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Le goual qui collecte les mémoires
Abdelkader Bendamèche (Chanteur, journaliste, parolier, conférencier, cadre supérieur)
Publié dans El Watan le 26 - 07 - 2007

« Le seul sport que j'ai pratiqué, c'est la marche à pied, quand je suivais les enterrements de mes amis sportifs. » Shaw
Enarque, animateur, journaliste parolier, chanteur, cadre supérieur, conférencier, décidément le personnage à l'apparence effacée est un touche-à-tout.
Et lorsque nous lui demandons quel est le costume qui lui va le mieux, il répond sans hésitation : « Tous ! » Car comme il aime à répéter : « Je n'accomplis à travers toutes ces tâches qu'une seule et unique mission : relever le défi de chercher à mettre en valeur un patrimoine culturel enfoui. » C'est que l'homme à horreur de l'oubli, de l'indifférence, du vide culturel et de la médiocrité. Abdelkader Bendamèche a un petit côté casse-cou. C'est le prototype même de l'antivedette. A l'image et au superficiel, il préfère le travail et l'humilité. On peut le soupçonner de courir derrière une flopée d'objectifs sauf de courir derrière la notoriété. « Il aurait pu se contenter d'une carrière de diplomate ou de grand commis de l'Etat, sans s'exposer aux tracas quotidiens », spécule un de ses amis. C'est que ce passionné de culture est engagé dans un parcours du combattant à vocation intellectuelle où le souci de se rendre utile aux autres est omniprésent. Au commencement, il y a le verbe déclamé, fleuri et ciselé comme un poème. « Ce fonds du patrimoine coule dans mes veines. Il émane d'une tradition bien ancrée dans la famille. Ajoutez-y les grands maîtres, le monde mystique, les zaouïas. Tous ces facteurs conjugués ont façonné ma personnalité sans oublier l'influence familiale ». Et quelle influence ! Une grand-mère maternelle Cheikha Dahmana, une grande diva dont la réputation a dépassé les frontières régionales et qui se trouve être une descendante du marabout Sidi Belkacem. Un saint vénéré, inhumé en ces terres et dont le mausolée est régulièrement visité.
Une ambiance propice
« C'est dans ce contexte et cette ambiance que je suis né. Il faut dire que du côté de mon père Miloud, j'ai également de quoi tenir avec une de ses cousines Daâmacha qui faisait danser les mots. Je me suis donc abreuvé à ces deux grandes mamelles. Il était naturel que j'en hérite avec des prédispositions naturelles et une volonté de perpétuer le message. » Les années n'ont pas effacé le poids des silences. Et l'enfance ne semble jamais avoir vraiment quitté ce natif de Mazagran, qui garde en lui la mémoire des gestes et des voix d'autrefois, des détails du quotidien. De cette Oranie des plaines, si bien décrite par El Boudali Safir qui y voyait le royaume des gouals. Ces fiers diseurs qui chantent en se faisant accompagner par la guesba et le gallal des légendes et des contes. Qui rappellent, au souvenir des récits de guerriers de temps glorieux, des couplets d'amour avec une sorte de virilité dans l'intonation à la fois rugueuse et altière rythmés par les chevauchées foudroyantes de fougueux cavaliers. Cheikh Hamada Djillali Aïn Tadeles et les autres se sont fait un devoir de restituer ce patrimoine lyrique, qu'Abdelkader adolescent fasciné a vite fait de s'approprier. Les moments euphoriques de l'indépendance ont aussi marqué le futur artiste qui y a vécu les événements heureux dans le vieux quartier de Tijdit, berceau d'hommes illustres comme Kaki, Bouadjadj Bouabdalah, fondateur du théâtre amateur et