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Lyon. La nuit éclaire le jour
La fusion des ici et des ailleurs
Publié dans El Watan le 24 - 05 - 2007

Les « je » se font et se défont pour se situer dans l'intime. Ils sont voix de comédiens et amasseurs de mots pour dire autrement le « nous » dans l'amphithéâtre de l'Opéra de Lyon empli de monde et d'écritures plurielles sur les histoires des « ici » proches et des « ailleurs » rapprochés.
Dans la partie spectacles, l'ouverture de la rencontre s'annonce en slam rassembleur, un concept culturel d'ouverture, « une nouvelle oralité rythmique » sensible à toutes et à tous, dans ses apports multiculturels, ses expressions esthétiques visibles et ses déclinaisons langagières. Hyphoslamsraoui, tel est le titre du croisement inédit entre le slameur Lee Harvey Asphalte (Mehdi Benachour, Lyon), un danseur hip-hop des Pokemon Crew et la chanteuse traditionnelle de sraoui, Fatma Hchaïchi. Doyenne des participants, désarmante dans son authenticité — à cappella en arabe dialectal — mais surtout dans son aisance à intégrer une expression artistique purement citadine issue des banlieues des grandes cités occidentales. Une session slam a été aussi donnée par Nawal Kherra, alias Brise de Nuit, Mohsen Zamouchi, alias Mouh Layali, tous deux de Sétif, et le précédent Lee Harvey avant de laisser place à La Tribu du Verbe de Lyon dans le spectacle Réxistances. Une communion parfaite entre Sétif la Haute et la ville des frères Lumière. Le public applaudit, en redemande, déchiffre les messages croisés dans une redécouverte de cette langue de l'art uni. La réciprocité veut dire ici partage et tout le monde adhère au lien qu'ont su tisser avec patience et lucidité les associations Gertrude, Chrysalide et les Compagnons de Nedjma. Maîtresse de cérémonie de « l'acte 3 » de cette rencontre Guillemette Grobon décline son spectacle Mon corps d'Algérie en une longue et superbe parabole sur les rapports multiformes qui la soudent à l'Algérie qu'elle aime à n'en plus pouvoir. Ses mots lus dans un cahier d'écolier parlent avec fougue et insistance de ses tours d'Algérie et de France, mais aussi de la force de l'amour pour pérenniser les passerelles du partage. En militante de l'humain, l'auteure et actrice joue sur une scène nue. La fluide danseuse, Sophie Tabakov, est là pour traverser les mots en gestes et mouvements. Deux écritures parallèles, deux souffles de femmes aptes à faire parler le sens. Arrive alors Toufik Mezaâche, le monologuiste de la cité de Aïn Fouara, dans son inénarrable La récréation du fou. Armé d'un balai, accessoire-interprète à part entière, le comédien-conteur déroule, avec beaucoup de talent et d'humour, la solitude de l'homme marginal, l'homme sans voix et sans grade au vécu sans relief, les coups de gueule et de cœur du pauvre et son immense envie de prendre part à la campagne de cueillette de l'espoir. Son personnage tangue entre deux univers antinomiques : d'un côté, le réel oppressif, traduit par un espace jonché de détritus et sombre jusqu'à l'étouffement ; de l'autre, les illusions-espérances portées par des défis renouvelés à chaque épreuve de la vie. La pièce L'errant des Compagnons de Nedjma de Sétif s'inscrit également sur le registre fantasmagorique de la recherche de soi. Les cinq personnages mis en scène par Samir Bensedira, à partir d'un texte en arabe algérien de Abdelatif Bounab, sont tous captifs d'un choix imposé, préexistant à leurs envies. La pièce est parfaitement rendue par des acteurs complices, à l'aise dans le mouvement. Le texte est coulant, à forte charge symbolique, et la mise en scène, libérée des rigidités « classiques ». Il y a de la verve et un plaisir évident à jouer dans cette troupe, talentueusement accompagnée par le luth de Mohamed Zami. Accompagné de Nicolas Duplot, Jean Yves Pick, écrivain, metteur en scène et professeur de théâtre, lira ses textes, pour retourner encore une fois du côté des parts cachées de l'humain. Sa France d'aujourd'hui est convoquée, mise en partie à l'index pour lui rappeler, par mots ciselés et caustiques, son désaccord sur les ségrégations entretenues à l'égard de « l'étranger ». Egal à lui-même, avec un talent de conteur, il séduira la salle. Le cinéma n'a pas été en reste. Les courts-métrages de fiction, réalisés par des membres de Chrysalide, ont incarné ici l'avènement d'une nouvelle génération de cinéastes en Algérie. Petit-déjeuner de Karim Moussaoui montre le réveil d'un couple et souligne le désespoir de la femme avec un sens aigu du cadrage et du montage. Une petite performance qui a ravi les spectateurs par la concentration de son expression. Ce qu'il faut faire, au scénario plus complexe, a confirmé le talent du même réalisateur et sa capacité à diriger des comédiens et à créer un univers où la réalité le dispute à l'étrange. Pour sa part, Hassen Ferhani, avec Les Baies d'Alger, s'est aussi attiré les faveurs du public en lui offrant un kaléidoscope existentiel de la capitale et en les plongeant dans un tourbillon de scènes « volées » à travers les fenêtres. « Une véritable leçon sur le hors-champ », selon Mokhtar El Gourari qui enseigne le cinéma à Lyon. La théâtrale Rêve et vol d'oiseau écrite et mise en scène par Hajar Bali de l'association Chrysalide d'Alger, jouée dans la langue de Molière, prend prétexte d'une famille algérienne, apparemment ordinaire, pour exprimer la difficulté de se réaliser au sein d'un monde acquis à l'infantilisation de l'homme et à tout ce qui le rend impersonnel, interchangeable, identifiable à son comportement immédiat et aux formatages. Les personnages, mis en situation de conflit, ont tous quelque chose à se reprocher, à la fois définissable et indéfinissable. Tous petits et surtout pathétiquement humains dans leur insignifiance ou encore leurs options pour faire barrage à l'unité de destin. Les protagonistes bougent peu, ne parlent que pour s'échanger des reproches, ne s'interpellent que pour mieux s'ignorer. L'atmosphère est lourde, comme leur condition d'êtres bridés. On suffoque. Contrairement à la pièce L'errant, où le jeu est collectivement assumé dans une prodigieuse et insoluble question de la mort et de l'éternité (le théâtre de Kateb Yacine n'est pas loin), dans Rêve et vol d'oiseau, on fonctionne à l'économie dans le déplacement de l'acteur. Les individus sont carrément brisés. Tout est dans le huis clos, le fractionnement, l'incommunicabilité. L'appartement à l'intérieur duquel se déroule l'action est un lieu de toutes les frustrations. La fusion a opéré comme ce fut le cas d'ailleurs pour l'ensemble des spectacles joués dans un espace transformé en une semaine en un fabuleux lieu de rassemblement des hommes du cœur, les artistes de toutes confessions esthétiques des « ici » et des « ailleurs ».

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