Ouvrez grands les yeux. Le dernier opus de Chawki Amari paru aux Casbah éditions n'est pas seulement un livre dont on regrette la mise en forme bâclée. Vous aurez un pare-brise panoramique collé au nez avec une envergure de vision superbement interalgérienne de 2,3 millions de kilomètres carrés de territoire et de ciel. Amari, géologue de formation, auteur de De bonnes nouvelles d'Algérie, Lunes impairs, Après-demain, et chroniqueur-journaliste à El Watan, vient de signer un mémorable carnet de route qui se déroule sur la légendaire RN1, étendue sur 2400 km de la côte de Bir Mourad Raïs à Alger jusqu'à In Guezzem aux abords du Niger en passant par le centre de gravité de l'Algérie au plateau du Tadmaït et le tropique du Cancer. La route nationale numéro 1, la plus longue artère routière du pays et qui « coupe l'Algérie dans sa longueur en parties égales Est-Ouest », est surtout une saga humaine. La RN1 relie les Algériens entre eux et entre leurs voisins du continent. Vu les prix exorbitants des lignes intérieures d'Air Algérie, c'est l'unique chance de rallier les siens, les chantiers du Sud ou les hôpitaux du Nord. Amari rend bien compte de cette belle histoire de liens humains et de barrages militaires que dessine le mythique tracé de la RN1. La route démarre en côte à Bir Mourad Raïs toute pompeuse – délirant passage sur la recherche au milieu d'un barrage policier et des fourrées printanières de la borne zéro – dévale ce magnifique continent qu'est l'Algérie à travers l'asphalte national et un récit en forme de poème géologique en hommage à la beauté d'une terre aussi diversifiée. Un livre de découvertes originales – et originelles – à mettre entre les mains des écoliers par exemple pour qu'ils renouent avec l'amour d'une terre si vaste et si riche, entre les mains de lecteurs de tout âge, afin de plonger dans la géographie passionnante et passionnée d'une contrée si mal aimée. Voyage de quatre jours que l'auteur raconte en compagnie du philosophe Kalim, en vaillante Atos, rebaptisée Taos, pour voir la fin du monde dans cette poussiéreuse piste qui taillade la petite ville de In Guezzam où doucement s'éteint la RN1 en attendant qu'elle ressuscite au sein du grand projet de la Transsaharienne de 5000 km Alger-Lagos. Parce que si l'Algérie est à 90% saharienne, elle est à 100% africaine. Nationale1, de Chawki Amari, Casbah éditions, 2007, 250 DA
