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L'Iran, un pays aussi ancien que l'histoire
Attachés à la modernité, les Perses ne craignent pas l'avenir
Publié dans El Watan le 11 - 08 - 2007

Un voyage en Iran est une nage à contre-courant des clichés : si la République Islamique affiche son austère régime religieux qui se décline notamment bien dans la censure des médias et d'internet, on y découvre également des Iraniens qui font du shopping, des couples qui se tiennent la main et quelques audacieuses et brèves apparitions de coquetterie ainsi qu'une vraie dynamique de création, comme le cinéma.
Téhéran et Qom (Iran). De notre envoyé spécial
Le génie d'une nation réside parfois dans un slogan. Les Indiens ont fasciné avec leur célèbre « Incredible India » (surprenante Inde). Les Iraniens, leurs voisins, ont fait mieux pour vanter leurs charmes touristiques : « L'Iran est plus ancien que l'histoire. » Ce n'est pas un mensonge. L'Iran existe depuis au moins 2000 ans avant Jésus-Christ. Aryens, Mèdes, Perses, Achéménides. Sassanides, Safavides, Qadjars se sont succédé pour fortifier une civilisation plus ancienne que celle des Grecs ou celle de l'empire romain. La fameuse route de la soie, qui s'étalait jusqu'en Chine, passait par les terres perses. Dans l'antiquité, Alexandre le Grand était étonné de découvrir une nation raffinée et évoluée lorsqu'il était entré avec son armée en conquérant. « Aristote m'a pourtant dit que les Perses étaient des barbares », lançait-il à ses troupes. Le philosophe Aristote, disciple de Platon et qui fut le maître d'Alexandre le Macédonien, était-il un propagandiste avant l‘heure ? Cet esprit, d'une manière ou d'une autre, a survécu à l'épreuve du temps. L'idée farfelue du « choc des civilisations » n'est pas née par hasard. C'est donc avec un paquet de questions sur cet Iran « obscur » qu'on débarque à l'aéroport de l'imam Khomeiny, à 35 km de Téhéran, aux aurores et après huit heures de vol à partir d'Alger en passant par Doha, au Qatar. L'appel à la prière d'el fedjr est diffusé par les haut-parleurs dans une aérogare nouvellement ouverte. La République islamique, au pouvoir depuis 1979, a ses règles : l'adhan est partout diffusé, dans les usines comme dans les administrations. Par tradition chiite, les Iraniens regroupent les prières d'el dohr et d'el assr et celles d'el maghrib avec el îcha. « Mais ce n'est pas obligatoire. On peut faire les cinq prières séparées », nous explique-t-on. La nuit enveloppe toujours l'autoroute à péage qui mène vers la capitale, située plus au nord. A droite, à un jet de pierre de Téhéran, surgissent quatre hauts minarets illuminés aux couleurs de l'or et du miel : c'est le mausolée de l'imam Rouhollah Mousavi Khomeiny, décédé en 1989. Ici, on vient de partout pour faire des prières à la mémoire du « guide suprême » de la Révolution islamique qui a renversé le régime du shah Mohammad Reza Pahlavi. Hommes et femmes sont séparés à l'entrée du mausolée. Autour d'un carré où dorment Khomeiny et son fils, des partisans du chef disparu lisent des textes, d'autres touchent le bois qui couvre les sépultures et d'autres encore paraissent débordés d'émotion. L'homme est vénéré à un point inimaginable. Dehors, dans le parking, des tentes sont dressées pour passer la nuit. Partout trône le portrait de l'imam Khomeiny côtoyant celui de Sayed Ali Khameney, son successeur. La plupart des responsables possèdent des photos des deux guides déposées sur leur bureau. Fait curieux : il n'existe aucun portait officiel du président de la République, Mahmoud Ahmadinejad, arrivé au pouvoir en 2005. Y compris au siège de la Présidence elle-même, à la rue Pasteur, en plein cœur de Téhéran. « C'est un ordre d'Ahmadinejad qui a refusé qu'on lui fasse des portraits », précise un responsable du ministère des Affaires étrangères. D'origine modeste, Mahmoud Ahmadinejad, 51 ans, fils de forgeron, n'aime pas trop « le culte de la personnalité », mais il a refusé de remettre en cause un ordre qui, d'une certaine manière, sacralise l'imam Khomeiny. Lorsque, une journée plus tard, il nous reçoit pour une interview, avec d'autres confrères, l'ex-maire de Téhéran est simplement habillé, ni cravate, ni costume, ni cheveux gominés. Son élégance est basique. Il entre dans une salle de la Présidence, où sont installées des caméras de la télévision publique, et salue tous les techniciens, comme s'il s'agissait de collègues de travail. Il est accompagné d'un jeune conseiller. Pas de trace de gardes du corps à la carrure impressionnante, comme on en voit ailleurs. Ennemi public « numéro 1 » des Etats-Unis et d'Israël, il est une cible éventuelle pour les tueurs de l'ombre. L'homme n'en a cure. Titulaire d'un doctorat en transport et urbanisme, Mahmoud Ahmadinejad, maire de Téhéran pendant deux ans au nom de son parti, Société islamique des ingénieurs, a marqué son passage dans cette mégalopole de douze millions d'habitants, capitale du pays depuis 1794.
