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Emploi, investissements et ressources humaines
Pour un plan Marshall contre le chômage
Publié dans El Watan le 04 - 06 - 2007

Je sais que je vais choquer plus d'un, aussi bien les initiés (les économistes) que les non initiés, mais je dirai que le chômage est le « problem number one » en Algérie. Beaucoup vont dire : et les autres problèmes (santé, logement, inflation, etc) ? Je persiste et je signe : le chômage est le problème le plus grave et le plus important de tous ces problèmes. Cependant, avant de parler de ce phénomène, de son impact et de sa solution, disons quelques mots sur la guerre des chiffres concernant l'ampleur de ce problème.
Il y a deux sortes de guerres concernant les chiffres sur le chômage. Une première guerre concerne les chiffres entre eux et la deuxième guerre a lieu entre les chiffres, quelle que soit leur source, et le terrain. S'agissant de la première, chacun sait que les chiffres sur le chômage diffèrent selon leurs sources et le degré d'optimisme ou de pessimisme de ces sources. Certaines sources officielles (ONS, CNES, et autres) avancent des chiffres entre 10 et 15 %. D'autres sources, individuelles ou internationales, mettent en avant des chiffres allant de 25 à 30 %. Qui croire ? En l'absence d'une base fiable de calcul (recensements et sondages réguliers), il est difficile de dire qui est dans le vrai ou le faux. Par ailleurs, certaines sources annoncent une diminution du chômage au cours de ces dernières années due, selon ces sources, aux investissements privés nationaux et étrangers réalisés dans le cadre des réformes économiques engagées depuis les années 80. D'autres sources, au contraire, considèrent que le chômage s'est accrû, non seulement en ce qui concerne le « chômage des bras » mais aussi le « chômage des cerveaux ». Selon cette deuxième source, l'augmentation du chômage a entraîné dans son sillage une augmentation de certains maux sociaux tels que vols, criminalité, « harragas », délinquance, suicides, prostitution, voire du terrorisme ainsi qu'une importante hémorragie de cerveaux vers les pays qui savent mieux les apprécier et utiliser. S'agissant de la guerre entre les chiffres officiels et le terrain, sans même faire d'études approfondies, on peut voir que les chiffres avancés par les deux types de sources sont loin de refléter la réalité. En effet, sur le terrain, on observe une tendance à l'accroissement et à l'amplification de tous les maux sociaux évoqués. Mais le phénomène le plus notable et le plus inquiétant est celui du chômage intellectuel. Les universités et les établissements publics d'enseignement supérieur « produisent » des diplômés un peu à la manière des anciens complexes industriels sans se soucier de ce que les diplômés vont devenir. Il n'est pas besoin de rappeler qu'un grand nombre d'intellectuels se tournent vers des métiers manuels qui renversement de l'échelle des valeurs oblige leur rapportent plus que leur « intelligence ». D'autres, bien sûr, quittent le pays pour de meilleurs cieux. Une troisième tendance constatée récemment est qu'une partie des intellectuels après avoir obtenu la licence ou le magistère vont se recycler dans les écoles privées (informatique, comptabilité, management, marketing, etc) dans l'espoir de donner plus de « contenu » à la formation qu'ils ont reçue des universités et de pouvoir trouver un débouché qui utilise de façon plus efficiente leurs compétences. Cette inadéquation entre les chiffres et le terrain n'est malheureusement pas prise au sérieux par beaucoup, à commencer par les politiques, pour qui ce phénomène est « résiduel », « normal », « marginal » et « cyclique » qui peut se résorber par le supposé « développement économique ». C'est, bien sûr, oublier que le développement n'est pas seulement une question de technologie mais aussi et surtout de ressources humaines qualifiées utilisées de façon efficiente.