bien d'autres. Et puis, il y a eu le scoutisme qu'Abdelkader a côtoyé dès son retour à son village natal au sein du groupe El Mahboub, dirigé alors par Hamza Bendacha.Le Festival du théâtre amateur en 1967 a été le point d'orgue pour notre jeune artiste. Un peu comme le mur qu'on escalade pour voir de l'autre côté du décor. « J'ai participé avec une pièce de Molière. Je ne me suis pas mal débrouillé, se souvient-il en évoquant le foisonnement culturel de l'époque. J'ai participé à deux orchestres modernes et chaâbi sous la conduite de M. Harrag Benmessahel. Je jouais de l'accordéon et de la percussion. ». Mais le véritable oral, il le passera à Oran lors de l'émission de Blaoui Houari « Rokn El Houat ». « J'ai tenté ma chance avec une chanson du patrimoine. J'ai eu le premier prix et la consécration suprême, révélé à la télévision qui m'avait permis de me faire connaître du grand public. Quelques mois après j'y retourne et j'obtiens un prix spécial. Le ton est donné, le reste n'était plus qu'une question de temps... » Auréolé de cette distinction, Abdelkader retourne à Mostaganem où il intègre l'orchestre chaâbi de cheikh Mostefa Bensalah. « Cela m'a permis d'apprendre à jouer des instruments, notamment l'accordéon que j'affectionnais. En prévision d'une émission TV, le groupe se préparait. Mais à l'approche de la date fatidique, le cheikh me fit savoir qu'on n'avait pas besoin de mes services. Dans le chaâbi, il n'y a pas d'accordéon, m'avait-il lancé, suscitant chez moi une frustration qui s'est vite transformée en colère. Mais comme j'étais obstiné, je me suis mis durant une semaine au mandole que j'ai réussi à maîtriser, en participant à la fameuse émission. Le cheikh en était tout retourné, je l'ai défié en lui disant : « Un jour, je prendrais ta place ! » Depuis il n'a plus chanté. C'est vous dire que j'aime les défis. » En août 1968, il anime un mariage clef de voûte d'une carrière qui allait s'étaler sur 10 ans. Tout en étudiant au CFA d'Oran, il entre à El Andaloussia de Tlemcen, un groupe avec lequel il décrocha une place de finaliste au 1er Festival de musique andalouse. M. Bouzidi qui l'avait aidé, le sollicite pour créer une association, la première à Mostaganem qui s'appellera Nadi El Hilal El Takafi renforcé par l'apport inestimable de Benkizi Moulay, ancien d'El Mossilia qui était rentré définitivement à Mosta. Puis, ce fut une succession de moments festifs qui n'empêcheront pas notre jeunot de réfléchir déjà à rassembler les archives éparpillées. Le fait de côtoyer des monstres sacrés de la chanson renforcera son désir de perfection en mettant la barre toujours plus haut. Mais dans son parcours, il y a des dates qui marquent comme par exemple le vendredi 28 novembre 1969. Que s'est-il passé ? Il s'est passé qu'il s'est produit à la salle Atlas en première partie de Hadj Mahfoud et Fadéla Dziria. Un souvenir imperissable pour un jeune adolescent ébloui par les feux de la rampe. « Celui qui m'a aidé à venir à Alger avec une tenue traditionnelle est le Cheikh Mahdi ..., le père de Khaled l'actuel chef de la zaouia El Alaouia. » Cette intrusion dans le monde magique de la chanson ne fera pas oublier à notre artiste son côté miroir aux alouettes, et ses lendemains qui déchantent car quoi qu'on dise, le métier ne nourrit pas son bonhomme. Alors, poursuivant ses études, Abdelkader redouble d'efforts au centre de formation administrative. Il est muté à Chlef où il restera jusqu'à 1972, date à laquelle il est appelé sous les drapeaux à Sidi Bel Abbès.
