Le dynamisme d'une seule personne peut parfois dépasser celui de toute une collectivité. A la tête d'une unité de fabrication d'agglomérés et d'une entreprise de réalisation en bâtiment, Mme Litamine Ouiza s'est imposée dans la localité de Sidi Naâmane comme une figure forçant le respect et l'admiration. Peu d'hommes se sont aventurés dans l'investissement dans cette région où plane encore un climat d'insécurité, et où les nouvelles de recrudescence ou d'alerte rythment la vie locale. La dame de Litama a été la première à implanter son unité d'agglomérés près du CW 224, reliant Sidi Naâmane à Tigzirt. Elle a, à présent, plusieurs concurrents dans le même secteur, mais il a fallu qu'elle défriche le terrain et qu'elle donne du courage et des idées à tous. La concurrence reste toutefois déloyale, souligne notre interlocutrice. Elle est la seule à pouvoir fournir une facture ou un bon de livraison, dit-elle. A l'origine, une simple microentreprise créée dans le cadre de l'Ansej (soutien à l'emploi des jeunes), en février 2001. Après plusieurs péripéties, et des crédits bancaires obtenus à l'arraché, l'entreprise a connu un essor et emploie actuellement une vingtaine d'ouvriers. La motivation de la promotrice est débordante, mais l'environnement ne suit pas. C'est plus une adversité que des conditions faites pour accompagner les investisseurs. La viabilisation des terrains pouvant recevoir des projets d'investissement est une défaillance quasi systématique. Le site de Litama est resté sans raccordement à l'énergie, à l'eau et à l'assainissement. Faire de sa propriété privée une zone d'activité est un projet que Mme Litamine a soumis aux responsables, mais le retour d'écoute est nul. « Nous mettons notre terrain à la disposition des promoteurs, les autorités pourront réaliser la viabilisation du site, en ramenant l'électricité et l'eau. Cela créera un pôle d'activité économique qui entraînera un développement pour toute la commune et créera des dizaines d'emplois », nous dit la chef d'entreprise. Son ambition n'est pas partagée par ceux qui ont la charge de mettre en œuvre les programmes de développement. Les opérateurs économiques sont abandonnés à leurs problèmes de réseau électrique ou d'eau, et les décideurs se contentent de distribuer aux demandeurs d'emplois les aides dégradantes du filet social.