Le chômage : the problem number one
Il est temps, en effet, de reconnaître que le chômage n'est pas un phénomène résiduel, mais un phénomène structurel et qu'il peut constituer la « bombe à retardement » qui peut exploser à n'importe quel moment et souvent au moment où on s'y attend le moins. En effet, un chômeur c'est-à-dire quelqu'un qui ne travaille pas ne peut pas subvenir à ses besoins personnels et familiaux de base : nourriture, logement, éducation, etc. Etant dans l'incapacité de satisfaire ces besoins, il ou elle devient la cible de plusieurs maux sociaux évoqués ci-dessus (vols, criminalité, drogue, voire terrorisme). Le chômeur devient, bien sûr, une charge pour l'Etat, c'est-à-dire, en dernier ressort, pour les travailleurs qui sont alors obligés de cotiser plus pour que les chômeurs puissent recevoir « l'assistance » dont ils ont besoin. Pour beaucoup, la solution du chômage réside dans la création de caisses d'assurance-chômage qui généralement fonctionnent grâce aux cotisations des travailleurs. Ces caisses ne peuvent jouer un rôle que dans le court terme pour permettre à une partie des chômeurs de se remettre sur les rails du travail. Ce système, « importé » de France, comme beaucoup d'autres et qui assiste le chômeur pendant tout le temps qu'il reste en chômage, c'est-à-dire souvent pour le restant de sa vie, n'est pas une solution radicale. Ce qu'il faut surtout créer, ce sont des services qui aident le chômeur à se remettre au travail, c'est-à-dire passer de l'état de consommateur à celui de producteur de biens et services. Dans ce contexte, on peut approuver la décision récente du gouvernement de créer des agences privées de l'emploi qui peuvent constituer les instruments de cette remise au travail des chômeurs. Ces agences contribueront sinon à résoudre, du moins à réduire l'inadéquation entre les chiffres et le terrain car elles connaîtront parfaitement les trois côtés du marché du travail : l'offre, la demande et les prix (les salaires) du marché. Cette mesure n'est cependant pas suffisante. Un véritable plan Marshall est indispensable pour affronter le phénomène du chômage. Jusque vers les années 80, l'Etat, à tous les niveaux, était le plus grand pourvoyeur d'emplois. Cependant, à partir des années 80, la capacité de création d'emplois de l'Etat a commencé à s'essouffler, notamment suite à l'abandon des grands projets planifiés dans les décennies 70 et 80. Il fallait donc penser à remplacer l'Etat dans cette tâche et élaborer un véritable plan stratégique de relance de l'emploi. Cette substitution peut et doit se faire à plusieurs niveaux. D'abord, il faut relancer le développement industriel. La stratégie industrielle qui a été élaborée ces derniers mois pourrait être un nouveau moteur de création d'emplois. Cette stratégie est basée sur la création de certains pôles spécialisés de croissance établis dans certaines régions. Il faut cependant s'assurer que cette stratégie ne connaisse pas le sort qu'a connu la stratégie des « industrializing industries » des années 60 qui est restée au stade des industries de biens de production et donc n'a jamais atteint le deuxième stade, celui de la production des biens de consommation, ce qui a donné lieu aux graves pénuries de cette période. Le deuxième volet qui doit maintenant être sérieusement pris en charge est celui du tourisme. Ce secteur, qui a été longtemps négligé pour des raisons essentiellement « politiques » (la peur de l'étranger), doit recevoir la part qui lui revient dans le développement national, car c'est une importante source de création d'emplois directs et indirects. On constate que, en dépit des discours politiques qui parlent de relancer ce secteur, le tourisme n'a pas encore connu un véritable « take off ». Certains vont bien sûr invoquer la question sécuritaire comme un obstacle au développement du secteur. La réponse est que le tourisme comprend deux facettes : la facette nationale et la facette internationale. Si cette dernière ne peut pas être relancée dans le court terme, on peut au moins développer le tourisme national. Le troisième volet qui doit aussi être inscrit dans ce plan est celui des investissements étrangers. A condition cependant que l'on parle d'investissements au sens étroit du terme, et non d'investissements de services et de « fast-food ». Ce qu'on remarque, en effet, c'est que « les fast-food investments » ont pris le pas sur les investissements productifs, ce qui a pour effet la création ces dernières années de ce qu'on pourrait appeler les « investissements d'importation ». Cette solution de facilité doit être abandonnée en faveur d'une politique d'investissements étrangers qui seraient conçus comme un complément et non un substitut aux investissements nationaux, publics et privés. « Last but not least », le quatrième volet à développer est celui de « l'entrepreneurship », c'est-à-dire de l'encouragement de la création de petites et moyennes entreprises. Beaucoup me rétorqueront qu'il y a déjà l'ANSEJ. Oui, mais il n'y a pas que les jeunes qui peuvent créer des entreprises. Les personnes plus âgées qui ont perdu leur emploi et pourquoi pas les retraités peuvent aussi, avec un système de stimulants réfléchis, créer des entreprises. Cela implique aussi une politique de formation dans le domaine de l'entreprenariat qui incluerait tous les aspects de la création d'entreprises (foncier, juridique, fiscal, financier, etc). Il faudrait, bien sûr, aussi que l'Etat fasse de l'ordre dans ce « labyrinthe de l'investissement » qui fait que, souvent, certains y entrent mais en sortent rarement. En effet, ces apprentis créateurs d'entreprises rencontrent des obstacles dans tous ces domaines et finissent souvent par se décourager et abandonner.
Conclusion
Le problème du chômage doit être considéré dans sa propre dimension. Il ne faut plus qu'il continue d'être considéré comme un « résidu », mais comme un problème à part entière, voire le problème numéro un. Pour cela il faut d'abord un système scientifique et permanent de mesure de ce phénomène. Une fois que la magnitude et le taux d'accroissement du chômage sont connus de façon précise, il faut travailler sur les quatre volets évoqués ci-dessus pour affronter ce problème et transformer ce passif (le chômage) en un actif (un créateur de richesses). Pour cela, il faut bien entendu une volonté politique d'attaquer le phénomène de front par l'élaboration et l'application d'un véritable plan Marshall contre ce phénomène.
L'auteur est Ph.D en économie, Master of Arts in African Literature, Professeur à l'INSIM-Béjaïa


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