Un monde magique
A sa sortie du service national, il éprouve visiblement un sentiment de frustration dans l'anonymat bureaucratique de la haute Fonction publique. Mais comment résoudre la quadrature du cercle ? Après sa formation d'attaché d'administration et son affectation à la wilaya de Mosta, il s'attaque à la capacité de droit ,puis intègre l'ENA « un rêve qui s'est concrétisé. J'étais convaincu que la réussite était programmée ». En 1982, il est administrateur civil principal et choisit le ministère de la Culture « car c'était ma vocation ». Mais, la culture semble être le dernier souci des décideurs. La liste des thèmes proposés pour le mémoire de fin d'études n'incluait pas la culture où « j'avais proposé l'action culturelle de l'Etat ». Refus catégorique car « ce sujet ne figurait pas dans la nomenclature, m'avait-t-on rétorqué. Heureusement, il y avait un professeur et homme politique Ahmed Taleb Ibrahimi qui avait bataillé avec la direction de l'école pour accepter ce thème. On a fait une exception pour moi et j'ai obtenu une bonne note. » « Au ministère, j'ai donné le meilleur de moi-même dans tous les secteurs. J'ai eu des tracas mais j'ai su rebondir à chaque fois. J'ai été directeur de la production à l'ENTV qui avait besoin d'un fil conducteur réel. J'ai trouvé qu'on ne pouvait pas faire grand-chose alors j'ai claqué la porte en 2000. Cela dit, la télé m'a permis de voir l'autre côté de la société. C'est extrêmement important. » « Je suis retourné au ministère jusqu'en 2003 où j'ai pris ma retraite. Cela m'a permis d'écrire des livres. » En 2006, il est sollicité par la ministre pour la prise en charge du Festival national de la chanson chaâbie. « On est pratiquement parti de rien. J'ai calqué la même démarche de 1969 et ça a marché. Pourtant c'était difficile au départ, car avec ce genre musical, ce n'était pas évident. La réalité nous a démentis puisqu'on a déniché des foyers de chaâbi à travers le pays, parfois dans des régions insoupçonnées. On a découvert des talents dont 37 finalistes tout aussi talentueux les uns que les autres. Pour le renouvellement et la perpétuation de ce style musical, on ne pouvait espérer mieux. D'autant qu'on a tiré des dividendes tant au plan pédagogique que culturel. »
Sauver le patrimoine
« A vrai dire, on n'a pas beaucoup travaillé dans la mémoire et l'Etat n'a pas mis les moyens attendus. En 1959, en pleine guerre, le FLN avait pu enregistrer. Pourquoi pas maintenant ? » Abdelkader insistera beaucoup sur cette lacune. C'est peut-être pour cette raison qu'il a pris à cœur de concevoir des coffrets magnifiques contenant les œuvres des principaux maîtres de la chanson algérienne dans sa diversité, El Anka, Guerrouabi, Ahmed Wahbi, Fadéla Dziria… De véritables trésors accompagnés de textes chantés par les maîtres ! Une véritable gageure. Dans sa modestie, M. Abdelkader estime qu'il y a des actions qui se font pour éviter les déperditions et l'oubli. « Des pans du patrimoine sont en train d'être récupérés. On fait le maximum en fonction des moyens qu'on arrache à l'Etat. Mais n'oublions pas que notre pays a traversé une période très difficile où l'action culturelle était absente pour ne pas dire proscrite. Il y a un vide immense qu'on ne peut combler du jour au lendemain. » Alger capitale de la Culture arabe, qui a donné lieu à bien des controverses, pourra-t-elle insuffler la dynamique attendue ? « Mon apport intervient en mettant l'artiste au service et au contact de la population, de son public. Il y a réellement une dynamique avec les nombreuses tournées programmées. » Et que fera Abdelkader après le baisser 20de rideau de cette manifestation ? « Ma mission de collecteur de mémoire continue. Ne dit-on pas que la culture, c'est ce qui reste lorsqu'on a tout oublié. »
Parcours
Il est né le 26 septembre 1949 à Mazagran dans la wilaya de Mostaganem. Diplômé de l'Ecole nationale d'administration, il est cadre supérieur au ministère de la Culture durant de longues années. Membre du Conseil national économique et social, professeur du patrimoine culturel, il est aussi producteur d'émissions de télévision. Il a été président du Conseil national de la musique et commissaire général du Festival national de la chanson chaâbie, dont il a été le principal initiateur. Chanteur chaâbi, Abdelkader a, à son actif, plusieurs ouvrages consacrés principalement au patrimoine comme Les grandes figures de l'art musical en Algérie, L'œuvre réunie d'El Boudali Safir, Histoire de Mostaganem, La troupe artistique du FLN (1958-1962), Constantine (2005) ou encore Mahboub Bati l'artiste et la légende (2006). Est à l'origine des coffrets consacrés aux maîtres de la chanson algérienne et qui contiennent, en CD, les principales œuvres d'El Anka, Guerouabi, Ahmed Wahbi et les autres…


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