Une ville verte
Située au pied du mont Elbourz, une chaîne qui s'étend jusqu'à la mer Caspienne au nord et dont le plus haut sommet culmine à 5670 m, Téhéran est une ville verte. C'est, entre autres, la marque du maire Ahmadinejad qui a donné ordre pour qu'on plante des arbres là où c'est possible et qu'on réhabilite les jardins publics. Les boulevards, rues et trottoirs de Téhéran, comme ceux d'Ispahan d'ailleurs, sont propres. Pas de trace de sachets noirs, de bouteilles en plastique ou de restes de journaux. En la matière, Téhéran n'a rien à envier aux mégalopoles européennes ou américaines. Darakeh, qui est un haut quartier touristique au nord de Téhéran, est l'exemple même de cette culture écologique. En harmonie avec la nature, des restaurants sont bâtis suivant des cours d'eau et des reliefs. Les platanes autant que les fleurs d'été donnent au lieu l'allure d'un tableau impressionniste. Ici, on peut manger du kabab (brochettes) de poulet ou de viande, apprécier une salade de noix, radis ou de rihane (une variété de verveine) ou déguster une soupe rouge aux légumes, assis sur un tapis ou sur une chaise. Ce jeudi, jour de repos hebdomadaire, des familles sont nombreuses à venir aux restaurants du Darakeh où la musique de l'eau qui coule donne de l'appétit. Plus bas, l'ancienne résidence d'été du shah Pahlavi est devenue un musée. On vient y découvrir l'incroyable faste dans lequel vivait Mohammad Reza (décédé en 1980) et son épouse Farah avant la chute brutale de 1979, après 38 ans de règne. Le shah, qui avait une attache particulière avec la France, avait ramené la plupart de ses meubles, style Louis XIV, de ce pays. Les Thaïlandais lui avaient offert des sculptures en ivoire, la reine Elisabeth II d'Angleterre un vase en porcelaine, les Chinois des bibelots en pierre de jade et en corail... Le vert, couleur officielle des Pahlavi, est partout : marbre, céramique, couvre-lits. La dynastie Qadjar, qui a précédé celle des Pahlavi, avait le rouge comme couleur emblème. Dans le drapeau iranien, il y a du vert, du rouge et du blanc. Dans la salle à manger du palais impérial (shah signifie empereur de Perse) s'étend un immense tapis de 145 m, probablement le plus grand d'Iran. Au bas de l'escalier du palais, planté au cœur d'un vaste jardin, des jeunes Iraniens discutent et s'amusent sur du gazon. D'autres prennent des photos souvenirs. Les jeunes filles, compte tenu des règles de la République islamique, sont obligées de porter des foulards. Règle valable pour toutes les étrangères en visite dans le pays. Cela n'empêche pas les Iraniennes de s'habiller à la mode ou laisser voir, parfois, des touffes de cheveux légèrement teintés. Jeans, baskets et tricot body, les jeunes garçons n'hésitent pas à se coiffer d'une manière branchée. Dans le parc Millat, autre lieu verdoyant où se tient une foire de charité, autour de la place Argentine, à Meidan (square en perse), Ferdowsi (célèbre poète épique) ou au boulevard Ouali Assr, les jeunes couples déambulent main dans la main. Ils s'arrêtent devant des vitrines de prêt-à-porter où les marques iraniennes côtoient des Lacoste ou Celio. A la galerie marchande Safavide, en face du parc Millat, de jeunes amoureux s'affairent à choisir de beaux foulards en satin et en soie à 3500 toumanes (les Iraniens appellent également leur monnaie Khomeiny à cause de la présence du portrait de l'imam sur les billets), soit un peu moins de 3 euros. D'autres jeunes circulent à bord de motocycles de fabrication locale, même tard dans la soirée. On n'hésite pas à se mettre à trois ou à quatre sur la même moto ! Des pères de famille se déplacent avec femme et enfants à bord de ces engins que les Iraniens semblent adorer. On circule sans casque de protection sans qu'aucun policier intervienne. Dans plusieurs quartiers, les salles de cinéma sont ouvertes le soir. Le film Nesf mal min, nesf mal (Moitié à moi, moitié à toi), qui met en vedette le célèbre acteur Mohamed Rezz Cherifi Yena, fait fureur dans le pays. D'imposantes affiches annoncent ce film, comme d'autres productions d'ailleurs. Cinq ans après sa découverte par les Occidentaux, le cinéma est apparu en Iran, vers 1900, grâce à Akkas Bashi, photographe du shah Mozaffaredin. Au même moment où l'industrie du film se développait aux Etats-Unis, l'Iran produisit son premier film parlant en 1932 : La fille Lor de Abdou El Hussein Sepanta. Le cinéma iranien, d'expression farsi ou kurde, a acquis une audience internationale grâce à la forte présence dans les festivals, notamment à Berlin et à Venise. Venise, où l'ambassadeur du cinéma iranien, Abbas Kiarostami, 67 ans, a eu le Lion d'or de la Mostra en 1999. Le cinéaste allemand Werner Herzog classe le cinéma iranien parmi le top mondial de l'expression artistique (poétique et néoréaliste). Mohamed Ali Husseini, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, est fier de dire que son pays est parmi les plus grands producteurs de cinéma au Moyen-Orient. L'Iran est surtout concurrencé par l'Inde et l'Egypte, à un degré moindre.
