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André Rollin, la mémoire de l'iceberg
Publié dans El Watan le 10 - 05 - 2007

Les livres, pourrait-on hasarder, sont faits pour être lus au gré des lieux géographiques. Dans mon enfance, j'entendais souvent dire qu'untel de mon quartier était « monté » en France pour gagner sa vie et celle des siens.
Dans le cas d'André Rollin, auteur de La mémoire de l'iceberg, récit bien ramassé, plein de trouvailles poétiques, la « montée » se fait de Toulouse vers Paris, dans un but bien déterminé, et elle dure quarante ans, de 1965 à 2005. L'homme n'est-il pas égal à sa mémoire ? L'iceberg, que Rollin voit fondre petit à petit, ne disparaît pas pour autant de son horizon de narrateur. C'est un combat quelque peu étrange entre l'auteur et son passé parisien, si flou en dépit de certaines balises ça et là. Comme tout véritable écrivain qui veut changer le monde sans pouvoir le faire, il triomphe de son iceberg, car celui-ci a affaire à un Titanic qui sait louvoyer pour esquiver les dangers de la route maritime. Si Rollin déclare quelque part « avoir fait semblant durant quarante années », l'iceberg, entendez la mémoire, ne parvient pas à l'envoyer par les fonds. C'est donc le récit d'une conquête, celle de l'écriture qui s'échelonne sur quarante ans, l'auteur ne cessant de le répéter de bout en bout. Une langue haletante, parfois, volontairement hachurée, d'autres fois. L'encre de tous les impossibles ne cesse de s'égoutter, sournoisement, sur 163 pages. Souvent, un seul verbe fait la fête. Celui qui est monté à Paris voudrait se prouver qu'il est capable de mener le jeu jusqu'à la fin, et il le fait si bien, qu'à un moment, on est forcé de penser que ce Toulousain a bien compris que Paris ne s'offre pas uniquement par ses différentes portes physiques, mais aussi, par celle de l'écriture. Avant lui, Lautréamont, venu de Montévideo, a fait la même chose avec le monde de l'écriture, et tout particulièrement celui de Paris. Et même si Rollin ne le dit pas tout de go, on le devine au travers de ses pérégrinations dans le grand Paris, et dans les allusions qu'il fait aux politiciens, aux poètes et aux prosateurs, car il est avant tout un journaliste écrivain qui doit être à l'affût de tout. Peut-on dire que Rollin a créé, à son insu, une nouvelle forme d'expression littéraire ? Déjà, François Mauriac avait lancé un nouveau genre dans le paysage littéraire français avec ses « mémoires intérieures ». Il parle de lui, mais, à travers des livres qu'il n'a cessé de lire sa vie durant, car offrir son intimité au lecteur n'était pas le propre de Mauriac, et il le dit clairement. Rollin, lui, ne révèle qu'une infime partie de lui-même, mais à travers Paris, ses écrivains, ses politiciens, et, bien sûr, à travers son propre découragement qui n'en est pas un, mais une manière de redoubler de férocité face à la page blanche. C'est le soufi qui attend le coup entre les deux omoplates, mais un soufi européen jusqu'à la mœlle : « J'attendais le déclic pour partir vers un texte élaboré, structuré, éditable ». Et même s'il cherche à nous jouer des tours en déclarant que « c'est l'imposture d'une vie, de quarante années passées à faire semblant », on n'est pas près de le croire, pour la seule raison qui fait que nous avons un texte entre les mains. En effet, son texte, comme le dit si bien Chateaubriand, « fait trop penser aux vivants ». C'est le récit qui, en quelque sorte, dépasse le « nouveau roman », « où on ne dirait pas les choses, les histoires, les évènements. » La « montée » de Rollin à Paris, il faut le dire, est, en fait, une nouvelle forme d'expression littéraire. Ce n'est pas le récit classique mais une invitation à s'interroger sur ce qui n'existe pas. Ou, c'est plutôt, l'histoire d'un récit qui n'a pas encore vu le jour, sinon dans l'esprit de l'auteur lui-même. C'est une gageure que de mener son lecteur en barque sur 163 pages, bien ficelées, et c'en est une également pour l'auteur lui-même. Une question se pose : pourquoi André Rollin n'est-il pas resté dans sa Toulouse natale pour se lancer dans le monde de l'écriture, comme Jean Giono l'avait fait avant lui, à partir de sa Provence ? L'iceberg a fondu, l'iceberg est là !

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