira que trois ans plus tard, c'est-à-dire en juin 2005. Achour Abderrahmane est condamné par défaut à 3 ans de prison avec un mandat d'arrêt à l'audience. En fuite, il ne videra ce mandat d'arrêt qu'une fois extradé du Maroc. La troisième affaire que le tribunal jugera est celle liée à une plainte pour escroquerie déposée par un de ses associés et ami d'enfance qui lui reproche d'avoir détourné la somme de plus d'une centaine de millions de dinars. Achour est condamné par défaut à 2 ans de prison ferme avec mandat d'arrêt à l'audience. La quatrième affaire actuellement en instruction est celle liée à la dilapidation des terres agricoles. Achour Abderrahmane a détourné une exploitation agricole collective (EAC), le domaine Imekraz, d'une superficie de 39 hectares, situé à Koléa. Après avoir payé les usufruitiers et établi des actes administratifs sans aucune valeur juridique, du fait que la terre appartient au domaine public, Achour a entamé des constructions illicites sur le terrain. Poursuivi, il sera jugé au même titre que de nombreux autres industriels, hommes d'affaires, commerçants et personnalités impliqués dans le scandale du foncier agricole, par la justice.
Des relais très puissants
Il est important de signaler que ces affaires n'ont pu connaître leur épilogue qu'une fois Achour Abderrahmane ait pris la fuite vers le Maroc, après l'éclatement de l'affaire BNA, banque à laquelle il aurait causé un préjudice de plus de 22 milliards de dinars, affirment certains, et 32 milliards de dinars, précisent d'autres sources proches du dossier, en expliquant que les pertes occasionnées par le dossier Achour Abderrahmane n'ont pas encore été définitivement arrêtées. Durant le début des années 1980, Achour avait une petite boutique à la rue Benazouz, au centre de Koléa, de vente de caissettes pour gâteaux et de papier glacé. Très proche et ami de Laïd Berradi, avant de se lancer en 1999, il se retrouve à la tête de nombreuses sociétés, au moins une dizaine, et entre 2001 et 2005, il devient un client privilégié de la BNA et est à la tête d'un empire financier. Ses connaissances au sein de la justice, notamment au tribunal de Koléa, et des services de sécurité, particulièrement au sein des sûretés de wilaya d'Alger et de Tipaza, lui permettent une couverture solide au point où il a réussi à éviter non seulement les poursuites, mais également les arrestations. La cerise sur le gâteau a été sa fuite au Maroc, avec son passeport, alors que le mandat d'arrêt avait été lancé à son encontre. Mieux, Achour a réussi à avoir un document de la part de ses relais au sein de la police judiciaire qui le blanchit des griefs qui lui sont reprochés, et avec lequel il s'est défendu devant la justice marocaine. Ce document a été rédigé par les services de la police judiciaire de la sûreté de wilaya d'Alger vers la fin de l'année 2005, après une enquête demandée par la direction générale. Au tribunal de Koléa, Achour avait des relais très puissants au point de rejeter des plaintes contre lui, ou encore de condamner lourdement ses adversaires. Le cas le plus révélateur est cette affaire actuellement sur le bureau du ministre de la Justice. Le 21 décembre 2001, Achour Abderrahmane dépose plainte suivie d'une citation directe, auprès du doyen des juges du tribunal de Koléa, contre Jalal Salem, un de ses associés, pour menace de mort. Le 5 janvier 2002, le juge fixe la caution à 3000 DA, payée le jour-même par le plaignant. Première erreur. Les caisses des tribunaux ferment toutes à 11h 30. Achour ne pouvait s'acquitter de la caution le jour-même où elle est fixée par le juge. Le 3 février 2002, Achour confirme sa plainte, mais resitue la date des faits au 5 janvier 2002, soit 13 jours après la plainte. Erreur que le juge ne prend pas en considération et établit le procès-verbal de confirmation. Le 7 août 2002, le chauffeur de Achour est entendu comme témoin. Il prête serment (alors qu'il ne devait pas le faire du fait de sa relation de travail avec le plaignant), et affirme que les faits remontent au 5 février 2002. Il déclare qu'il était dans la voiture lorsqu'il a entendu du bruit. En sortant du véhicule, il a vu Jalal Salem menacer Achour, sans pour autant être capable de citer les mots utilisés ou l'endroit où a eu lieu l'incident. Une année plus tard, le 7 juillet 2003, le même témoin est entendu une seconde fois. Il révèle avoir entendu, le 5 janvier 2002, Lamali Abdelaziz, non concerné par la plainte, et Jalal Salem, menacer de mort Achour Abderrahmane, mais en se rappelant cette fois-ci du lieu, la route de Fouka, et de l'heure, après la prière du « dohr ». Le 14 avril 2003, le témoin est entendu par le juge une troisième fois, toujours sous serment. Il revient sur sa précédente déclaration, en affirmant que l'endroit où a eu lieu la menace de mort est le bureau de Achour, situé dans la zone industrielle de Oued Mazafran. Le 17 janvier 2004, le juge renvoie le dossier devant le tribunal pour menace de mort, en vertu de l'article 284 du code pénal qui énonce que cette menace doit être proférée par écrit, signée ou non signée, par photo, par des signes ou des symboles. Autre erreur. L'arrêt de renvoi devant le tribunal est rédigé à la main. Le 19 avril 2004, le tribunal de Koléa condamne par défaut Jalal Salim à deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt à l'audience. Il se présente pour vider son mandat d'arrêt vers le 20 juin 2004, mais au lieu de passer les 24 heures prévues par la loi en prison, il y restera une semaine, et ce n'est que le 28 juin qu'il sera jugé et condamné à six mois de prison avec sursis. Jalal conteste, et le 12 décembre 2004, la cour de Blida confirme la sentence en dépit des nombreuses violations de la procédure pénale. La victime présente un dossier complet au ministre de la Justice et attend depuis deux ans une enquête sur cette affaire.


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