Lignes rouges
La production télévisuelle est également importante : les feuilletons, type soap opera ou novela, meublent plusieurs chaînes de télévision. Il n'existe pas encore de télévision privée en Iran. Le pays est arrosé par plus de 100 chaînes de télévision et de radios. Le groupe de l'Islamic Republic of Iran Broadcasting (Irib), qui emploie 30 000 salariés à 75% permanents, domine l'espace audiovisuel. « Nous faisons partie du système politique (...). Toutes les opinions qui acceptent le régime de la Révolution islamique sont les bienvenues et peuvent s'exprimer sur nos chaînes », indique Mohammad Honardoost, premier vice-président d'Irib. « On ne peut pas tout dire. Nous avons des lignes rouges. Nous ne pouvons pas aller contre l'intérêt national », concède M. Emami, rédacteur en chef d'Irinn, chaîne d'information continue en farsi. Cette chaîne, appelée également Channel 6 par les Iraniens, travaille déjà avec 20 correspondants à l'étranger. Press TV, qui émet en anglais, est une autre chaîne d'information, nouvellement créée. « Nous voulons exprimer, à travers cette chaîne, notre point de vue sur l'actualité mondiale. Nous voulons dire qu'il n'y a pas une seule lecture des faits », précise Mohammad Honardoost, assis derrière des écrans de contrôle. Il annonce que le pays va bientôt lancer un autre satellite pour renforcer sa présence sur la scène médiatique internationale. Al Alam, qui diffuse en arabe, complète le tableau avec Irinn et Press TV. Selon Hassan Abidanih, directeur des informations à Al Alam, la chaîne a été lancée après l'invasion américaine de l'Irak en 2003. « Nous voulions donner un autre regard sur l'actualité que celui de CNN », dit-il. Al Alam, qui émet sur cinq satellites dont Nilsat et Asiasat, a des bureaux régionaux à Baghdad et à Téhéran. Elle aspire à ouvrir un bureau au Maghreb, à l'image d'Al Jazeera, déjà présente à Rabat. Le Syrien Mahmoud Ramak, responsable des correspondants, ne cache pas la volonté de la chaîne d'avoir un bureau régional installé à Alger, sous réserve de l'accord des autorités algériennes, où Tewfik Tigrine est correspondant d'Al Alam. Une chaîne qui a, en tout, 40 correspondants à l'étranger. « Nous avons des liens culturels avec le monde arabe. Nous avons choisi d'émettre en arabe pour rapprocher les peuples et contrer les attaques sournoises contre les Arabes et les musulmans », explique Hassan Abidanih. L'enseignement de l'arabe est prévu dans la Constitution iranienne. A l'université d'Ispahan, on prépare des doctorats en langue arabe. Autant pour la langue arménienne à cause des liens historiques entre les deux communautés. D'après Mohammad Honardoost, l'Iran est « bombardé » par 18 000 chaînes de télévision de propagande de taille et de valeur différentes. « Nous devons contrer ces attaques », dit-il. Irib ne se contente pas de la télévision. Elle a lancé son propre journal, le quotidien généraliste Djam Djam. En Iran, les étudiants et les travailleurs ont leurs propres agences d'information. Elles alimentent en dépêches tous les médias. On peut voir facilement une grande photo de l'acteur américain Brad Pitt s'étaler sur la une de la presse magazine dans les kiosques à journaux de Téhéran. Les chaînes de télévision généralistes diffusent en américain, style Mission impossible avec Tom Cruise, sous-titré en perse ou carrément doublé. L'accès à internet est relativement libre. Pas de censure ou de contrôle. Mais les journaux sont souvent soumis à pression. Dernièrement, le journaliste Soheil Assefi a été arrêté par la police. Selon l'organisation française Reporters sans frontières, le nombre de journalistes et de cyberdissidents emprisonnés en Iran a atteint 11. « C'est la plus grande prison du Moyen-Orient pour les professionnels des médias », relève-t-elle dans un récent communiqué.


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